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Haïti-Crise : Plusieurs organisations féministes dénoncent la responsabilité de la communauté internationale dans les violences des gangs

P-au-P, 27 mars 2024 [AlterPresse] --- Les organisations féministes Solidarite fanm ayisyèn (Sofa), Kay Fanm et Fondation Toya ainsi que la militante féministe indépendante Sabine Manigat pointent du doigt la responsabilité de la communauté internationale dans le déchaînement des dernières violences des gangs criminels en Haïti, dans une déclaration conjointe dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Elles condamnent les actions criminelles des gangs armés, qui attaquent les infrastructures stratégiques du pays (aéroports, ports, centrales électriques, établissements d’enseignement, hôpitaux, commissariats et stations de police, banques, boutiques et autres), assiègent la capitale et ses environs, menacent de déclencher « une guerre civile et un génocide » et réclament leur part du pouvoir ».

Ces organisations féministes ainsi que la militante féministe indépendante Sabine Manigat affirment se démarquer de tout discours, « qui voudrait transformer des actes criminels, publiquement revendiqués à maintes reprises par leurs auteurs, en soi-disant actions politiques révolutionnaires, afin de justifier une mesure d’amnistie et une légitimation des groupes criminels ».

En plus de déclarer prôner une « révolution » dite « pacifique » contre le système en place, l’ancien officier de police Guy Philippe s’est dit prêt à implémenter un programme d’amnistie pour les chefs de gangs en Haïti, une fois élu président, dans une interview avec le journal Reuters.

Cette position de Guy Philippe qui a défrayé la chronique dans la société haïtienne, a été vivement critiquée par divers secteurs socio-politiques.

Guy Philippe, 55 ans (né le 29 février 1968) a été déporté vers Haïti, le jeudi 30 novembre 2023, à bord d’un vol avec plus d’une douzaine d’autres personnes.

Il a purgé une peine d’emprisonnement de 6 ans, aux États-Unis d’Amérique, pour blanchiment d’argent lié au trafic illicite de drogue, après son arrestation à Pétionville le jeudi 5 janvier 2017.

Les organisations féministes ainsi que la militante féministe indépendante Sabine Manigat, signataires de cette postion, réitèrent leur volonté de continuer à lutter contre l’impunité, tout en soulignant rester fermement attachées aux principes de justice, de respect, de solidarité et de sororité.

« Nous sommes convaincues que notre détermination et la conjugaison de nos capacités participent de la constitution du socle, sur lequel nous pouvons collectivement reconstruire, avec des solidarités externes respectueuses, nos institutions et notre société meurtrie », insistent-elles, tout en renouvelant leur ferme attachement à la souveraineté d’Haïti.

Les organisations féministes ainsi que la militante féministe indépendante Sabine Manigat se solidarisent avec les proches des personnes innocentes, assassinées par les gangs criminels, spécialement depuis le massacre de la Saline en novembre 2018 ainsi qu’avec toutes les personnes victimes de crimes de masse, de kidnappings, de pillages et d’incendies de leurs maisons et de leurs biens.

Elles expriment leur solidarité avec toutes les femmes ravagées par les viols collectifs, perpétrés par les gangs criminels dans différents quartiers.

Elles saluent « la résistance et la sagesse de la population, celle des femmes en particulier, pour son attachement à des valeurs indispensables à une cohabitation harmonieuse : liberté, dignité, respect des droits, solidarité, justice sociale, responsabilité ».

Le 21 mars 2024, la coordonnatrice humanitaire des Nations unies en Haïti, la Suédoise Ulrika Richardson, a dénoncé la violence sexuelle constante en Haïti, avec le recours à la torture et au « viol collectif » contre les femmes.

En Haïti, plus de 2,500 personnes ont été tuées, kidnappées ou blessées depuis le début de l’année 2024, ont indiqué les Nations unies. [emb rc apr 27/03/2024 11:35]

Photo : Archives