P-au-P, 23 avril 2024 [AlterPresse] --- Une forte augmentation du nombre de blessés exerce une pression énorme sur les quelques hôpitaux, qui fonctionnent dans la capitale haïtienne, Port-au-Prince, alors qu’ils manquent considérablement de fournitures médicales au milieu d’une recrudescence de la violence armée, constate le Comité international de la Croix Rouge (Cicr).
Certains établissements de santé dans les zones les plus touchées travaillent à flux tendu, en raison de l’augmentation du nombre de patientes et patients, et plusieurs autres ont été contraints de fermer leurs portes en raison de la criminalité, indique le Cicr dans une note transmise à AlterPresse.
« Il existe une grave pénurie de fournitures médicales, notamment de médicaments, d’équipements essentiels, de lits d’hôpitaux et de produits sanguins ».
Actuellement, l’unique hôpital public, qui fonctionne à Port-au-Prince, est l’Hôpital universitaire la Paix (Hup), situé dans la zone périphérique de Delmas et dirigé par le Dr. Paul Junior Fontilus.
Les blessés par balles affluent à l’Hôpital La Paix, alors que les activités de gangs armés s’intensifient dans toute la zone de Delmas, où il est situé.
Du 29 février au 15 avril 2024, l’établissement sanitaire a reçu environ 200 blessés par balles. L’hôpital est saturé présentement, en termes d’occupation de lits, avec des besoins énormes, rapporte le Cicr.
L’organisation annonce des mesures nécessaires pour répondre aux besoins urgents et améliorer l’accès de la population aux soins de santé et aux services humanitaires. Mais les entraves aux mouvements, dues à la criminalité, et les barrages routiers improvisés restent des obstacles majeurs à l’acheminement des fournitures médicales urgentes.
Le Cicr a récemment fourni des kits de pansements et chirurgicaux, des produits d’hygiène et d’entretien (Sanipit et Probiotique), accompagnés d’équipements de protection individuelle à des établissements de santé, parmi lesquels l’Hôpital universitaire la Paix, l’Hôpital Saint Camille, l’Hôpital Saint Luc et l’Hôpital Bernard Mevs.
C’est au prix d’énormes sacrifices que le personnel soignant arrive à rejoindre les centres de soins, pour contribuer à sauver la vie des Haïtiennes et Haïtiens, pris au piège des violences armées.
Plusieurs agentes et agents de santé ne peuvent pas se rendre sur leurs lieux de travail, laissant les hôpitaux fonctionnels en sous-effectif. Les patientes et patients, dont la vie est en danger, ne peuvent plus recevoir de soins d’urgence.
Entre-temps, dans de nombreuses communautés, l’accès à la nourriture, à l’eau et au carburant est coupé. Ce qui a un impact considérable sur les plus vulnérables et complique la situation.
Il s’agit là d’une crise humanitaire sans précédent, qui s’est aggravée depuis l’escalade des violences armées fin février 2024, souligne le Cicr.
De janvier à mars 2024, (un nombre de) 2,505 personnes ont été tuées et blessées, dans les violences liées aux gangs armés en Haiti, a dénombré le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), dans un rapport en date du vendredi 19 avril 2024.
Ces cas de meurtres et de blessures ont augmenté de plus de 53 % par rapport à la période allant d’octobre à décembre 2023. Ce qui signifie que les trois premiers mois de l’année 2024 représentent la période la plus violente depuis l’année 2022, relève le Binuh. [apr 23/04/2024 07:00]
Photo : archives Cicr