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Haïti-Crise : Mise en cause, par plusieurs organisations féministes et de droits humains, de l’intégrité de certains membres désignés au Conseil présidentiel de transition

P-au-P, 21 mars 2024 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations féministes et de défense des droits humains [1] expriment des doutes, quant à l’intégrité de certaines personnes qui devraient composer le Conseil présidentiel de transition, devant permettre de parvenir à une solution à la crise en Haïti, dans une note conjointe transmise à l’agence en ligne AlterPresse.

« Les présumés noms, cités pour la composition de ce Conseil présidentiel, récupérations malheureuses des différents régimes corrompus et criminels qui nous ont gouverné lors des dernières décennies, ne sauraient être celles et ceux qui peuvent offrir cette porte de sortie à la population », mettent-elles en garde.

Les dégâts, causés par plus de 20 ans de mauvaise gouvernance, ne sauraient être réparés avec les mêmes actrices et acteurs, « qui ont minutieusement construit nos malheurs et planifié notre destruction », poursuivent-elles.

Ces organisations féministes et de droits humains déclarent exiger des personnalités crédibles au sein du Conseil présidentiel de transition et un processus transparent, réellement porteur de la « rupture salvatrice » que réclament les Haïtien.ne.s.

7 personnalités, issues de différents secteurs politiques, ont été désignées membres à un Conseil présidentiel de transition, constitué avec l’aide de la Communauté des Caraïbes (Caricom), suite à la démission, le lundi 11 mars 2024, du premier ministre de facto Ariel Henry.

Deux autres personnes devraient être désignées observatrices à cette entité.

Ce Conseil présidentiel de transition, qui aura à nommer un nouveau premier ministre par intérim, ne devrait inclure ni des personnes inculpées, ni celles qui sont sous sanctions internationales, qui sont opposées à la résolution de l’Organisation des Nations unies (Onu) en faveur du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, ou qui sont candidates aux prochaines élections.

Le Conseil présidentiel de transition est composé d’Edgard Leblanc Fils du Collectif des partis politiques du 30 janvier 2023, Leslie Voltaire du parti politique Fanmi Lavalas, Dominique Dupuy du regroupement Résistance démocratique/Engagés pour le développement (Red/Ede) et Compromis historique, Louis Gérald Gilles de l’accord du 21 décembre 2022, Fritz Alphonse Jean de l’accord de Montana, Laurent St Cyr du secteur privé et Emmanuel Vertilaire du parti politique Pitit Dessalines, qui refusait au départ de faire partie de cette structure.

Le mercredi 20 mars 2024, il y a eu deux changements majeurs dans la composition dudit Conseil.

La Déléguée permanente d’Haïti auprès de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco), l’ambassadrice Dominique Dupuy, a remplacé Marie Ghislaine Mompremier à ce Conseil présidentiel pour le regroupement Red/Ede et compromis politique.

Le pasteur Frinel Joseph et René Jean-Jumeau ont été désignés comme observateurs au Conseil présidentiel de transition, respectivement par des organisations de la société civile et le Rassemblement pour une entente nationale et souveraine (Ren).

Frinel Joseph a été désigné, au final, pour remplacer Pierre Jean Raymond André au sein de cette structure de transition.

La Communauté des Caraïbes (Caricom) et une frange de la communauté internationale n’ont nullement le droit d’imposer des conditions à des Haïtien.ne.s pour pouvoir intégrer leur propre Conseil présidentiel, estiment ces organisations féministes et de droits humains.

Elles réclament une solution par et pour les Haïtiennes et Haïtiens ainsi que le respect de la souveraineté haïtienne.

« Seul-e-s les Haïtiennes et Haïtiens savent quelles solutions sont les meilleures pour faire face aux défis actuels et ont vraiment à cœur les intérêts de notre peuple », déclarent ces organisations féministes et de droits humains, plaidant pour une transition de rupture.

« La population haïtienne, dont les féministes haïtiennes, réclame, depuis plus 7 années, une transition de rupture. Une transition de rupture, qui mettra Haïti sur la route de la bonne gouvernance, de la justice sociale, du développement et du bien-être collectif », soutiennent-elles.

Elles déplorent une absence de volonté politique et de dispositions pour renforcer les institutions haïtiennes légitimes, appelées à défendre et protéger la population.

Les partis politiques Rasanbleman sosyalis pou yon inisyativ nasyonal tou nèf (Rasin kan pèp la) et Konbit travayè peyizan pou libere Ayiti (Kontrapèp la) ont dénoncé une tentative de mainmise de la Communauté des Caraïbes (Caricom) sur le processus de mise en place d’un Conseil présidentiel de transition en Haïti.

Comme critère imposé par la Caricom, toutes celles et tous ceux, qui seront membres du Conseil présidentiel, devraient soutenir la résolution 2699, que le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) a votée le lundi 2 octobre 2023 pour autoriser une Mission internationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, désapprouve le parti politique Rasin kan pèp la, dans une note.

Pour sa part, le parti politique Kontrapèp la dit rejeter les conditions imposées par la communauté internationale, pour qu’une personne soit membre du Conseil présidentiel de transition, tout en rappelant combien les protagonistes haïtiens ont déjà défini un ensemble de critères pour choisir les personnes devant diriger une transition de rupture en Haïti. [emb rc apr 21/03/2024 14:15]


[1Les organisations féministes et de droits humains, qui ont exprimé cette position en date du 19 mars 2024, sont : Nègès Mawon, l’organisation féministe MARIJÀN, Kouraj pou pwoteje dwa moun (Kppdm), l’Organisation Trans d’Haiti (Otrah), la Plateforme genre du Nord-Est (Pgne), le Groupement antipatriarcal pour la justice, l’intersectionnalité, la paix et un ordre nouveau (GRANJIPON), l’Organisation pour l’émancipation des femmes à travers l’éducation (Oefe), l’organisation féministe Dantò.