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Haïti : Pas encore de consensus avec le gouvernement de facto d’Ariel Henry pour une issue à la crise, se désole la Caricom

P-au-P, 07 mars 2024 [AlterPresse] --- Aucun consensus n’a encore été trouvé entre les protagonistes haïtiens pour parvenir à une solution de la crise, exacerbée par les violences des gangs armés, ces derniers jours, dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

C’est ce qu’a indiqué le président de la Communauté des Caraïbes (Caricom), Dr. Mohamed Irfaan Ali, dans une déclaration en date du mercredi 6 mars 2024 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Malgré de très nombreuses réunions, nous n’avons pas encore réussi à parvenir à une quelconque forme de consensus entre le gouvernement et les parties prenantes respectives de l’opposition, du secteur privé, de la société civile et des organisations religieuses ».

La Caricom signale une situation complexe, comportant de nombreux éléments mobiles, aggravée par l’absence d’institutions clés fonctionnelles, telles que la présidence et le parlement.

« Cette situation est encore aggravée par les flambées de violence et le manque d’aide humanitaire. Nous avons exhorté toutes les parties prenantes haïtiennes à reconnaître le besoin urgent d’un consensus, étant donné qu’elles conviennent toutes que la solution doit être dirigée et détenue par les Haïtiennes et Haïtiens ».

Le dossier d’Haïti a fait l’objet d’une réunion à huis clos devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), le mercredi 6 mars 2024.

Ariel Henry pressuré et bloqué à l’étranger

A présent, les gangs armés, sous la commande du chef de gang Jimmy Chérizier, veulent empêcher à tout prix le retour en Haïti du premier ministre de facto, Ariel Henry, en voyage à l’étranger.

Incapable de rejoindre Port-au-Prince, l’avion privé, à bord duquel se trouvait Ariel Henry a finalement atterri, le mardi 5 mars 2024, à Porto-Rico, après avoir tenté en vain de transiter par la République Dominicaine voisine d’Haïti.

Les États-Unis d’Amérique ont demandé, le 5 mars 2024, au premier ministre de facto de favoriser la formation d’un nouveau gouvernement provisoire en Haïti et de laisser le pouvoir, selon le quotidien américain Miami Herald.

La demande a été faite à Ariel Henry alors qu’il se trouvait en plein vol, mardi 5 mars 2024, après que son avion a changé de cap vers Porto-Rico, la République Dominicaine ayant subitement refusé l’atterrissage prévu dans un de ses aéroports.

« Nous ne fournissons aucune assistance pour aider le Premier ministre à retourner en Haïti », a déclaré le porte-parole du Conseil de sécurité nationale (Nsc) des États-Unis, dont les propos sont rapportés par l’agence espagnole Efe.

L’ambassadrice des États-Unis auprès de l’Onu, Linda Thomas-Greenfield, a exhorté, le mercredi 6 mars 2024, Ariel Henry à « agir en toute urgence » pour assurer « un processus politique conduisant à une transition présidentielle » en Haïti.

Un consensus nécessaire en vue d’une solution politique

Il faut une solution politique pour ancrer toute stabilisation des efforts sécuritaires et humanitaires, recommande la Caricom.

Pour parvenir à une solution locale, elle estime nécessaire un consensus entre les principaux protagonistes en Haïti, tout en annonçant la poursuite d’autres réunions avec toutes les personnes concernées.

« Le fait que plus de personnes soient mortes en Haïti, au début de cette année qu’en Ukraine, doit faire réfléchir sérieusement tout le monde en Haïti et au sein de la communauté internationale », fait remarquer la Caricom appelant non seulement au soutien de la Caricom, mais aussi de la communauté internationale.

Crainte persistante d’un chaos en Haïti

Par ailleurs, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits humains, l’Autrichien Volker Türk, souhaite une action rapide et décisive de la communauté internationale « pour empêcher qu’Haïti sombre davantage dans le chaos », dans un communiqué de presse en date du mercredi 6 mars 2024.

« Le système de santé est au bord de l’effondrement. Les écoles et les entreprises sont fermées et les enfants sont de plus en plus exploités par les gangs. L’économie est asphyxiée, car les gangs imposent des restrictions aux mouvements de la population », décrit-il, signalant une situation intenable pour le peuple haïtien.

Türk a appelé, encore une fois, au déploiement urgent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, afin de soutenir la Police nationale haïtienne et d’apporter la sécurité au peuple haïtien.

Plus de 15 mille personnes ont été contraintes de se déplacer dans la capitale, Port-au-Prince, avec les violences provoquées, depuis le jeudi 29 février 2024, par des bandes armées à Port-au-Prince, indique le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha), dans un décompte en date du 6 mars 2024.

La majorité de ces personnes s’étaient déjà déplacées à cause de récentes attaques de gangs armés, précise Ocha, soulignant combien la plupart de ces personnes déplacées ont trouvé refuge dans des sites existants, tandis que les autres s’installent dans de nouveaux sites créés spontanément.

Ces familles, qui n’ont aucun autre moyen de subvenir à leurs besoins fondamentaux, font face à des besoins les plus urgents, comme l’accès à la nourriture, aux soins de santé, à l’eau et aux installations d’hygiène, ainsi qu’à un soutien psychologique, signale Ocha. [emb rc apr 07/03/2024 11:00]