Actualisation à 16:00
P-au-P, 11 avril 2024 [AlterPresse] --- Pendant que l’Organisation des Nations unies (Onu) a dénombré plus de 1,500 personnes tuées dans les violences des gangs armés de janvier deja mars 2024, le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) a pu documenter, pour la même période, seulement 208 personnes, dont 13 policiers nationaux, assassinées dans les violences armées en Haïti, indique le Rnddh dans un rapport en date du mercredi 10 avril 2024, transmis à l’agence en ligne AlterPresse.
Parmi ces victimes, 55 corps sans vie, dont celui d’un policier national, ont été découverts à Port-au-Prince, Delmas et à Pétionville.
Pour leur part, les Nations unies avaient indiqué que 1,554 personnes ont été tuées et 826 autres blessées, de janvier à 22 mars 2024.
Le 6 janvier 2024, sept (7) passagers.ères, montés à bord d’un voilier près du Village Alpha, entre Mariani et Gressier (à environ 29 km au sud de Port-au-Prince), ont été tués par des hommes armés opérant à Mariani, rapporte le Rnddh.
Le jour suivant, (7 janvier 2024), neuf (9) cadavres partiellement calcinés, dont celui de Brunel Rémy identifié par sa conjointe, ont été retrouvés sur un site de décharge à la rue Pierre Anselme, Delmas 19.
Le 1er février 2024, tôt dans la matinée, six (6) cadavres sont découverts dans les rues de Port-au-Prince, dont deux (2) à la rue Caroline, zone Christ Roi, et quatre (4), à la rue du Centre, au centre-ville de Port-au-Prince.
Le Rnddh décrit une situation générale très préoccupante des droits humains en Haïti.
« Des actes attentatoires aux vies et aux biens ainsi que des actes de violence ont été perpétrés à l’encontre de la population civile, livrée par les autorités étatiques aux bandits armés. De plus, le département de l’Ouest, qui a basculé dans le chaos à la fin du mois de février 2024, peine encore à se relever »
Les violences des gangs armés dans le pays ont déjà fait fuir des centaines de milliers de personnes. Beaucoup se sont réfugiées dans des sites.
De janvier à mars 2024, au moins soixante-sept (67) personnes ont été assassinées dans au moins cinq (5) attaques armées.
Les 25, 26 et 28 janvier 2024, plus de trente (30) personnes ont été assassinées dans une nouvelle guerre entre les hommes armés du Wharf de Jérémie et ceux de La Saline (à l’ouest, non loin du bord de mer de Port-au-Prince).
Au moins 158 personnes ont été blessées par balles, durant la période couvrant ce rapport.
De janvier à mars 2024, 64 femmes et filles ont subi des violences sexuelles. Elles ont été reçues par l’organisation féministe Nègès Mawon et le Rnddh.
Nombreuses parmi ces victimes ont été violées collectivement par des bandits armés, notamment lors d’attaques armées. D’autres ont été violées par leurs conjoints et par des proches.
Au moins 48 cas d’enlèvement, suivis de séquestration contre rançons, ont été aussi enregistrés.
83 institutions et/ou entreprises privées et publiques ont été attaquées, vandalisées et/ou incendiées à Port-au-Prince et dans les communes avoisinantes, dont 19 postes de police et 5 tribunaux de paix et un (1) tribunal de première instance, a recensé le Rnddh.
Au moins 13 postes criminels de péage en Haïti
Au moins treize (13) postes criminels de péage (paiement de droits de passage) ont été installés par les bandits armés, dont six (6) localisés dans les communes de Port-au-Prince et de Cité Soleil, et les sept (7) autres installés sur ou non loin des routes nationales 1,2,3, 5 et 8, a dénombré le rapport de janvier à mars 2024 du Rnddh.
Trois postes criminels de péage dans la commune de Port-au-Prince ont été installés à la rue Alerte (non loin du cimetière de Port-au-Prince), à Martissant et à Fontamara.
Trois postes criminels de péage ont été érigés dans la commune de Cité Soleil, à partir de la sortie du Terminal Varreux, principalement à Cité Soleil, La Saline et à Drouillard.
Sur la route nationale # 1 (au nord de Port-au-Prince), deux postes criminels de péage ont été installés, respectivement à Titanyen et entre Saint-Marc et Gonaïves.
Deux postes criminels de péage se trouvent sur la route nationale # 2, à Paloma, près du cimetière de Carrefour, et à Mariani.
Un poste criminel de péage est érigé sur la route nationale # 3, à Onaville, un sur la route nationale # 5, entre Gros Morne (département de l’Artibonite) et Port-de-Paix (Nord-Ouest) et un autre sur la route nationale # 8, à Calvaire, Croix-des-Bouquets.
Le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) recommande de rétablir les conditions adéquates de sécurité, en vue de permettre aux personnes déplacées par les actes de terreur et de criminalité de retourner chez elles.
Le Rnddh appelle à mettre en œuvre des programmes psycho-socio-économiques en faveur des victimes de la criminalité.
Il exige également le limogeage du directeur général ad intérim de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Frantz Elbé, pour incompétence caractérisée.
L’organisme de défense des droits humains demande de gérer les ressources de l’État, de manière à ce qu’elles ne continuent plus à alimenter les gangs armés en Haïti. [emb rc apr 11/04/2024 11:30]