Español English French Kwéyol

Haïti-Crise : Démission d’Ariel Henry - Conseil présidentiel de transition de 7 membres en perspective

P-au-P., 11 mars 2024 [AlterPresse] --- Le premier ministre de facto Ariel Henry, bloqué à Porto Rico depuis le mardi 5 mars 2024, a démissionné, selon une annonce faite dans la soirée de lundi 11 mars 2024, à Kingston, Jamaïque, par Mohamed Irfaan Ali, président de Guyana et de la Communauté des Caraïbes (Caricom).

« Nous prenons acte de la démission du Premier ministre Ariel Henry », a déclaré le dirigeant caribéen, lors d’une conférence de presse à l’issue de la réunion urgente organisée par la Caricom sur la crise haïtienne, conférence suivie en ligne par AlterPresse.

Parallèlement, le bureau du premier ministre de facto en Haïti a publié, sur les réseaux sociaux, un discours de démission pré-enregistré du premier ministre de facto, dont le gouvernement restera en place jusqu’à l’installation d’un conseil présidentiel de transition et la nomination d’un nouveau premier ministre, a dit Ariel Henry.

« Aucun sacrifice n’est trop grand pour notre pays Haïti », selon Ariel Henry, qui a exprimé sa douleur face aux destructions et aux pertes en vies humaines, résultant de la violence des gangs armés qui réclamaient sa démission.

Il a lancé un appel au calme.

Largement impopulaire, le premier ministre de facto, désormais démissionnaire, était pressuré de toutes parts, notamment par les États-Unis d’Amérique, pour laisser le pouvoir.

Lors de la conférence de presse de Kingston, le président de la Caricom a fait savoir que, suite à la proposition des secteurs haïtiens, un conseil présidentiel de transition de sept membres votants et deux observateurs, sera mis en place.

Les membres votants seront issus des entités et secteurs suivants : Collectif 30 janvier 2023, Accord du 21 décembre 2022, Résistance démocratique/Engagés pour le développement (Red/Ede), Lavalas, Montana, Pitit Dessalines et secteur privé.

Les deux observateurs viendront de la société civile et du secteur religieux.

Ce conseil, qui aura à nommer un nouveau premier ministre par intérim, ne devrait inclure ni des personnes inculpées, ni celles qui sont sous sanctions internationales, qui sont opposées à la résolution de l’Organisation des Nations unies (Onu) en faveur du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti ou qui sont candidats aux prochaines élections.

7 propositions de sortie de crise ont été transmises à la Caricom, durant le week-end écoulé, par les secteurs politiques haïtiens.

A la réunion du lundi 11 mars 2024, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a également fait part de son optimisme et annoncé une augmentation de 130 millions de dollars (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 145.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 99.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes), de l’aide américaine à Haïti, dont 100 millions en faveur du déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.

Cette annonce porte à 300 millions de dollars américains la contribution promise par les États-Unis pour la concrétisation de la résolution, votée depuis octobre 2023 par l’Onu concernant cette force, dont la constitution suscite, pour le moins, du scepticisme.

Des représentants de la France, du Canada et des Nations unies se sont également joints à la réunion de Kingston, où chacun a reconnu la gravité de la situation en Haïti.

Malgré une timide tendance à un apparent retour au calme, la pression des gangs armés est toujours maintenue, dans une capitale offrant l’image d’un champ de bataille dans beaucoup de quartiers.

Durant la journée de lundi 11 mars 2024, des bandits ont longuement tiré, à nouveau, en direction de l’Académie de police, entre Pernier et Frères, dans la commune de Pétionville (périphérie est).

Il s’y déroulait, en présence des membres du haut commandement de la Police nationale d’Haïti (Pnh), la cérémonie de graduation de la 33e promotion de la police, comptant 786 gradué-e-s, dont 112 femmes.

Face à la situation actuelle, dans le cadre de l’état d’urgence, décrété jusqu’au 3 avril 2024 sur le département de l’Ouest, qui comprend la capitale, les autorités ont encore reconduit un couvre-feu, du 11 au 14 mars 2024, de 7:00 du soir (23:00 gmt) à 5:00 du matin (9:00 gmt).

Le constat ne permet pas de dire que cette disposition renouvelée a apporté des résultats, en termes de rétablissement de l’ordre et de reprise du contrôle de la situation, comme se l’est promis le gouvernement de facto. [apr 11/03/2024 23:00]