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Crise : L’Oea pour une transition démocratique et un soutien immédiat aux forces de sécurité nationales en Haïti

P-au-P, 04 avril 2024 [AlterPresse] --- Le Conseil permanent de l’Organisation des États américains (Oea) a adopté une résolution, visant à supporter une transition démocratique en Haïti, lors d’une séance ordinaire tenue le mercredi 3 avril 2024, apprend l’agence en ligne AlterPresse.

Dans cette résolution, l’Oea encourage « les États membres et les observateurs permanents à envisager de fournir, au mieux de leurs capacités, un soutien immédiat et adéquat aux forces de sécurité haïtiennes pour instaurer des conditions de paix et de stabilité, en démantelant les bandes criminelles et en permettant l’acheminement urgent d’une aide humanitaire massive, le cas échéant ».

Elle salue également la décision de créer un Conseil présidentiel de transition, composé de représentants de divers groupes politiques, de la société civile et du secteur privé, chargé de superviser le processus de transition, d’assurer la continuité de la gouvernance et de collaborer avec les partenaires internationaux, notamment pour le déploiement accéléré de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti.

Suite à une demande, le 7 octobre 2022, du gouvernement de facto d’Ariel Henry, cette force internationale a été autorisée le lundi 2 octobre 2023, par une résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies, et confirmée par la résolution du Conseil permanent de l’Oea, pour aider la Police nationale d’Haïti à combattre les gangs armés, qui continuent de tuer, kidnapper et violer des citoyennes et citoyennes en Haïti.

Le gouvernement du Kenya a décidé de suspendre l’envoi prévu de policiers kenyans en Haïti, dans le cadre de cette mission, selon un haut responsable du Ministère kényan des affaires étrangères, cité par la presse internationale.

Korir Sing’oei, secrétaire général du Ministère kényan des affaires étrangères, évoque un changement radical, à la suite de l’effondrement complet de l’ordre public et de la démission du premier ministre de facto Ariel Henry.

« Sans administration politique en Haïti, il n’y a pas de point d’ancrage, sur lequel un déploiement de la police puisse reposer. Le gouvernement [kényan] attendra donc l’installation d’une nouvelle autorité constitutionnelle en Haïti, avant de prendre d’autres décisions sur la question » avait affirmé Korir Sing’oei, cité dans un article de l’Agence France-Presse (Afp).

L’Oea appelle à prendre des mesures pour promouvoir la stabilité, la paix, la sécurité et l’État de droit en Haïti, ainsi que pour la mise en œuvre de la résolution du Conseil de sécurité des Nations Unies et de la résolution du Comité des sanctions.

Elle invite aussi la communauté internationale, y compris les États membres et l’observateur permanent de l’Oea, « à continuer de soutenir Haïti dans sa transition démocratique, notamment par une aide financière, une expertise technique et des contributions à la mission ».

Actuellement, le Conseil des ministres du gouvernement de facto remplit le vide présidentiel et tient lieu de présidence lorsque les ministres se réunissent en conseil.

L’élection du président d’un Conseil présidentiel de transition devrait avoir lieu après l’installation de l’entité au palais présidentiel.

Des pressions internationales se seraient accentuées en vue de faire avancer le processus de transition.

Un accord politique a été mis au point entre les 7 secteurs représentés au Conseil présidentiel de transition et le document serait désormais disponible, a appris AlterPresse de source proche du processus.

Ce document d’une douzaine de pages, intitulé « Accord politique pour une transition pacifique et ordonnée », détermine les grandes lignes de la transition à mettre en œuvre dans les prochains 18 à 24 mois et fixe l’engagement des parties signataires.

Le Conseil permanent de l’Oea encourage le Conseil présidentiel de transition à travailler vers la nomination d’un premier ministre par intérim et d’un Conseil des ministres inclusif.

Il faut établir des critères de sélection pour un conseil électoral provisoire représentatif et impartial, afin que des élections législatives et présidentielles inclusives, libres, équitables et crédibles puissent être organisées dès que les conditions de sécurité dans le pays le permettent, estime le Conseil permanent de l’Oea.

Il réitère l’importance du soutien à toutes les parties prenantes haïtiennes, ainsi que du soutien du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), pour continuer à faciliter un processus politique, dirigé et appartenant aux Haïtiennes et Haïtiens, pour organiser des élections législatives et présidentielles.

L’oea souligne « la nécessité pour les États membres et les organisations internationales, compte tenu de l’évolution de la situation sécuritaire, de redoubler d’efforts pour promouvoir le développement institutionnel, social et économique d’Haïti, en particulier à long terme, afin d’atteindre et maintenir la stabilité et lutter contre la pauvreté ». [emb rc apr 04/04/2024 11:00]