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Crise : Suspension de l’envoi de policiers par le Kenya en Haiti

P-au-P., 12 mars 2024 [AlterPresse] --- Le gouvernement du Kenya a décidé de suspendre l’envoi prévu de policiers kenyans en Haïti, dans le cadre d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, selon un haut responsable du Ministère kényan des affaires étrangères, cité par la presse internationale consultée par l’agence en ligne AlterPresse.

Korir Sing’oei, secrétaire général du Ministère kényan des affaires étrangères, évoque un changement radical, à la suite de l’effondrement complet de l’ordre public et de la démission du premier ministre de facto Ariel Henry.

« Sans administration politique en Haïti, il n’y a pas de point d’ancrage, sur lequel un déploiement de la police puisse reposer. Le gouvernement [kényan] attendra donc l’installation d’une nouvelle autorité constitutionnelle en Haïti, avant de prendre d’autres décisions sur la question », affirme Korir Sing’oei, cité dans un article de l’Agence France-Presse (Afp).

Le département d’État des États-Unis d’Amérique déclare ne voir aucune raison de retarder cette mission de police, rapporte l’Afp.

« Je serais bien sûr préoccupé par tout retard, mais nous ne pensons pas qu’un retard soit nécessaire », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’État, Matthew Miller.

Le gouvernement du Kenya resterait, toutefois, disposé à fournir un leadership à la Mission internationale, qui avait été approuvée le lundi 2 octobre 2023 par le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), selon le secrétaire général du Ministère kényan des affaires étrangères.

Le gouvernement du Kenya s’était engagé à envoyer un millier de policiers en Haïti.

Le premier ministre de facto Ariel Henry avait signé un accord de réciprocité avec le Kenya pour contourner l’obstacle juridique, qui bloquait ce déploiement de la Mmas.

Lors d’une réunion de la communauté des Caraïbes (Caricom), le lundi 11 mars 2024, sur la crise en Haïti, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a fait part de son optimisme.

Blinken a annoncé une augmentation de 130 millions de dollars (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 145.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 99.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes) de l’aide américaine à Haïti, dont 100 millions en faveur du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.

Cette annonce porte à 300 millions de dollars américains la contribution, promise par le gouvernement des États-Unis, pour la concrétisation de la résolution, votée depuis le lundi 2 octobre 2023 par l’Onu concernant cette force, dont la constitution suscite, pour le moins, du scepticisme.

Face aux pressions des États-Unis et l’action des gangs armés à Port-au-Prince, Ariel Henry, qui avait sollicité, le vendredi 7 octobre 2022, l’envoi d’une force multinationale en Haïti, a finalement annoncé sa démission, dans une vidéo pré-enregistrée publiée, sur les réseaux sociaux, tard dans la soirée du lundi 11 mars 2024.

Ariel Henry est bloqué à Porto Rico depuis le mardi 5 mars 2024, à cause des violences des gangs armés dans la capitale.

Le gouvernement de facto restera en place jusqu’à l’installation d’un conseil présidentiel de transition et la nomination d’un nouveau premier ministre, a dit Ariel Henry, lançant un appel au calme.

L’annonce de la démission d’Ariel Henry a été aussi faite à Kingston, en Jamaïque, par Mohamed Irfaan Ali, président de Guyana et de la Communauté des Caraïbes (Caricom).

« Nous prenons acte de la démission du Premier ministre Ariel Henry », a déclaré le dirigeant caribéen, lors d’une conférence de presse, à l’issue de la réunion urgente organisée par la Caricom sur la crise haïtienne.

Suite à la proposition des secteurs haïtiens, un conseil présidentiel de transition de sept membres votants et de deux observateurs sera mis en place, fait-il savoir.

Les deux observateurs viendront de la société civile et du secteur religieux. [emb rc apr 12/03/2024 16:00]