P-au-P, 08 mars 2024 [AlterPresse] --- Le secrétaire d’État des États-Unis d’Amérique, Antony John Blinken, appuie une proposition, élaborée en partenariat avec la Communauté des Caraïbes (Caricom) et les parties prenantes haïtiennes, en vue d’accélérer la transition politique à travers la création d’un collège présidentiel largement représentatif et indépendant, indique un communiqué du Département d’État étasunien, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse. .
Ce collège présidentiel devrait se charger « d’orienter le pays vers le déploiement d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti et la tenue d’élections libres et équitables ».
Lors de sa conversation téléphonique avec Ariel Henry, le jeudi 7 mars 2024, Blinken l’a invité « à soutenir cette proposition, dans l’intérêt du rétablissement de la paix et de la stabilité en Haïti, afin que les Haïtiennes et Haïtiens puissent renouer avec un quotidien exempt de violence et de désespoir », déclare le porte-parole du département d’État américain, Matthew Miller.
Les discussions ont tourné autour de la crise politique, sécuritaire et humanitaire, qui sévit actuellement en Haïti.
« Pendant plus d’un an, les États-Unis ont encouragé le premier ministre Henry et d’autres acteurs clés en Haïti à parvenir à un compromis, qui permettrait de sortir de l’impasse politique actuelle », selon le communiqué.
Depuis le jeudi 29 février 2024, la crise politique en Haïti, combinée à une escalade de la violence de gangs armés et de troubles civils, a créé une situation insoutenable, qui représente une menace pour les citoyennes et citoyens, et la sécurité du pays, signale le département d’État américain.
Aucun consensus n’a encore été trouvé entre les protagonistes haïtiens pour parvenir à une solution de la crise, exacerbée par les violences des gangs armés, ces derniers jours, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
C’est ce qu’a indiqué le président de la Communauté des Caraïbes (Caricom), Dr. Mohamed Irfaan Ali, dans une déclaration en date du mercredi 6 mars 2024.
« Malgré de très nombreuses réunions, nous n’avons pas encore réussi à parvenir à une quelconque forme de consensus entre le gouvernement et les parties prenantes respectives de l’opposition, du secteur privé, de la société civile et des organisations religieuses ».
Entre-temps, les gangs armés continuent d’empêcher au premier ministre de facto Ariel Henry, en voyage à l’étranger, d’entrer à Port-au-Prince.
Aucun effort n’est déployé par les États-Unis d’Amérique pour aider Ariel Henry, à quitter Porto-Rico pour revenir dans son pays, secoué par un mouvement coordonné de gangs armés réclamant sa démission.
« Nous ne fournissons aucune assistance pour aider le Premier ministre à retourner en Haïti »,a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (Nsc) des États-Unis, dont les propos sont rapportés par l’agence espagnole Efe.
L’ambassadrice des États-Unis auprès de l’Onu, Linda Thomas-Greenfield, a exhorté, le mercredi 6 mars 2024, Ariel Henry à « agir en toute urgence » pour assurer « un processus politique conduisant à une transition présidentielle » en Haïti.
Les États-Unis d’Amérique ont annoncé qu’ils n’enverront pas de troupes en Haïti pour contrer l’offensive des gangs armés, qui mènent, depuis le jeudi 29 février 2024, des attaques coordonnées à Port-au-Prince contre des infrastructures stratégiques, informe la presse américaine consultée par AlterPresse.
« Nous mobilisons d’urgence tout le soutien, que nous et la communauté internationale pouvons apporter immédiatement à Haïti, en particulier à la Police nationale haïtienne (Pnh), pour s’assurer qu’elle est en mesure de rétablir la sécurité pour le bien du peuple », selon un responsable de la Maison Blanche, cité par le journal américain Miami Herald.
Des responsables diplomatiques américains et haïtiens ont discuté de la possibilité de déploiement, en urgence, des forces spéciales américaines pour faire face à la crise, indique le journal.
Face à la détérioration de la situation actuelle en Haïti, [le secrétariat général de l’Organisation des États américains (Oea), Luis Almagro, estime nécessaire de renforcer les efforts de coopération au sein de l’Organisation des Nations unies (Onu) https://www.alterpresse.org/spip.php?article30147] ->, pour rétablir la sécurité dans le pays.
« Il est irresponsable de continuer à retarder les mesures et les actions nécessaires », déclare-t-il, soulignant combien sans sécurité, il n’y a pas de démocratie.
« Nous réaffirmons notre soutien au peuple haïtien, dans le pays et auprès de la diaspora, ainsi que notre engagement à continuer à collaborer pour promouvoir une solution, qui fasse avancer l’indispensable processus de démocratisation du pays », ajoute-t-il.
Pour sa part, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, l’Autrichien Volker Türk souhaite une action rapide et décisive de la communauté internationale « pour empêcher qu’Haïti sombre davantage dans le chaos », dans un communiqué de presse en date du mercredi 6 mars 2024.
« Le système de santé est au bord de l’effondrement. Les écoles et les entreprises sont fermées et les enfants sont de plus en plus exploités par les gangs. L’économie est asphyxiée car les gangs imposent des restrictions aux mouvements de la population », décrit-il, signalant une situation intenable pour le peuple haïtien.
Türk a appelé, encore une fois, au déploiement urgent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, afin de soutenir la Police nationale haïtienne et d’apporter la sécurité au peuple haïtien.
Plus de 15 mille personnes ont été contraintes de se déplacer dans la capitale, Port-au-Prince, avec les violences provoquées, depuis le jeudi 29 février 2024, par des bandes armées à Port-au-Prince, indique le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), dans un décompte en date du 6 mars 2024.
La majorité de ces personnes s’étaient déjà déplacées à cause de récentes attaques de gangs armés, précise Ocha, soulignant combien la plupart de ces personnes déplacées ont trouvé refuge dans des sites existants, tandis que les autres s’installent dans de nouveaux sites créés spontanément.
Ces familles, qui n’ont aucun autre moyen de subvenir à leurs besoins fondamentaux, font face à des besoins les plus urgents, comme l’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’eau et aux installations d’hygiène, ainsi qu’à un soutien psychologique, signale Ocha. [emb rc apr 08/03/2024 17:50]