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Haïti : A qui profite le déchaînement de violence contre un peuple pacifique, se demandent les universités

Note de protestation du Réseau National de l’Enseignement Supérieur Public Haïtien (ReNES), en date du 5 avril 2024, contre le vandalisme à Port-au-Prince et dans la zone métropolitaine

Document transmis à AlterPresse

1- Le Réseau National de l’Enseignement Supérieur Public Haïtien (ReNES) est à la fois consterné, préoccupé et indigné par le vandalisme, le pillage et l’incendie de nombreuses maisons et entreprises privées et publiques, d’institutions sanitaires, scolaires et universitaires et par les menaces quotidiennes et constantes de destruction qui planent sur la capitale haïtienne et toute la zone métropolitaine de Port au Prince.

2- En effet, nous assistons depuis quelques semaines - et cela ne s’arrête pas - à la mise à sac d’hôpitaux, dont l’hôpital de l’Université d’Etat d’Haïti (HUEH), de pharmacies et de dépôts de médicaments, d’écoles et de centres universitaires publics dont la Faculté d’Agronomie et de Médecine Vétérinaire (FAMV), la Faculté des Sciences (FDS), l’Ecole Normale Supérieure (ENS), l’Ecole Nationale des Arts (ENARTS), etc.

3- Des institutions républicaines, telles que la Banque Nationale de la République (BRH) et les Archives Nationales d’Haïti (ANH), ont été attaquées ; la Bibliothèque Nationale d’Haïti (BNH) a été pillée et vandalisée. L’Hôpital autres institutions privées qui servent la communauté haïtienne, contre vents et marées, depuis plusieurs décennies, comme l’Hôpital St François de Sales, le collège BIRD, l’Ecole des frères Nau, le Petit Séminaire Collège St Martial, pour ne citer que celles-là, sont déjà passées à tabac, pillées et vandalisées.

4- Des églises et autres lieux de culte ont été profanés et incendiés. Une centaine de maisons familiales, des dizaines de petits commerces et magasins, des garages et des dizaines de voitures ont été incendiés. On dénombre plus de 1500 personnes tuées durant les trois (3) premiers mois de cette année. Cette grave situation d’insécurité ne cesse de faire augmenter le nombre de déplacés internes chassés de leurs résidences, la fuite des cerveaux et le nombre de réfugiés politiques en quête d’une terre d’accueil.

5- La fermeture des ports et aéroports de la Capitale jointe à la quasi-impossibilité de transporter des produits de première nécessité au niveau des différents axes routiers du pays a occasionné une rareté croissante des biens qui a conduit à une hausse vertigineuse des prix aggravant les conditions déjà critiques de vulnérabilité de la majeure partie de la population haïtienne. Pourtant, dans le même temps, en dépit de la fermeture totale des voies maritimes, terrestres et aériennes, des cargaisons d’armes de guerre et de munitions en provenance de l’étranger continuent à affluer vers les bandes armées pour terroriser davantage cette population affamée et dépouillée.

6- A qui profite l’organisation de ce déchaînement de violence contre un peuple pacifique ?

7- Le ReNES interpelle l’opinion nationale et internationale sur cette volonté affirmée de mise à mort de l’intelligence haïtienne et cette entreprise malhonnête de destruction des vies, de biens collectifs et de propriétés privées. En effet, en Haïti, aujourd’hui, des centaines d’écoles et de lycées ne fonctionnent plus, et quelques centres universitaires qui résistent sont systématiquement menacés quand ils ne sont pas purement et simplement mis à sac.

8- Le Réseau National de l’Enseignement Supérieur Public Haïtien (ReNES), qui regroupe l’Université d’Etat d’Haïti (UEH) et les dix (10) Universités Publiques en Région (UPRs), s’alarme de ce plan macabre qui serait mis à exécution par des bandes lourdement armées pour l’extinction pure et simple de l’intelligence haïtienne et la destruction de toutes les ressources d’organisation et de reproduction sociétales de la nation haïtienne.

9- Le ReNES exprime sa solidarité avec toutes les victimes de ce cataclysme d’origine humaine. Il recommande à la Police Nationale d’Haïti (PNH) et aux Forces Armées d’Haïti (FADH) de redoubler d’efforts pour protéger et servir la population. Il invite en outre, le peuple haïtien à faire preuve de vigilance, d’union et de persévérance pour défendre la vie et combattre l’anarchie, le vandalisme et l’impunité.

10- Le ReNES exhorte, enfin, tous les membres des organisations politiques, économiques, scientifiques et religieuses, en Haïti, dans la diaspora haïtienne et au niveau international, qui ont opté de défendre les droits humains, à sortir de l’indifférence et de l’expectative, et à se mobiliser dans la solidarité pour contribuer à faire renaître la sécurité, la justice, le bien-être collectif, la démocratie, la réconciliation et la paix dans la république d’Haïti.

‘‘Non ! Ayiti Pap Peri !’’

‘‘Non ! Haïti ne Périra Pas !’’

Fait à Port-au-Prince, le 05 Avril 2024

Pour le Bureau Exécutif du ReNES :

Recteur Fritz DESHOMMES
Président

Recteur Yves VOLTAIRE
Vice-Président

Recteur Nahum LAFLEUR
Membre

Professeur Narcisse FIEVRE
Membre

Professeur Ronald JEAN-JACQUES
Membre

Photo : archives