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Criminalité : Le calvaire sans fin de la paysannerie en Haïti, alerte la Pohdh

Artibonite (Haïti), 18 avril 2024 [AlterPresse] --- Depuis plus de quatre années, les groupes armés bloquent presque toutes les zones stratégiques qui ont beaucoup d’importance dans la production alimentaire en Haïti, relève la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh), à l’occasion de la journée internationale des luttes paysannes, le mercredi 17 avril 2024, dans une note transmise à l’agence AlterPresse.

Les paysannes et paysans continuent d’être lourdement victimes du climat de criminalité et de terreur instaurées depuis quelque temps par les gangs armés en Haïti.

Cette situation de violence constante ne cesse point d’affecter leurs activités agricoles à travers Haïti.

Dans diverses communes de la vallée de l’Artibonite, les paysannes et paysans sont forcés d’abandonner leurs jardins. Ils perdent leurs récoltes et n’arrivent pas à prendre soin de leur bétail convenablement, à cause du climat de violences et de terreur instauré par des bandits armés.

Beaucoup d’hommes armés volent le bétail des paysannes et paysans. Comme conséquence, la Vallée de l’Artibonite n’arrive pas à produire la quantité de riz, produit habituellement, ni à la distribuer au reste du pays au même rythme, déplore la Pohdh.

Il n’existe plus la libre circulation des denrées produites par les paysannes et paysans.

Les postes criminels de péages (droits de passage), installés par les bandits armés, induisent une augmentation de plus en plus élevée des prix des produits alimentaires, entraînant de graves conséquences sur le droit de la population de se nourrir de façon correcte, signale la Pohdh.

La situation de terreur et de criminalité, entretenue en toute impunité par les gangs armés, a entraîné des conséquences négatives sur la production agricole dans la Vallée de l’Artibonite, déplorait, en février 2024, l’ingénieur-agronome Jean André Victor, ancien directeur général de l’Organisme de développement de la Vallée de l’Artibonite (Odva), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

La production du riz est lourdement affectée par ces manoeuvres criminelles, qui affectent également la culture des produits maraîchers, de l’aubergine, du mirliton, des épinards, du lalo, des haricots, des poireaux, du persil, des oignons, des tubercules, de la patate, des tomates, des choux, des fruits à teneur en vitamine C.

Les paysannes et paysans, qui arrivent à cultiver leurs terres, ne peuvent pas aller écouler leurs produits les jours de marchés, durant lesquels les gangs armés viennent semer la terreur dans plusieurs zones, avait aussi alerté la Force de réflexion et d’action pour le logement et l’alimentation (Frakka).

Des actes de violences et de persécutions contre les paysannes et paysans

La Pohdh dénonce les actes de violence et les persécutions de toutes sortes, que continuent de subir les paysannes et paysans qui œuvrent dans divers départements géographiques en Haïti, notamment le Nord-Est, le Nord et le Sud.

Des paysans sont arrêtés sans aucun motif, uniquement parce qu’ils défendent et réclament des terres pour travailler, condamne-t-elle.

Plusieurs organisations de la société civile et paysannes ont continué de dénoncer l’accaparement des terres agricoles paysannes, dans le Nord et le Nord-Est d’Haïti, ’dans une déclaration conjointe, rendue publique à l’issue d’un forum national tenu, les 8 et 9 juin 2023, à Prévoyance, à Ouanaminthe (Nord-Est), et transmise à AlterPresse.

Ces organisations ont critiqué une mainmise sur les terres paysannes, mais aussi des manœuvres visant à déposséder les paysannes et paysans de leurs terres, afin d’établir des zones franches, d’exploiter les mines et mettre en œuvre des projets touristiques.

La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains encourage toutes les initiatives des organisations paysannes, visant à défendre leurs droits et inciter l’État à agir en leur faveur.

Elle se dit prête à accompagner, par-devant la justice, les paysannes et paysans victimes d’arrestations illégales, tout en les incitant à continuer à se battre pour récupérer leurs terres et combattre la politique qui voudrait les chasser sur leurs terres, capables de produire à manger.

Quand l’État encadre les paysannes et paysans, il booste la production locale, permettant à Haïti d’être autonome sur le plan alimentaire, avance la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains. [mff emb rc apr 19/04/2024 11:10]