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Crise : Haïti « ne peut plus attendre », dixit le Haut Commissariat des Nations unies aux droits humains

P-au-P, 02 avril 2024 [AlterPresse] --- « La population haïtienne ne peut plus attendre », face à l’escalade des violences armées, qui entrainent des conséquences dévastatrices sur sa vie, déclare, dans une vidéo, le haut commissaire des Nations unies aux droits humains, l’autrichien Volker Türk, à l’occasion de la 55e session du Conseil des droits humains, ce mardi 2 avril 2024, à Genève (Suisse), à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

Volker Turk appelle à prendre des mesures d’urgence visant à « rétablir un certain degré d’ordre public, afin d’éviter que la violence nuise davantage à la population et d’assurer l’accès à l’aide humanitaire vitale ».

« Toutes les mesures prises pour rétablir la sécurité doivent être pleinement conformes aux normes en matière de droits humains. Des corridors humanitaires doivent être mis en place, dès que possible ».

Volker Türk encourage toutes les parties prenantes nationales à placer fermement l’intérêt national au centre de leurs discussions actuelles, afin qu’un accord puisse être conclu, sans plus tarder, sur les dispositions relatives au gouvernement de transition.

Le Haut commissariat des Nations unies aux droits humains (Unhcr) exhorte les autorités de transition à s’efforcer de créer les conditions nécessaires à la tenue d’élections libres et équitables et à entamer également le processus de renforcement des institutions policières et judiciaires, afin de rétablir l’État de droit et, partant, de mettre fin à l’impunité.

Diverses franges dans la société haïtienne sont toujours à couteaux tirés dans la recherche d’une solution à la crise multidimensionnelle en Haïti, relève AlterPresse.

Le processus de mise en place d’un Conseil présidentiel de transition, composé de 9 membres issus de différents secteurs pour remplacer le gouvernement de facto démissionnaire, butte sur certains obstacles.

Sur demande d’ un conseil des ministres, dirigé par le premier ministre de facto démissionnaire Ariel Henry et tenu dans l’après-midi du 1er avril 2024, des juristes sont en train de finaliser un brouillon de décret portant création, organisation et fonctionnement du Conseil présidentiel intérimaire afin de le rendre conforme aux lois de la république.

Les membres du gouvernement se sont penchés sur « le meilleur moyen de créer le Conseil présidentiel intérimaire et d’effectuer la nomination de ses membres », indique un communiqué officiel, rendu public sur les réseaux sociaux en début de soirée du lundi 1er avril 2024.

Des sources proches du Conseil présidentiel craignent que des procédés dilatoires soient mis en œuvre par les tenants actuels du pouvoir de facto, qui ne semblent pas être préoccupés par la vague de violences armées dans le pays.

« ‘Tous les droits humains sont affectés », par les violences armées en Haïti, déplore le haut commissaire des Nations unies aux droits humains, soulignant une détérioration rapide, au cours des dernières semaines, de la situation, qui était déjà alarmante.

« L’ampleur des violations des droits humains est sans précédent dans l’histoire moderne d’Haïti. Il s’agit d’une catastrophe humanitaire pour un peuple déjà épuisé ».

Volker Türk fait état d’attaques incessantes et coordonnées, perpétrées par des bandes criminelles depuis la fin du mois de février 2024 contre des postes de police, des prisons, des infrastructures essentielles et d’autres installations publiques et privées en Haïti, en proie à un chaos total, qui a commencé par des troubles civils au début de l’année 2024.

« La protection des enfants doit être une priorité absolue, y compris les enfants recrutés par les bandes armées. Cela nécessitera des programmes de réintégration spécifiques, y compris un soutien psychosocial prolongé, ainsi qu’un accès garanti à une éducation et à des soins de santé de qualité ».

Il invite la communauté internationale à prendre des mesures plus strictes pour empêcher la fourniture, la vente, le détournement ou le transfert illicites vers Haïti d’armes légères, d’armes de petit calibre et de munitions.

Volker Türk signale une augmentation choquante des meurtres et des enlèvements, relevant une omniprésence de la violence sexuelle, en particulier à l’encontre des femmes et des jeunes filles.

1,434 personnes sont décédées et 797 autres ont été blessées dans les violences liées aux gangs à travers le pays, entre le 1er janvier et le 20 mars 2024.

Le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays s’élève à plus de 360 mille, selon l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).

Cette augmentation « s’accompagne d’un risque accru de violence sexuelle, car les individus se retrouvent loin de leurs zones de résidences et de leurs communautés », souligne le haut commissaire des Nations unies aux droits humains. [emb rc apr 02/04/2024 11:20]