P-au-P, 18 avril 2024 [AlterPresse] --- Dans le contexte de la nomination du Conseil présidentiel de transition, où il est représenté, malgré une démarche préalable du gouvernement de facto, le secteur privé des affaires [1] sollicite le déploiement « dans un délai relativement court » de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, dans une correspondance en date du 15 avril 2024, adressée au président du Kenya, William Ruto, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Dans la soirée du mardi 16 avril 2024, le gouvernement de facto a publié, de manière formelle, l’arrêté reproduit de nomination des 9 membres du Conseil présidentiel de transition, issus de divers secteurs et partis politiques, à travers le compte X du bureau du premier ministre de facto, à l’issue de plus de 24 heures de confusion autour de cette nomination.
Pour justifier leur demande, les associations patronales haïtiennes d’affaires mettent en avant le manque de ressources humaines et matérielles adéquates des forces de sécurité haïtiennes, « pour entreprendre la tâche ardue de rétablir immédiatement la sécurité, afin de permettre au gouvernement de transition de mettre en œuvre sa feuille de route ».
Sans évoquer quelle expérience détiendraient les forces kenyanes, les associations haïtiennes d’affaires déclarent estimer crucial le leadership du Kenya « pour aider les forces de sécurité d’Haïti à vaincre les gangs, à sécuriser les infrastructures critiques et à aider à la préparation et à la mise en œuvre initiale d’un plan de sécurité nationale, y compris la mise en place d’un Conseil de sécurité nationale ».
Ces associations patronales d’affaires se disent « extrêmement préoccupées par le retard malheureux » dans le déploiement de la Mmas, plus de six mois après l’adoption, le lundi 2 octobre 2023, de la résolution 2699 y relative.
Le déploiement de cette force a été autorisé par le Conseil de sécurité des Nations unies le 2 octobre 2023, après une demande d’assistance robuste, formulée le 7 octobre 2022 par le gouvernement de facto en faveur de la Police nationale d’Haïti (Pnh) dans la lutte contre les gangs armés.
Lors d’une rencontre le jeudi 11 avril 2024, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, et son homologue français, Gabriel Attal ont appelé au déploiement rapide de la Mmas en Haïti pour aider la Police nationale d’Haïti (Pnh) à combattre la criminalité organisée.
Le gouvernement du Kenya avait décidé de suspendre l’envoi prévu de policiers kenyans en Haïti, dans le cadre de cette mission en Haïti, selon un haut responsable du Ministère kényan des affaires étrangères.
Pour justifier cette suspension provisoire, le gouvernement du Kenya a pointé un changement radical, à la suite de l’effondrement complet de l’ordre public et de la démission, le lundi 11 mars 2024, du premier ministre de facto Ariel Henry.
Depuis le mardi 5 mars 2024, Ariel Henry se retrouve bloqué à Porto Rico.
« La stabilité, que l’aide dirigée par le Kenya contribuera à atteindre, permettra à l’économie haïtienne paralysée d’années d’insécurité croissante et forcée de réduire ses effectifs à une fraction de sa capacité et de ses capacités installées, d’accélérer rapidement la production et l’emploi, pour s’assurer que tous les efforts de stabilisation sont soutenus avec une socio-économique fiable et stable,croissance et emploi », souhaitent ces associations patronales d’affaires en Haïti.
« La sécurité est une composante vitale du développement socio-économique d’un État. Il ne peut y avoir d’investissements significatifs sans sécurité », soulignent-elles, signalant combien la capitale d’Haïti ainsi que sa zone agricole la plus importante sont assiégées par des gangs bien armés, qui entravent la libre circulation des personnes et des marchandises dans les 10 départements géographiques en Haïti.
De janvier à mars 2024, les Nations unies ont recensé plus de 1,500 personnes tuées, alors que le Réseau national de défenses des droits humains (Rnddh) a pu dénombrer, pour la même période, au moins 208 morts, dont 13 policiers nationaux.
En un mois, du vendredi 8 mars au mardi 9 avril 2024, (un nombre de) 94,821 personnes ont fui la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, pour aller se réfugier dans les villes de provinces, selon les dernières données publiées, le vendredi 12 avril 2024, par l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
58% de ces personnes déplacées ont pris des moyens de transports en direction des départements du Grand Sud (Sud-Est, Sud, Grande Anse et Nippes / Sud-Ouest).
Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur d’Haïti s’élève à plus de 360 mille depuis l’année 2023. [emb rc apr 18/04/2024 11:48]
[1] Les associations patronales, signataires de la lettre adressée au président du Kenya, William Ruto, sont la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (Ccih), la Chambre de commerce et d’industrie de l’Ouest (Ccio), la Chambre américaine de commerce en Haïti (AmCham Haiti) et l’Association touristique d’Haïti (Ath).