P-au-P, 06 mars 2024 [AlterPresse] --- Les États-Unis ont demandé, le mardi 5 mars 2024, au premier ministre de facto Ariel Henry de favoriser la formation d’un nouveau gouvernement provisoire en Haïti et de laisser le pouvoir, selon le quotidien américain Miami Herald, consulté par AlterPresse.
La demande a été faite à Ariel Henry, alors qu’il se trouvait en plein vol, mardi, après que son avion a changé de cap vers Porto-Rico, la République Dominicaine ayant subitement refusé l’atterrissage prévu dans un de ses aéroports.
« L’administration lui a demandé d’accepter un nouveau gouvernement de transition - et de démissionner », écrit le journal.
Après ses déplacements dans les Caraïbes et en Afrique, depuis la semaine dernière, Ariel Henry devait revenir en Haïti en ce début de semaine. Mais, à cause de la brusque accélération de la crise, suite à un mouvement coordonné des gangs à Port-au-Prince, plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols sur Haïti.
« L’administration Biden proposait depuis des mois qu’Henry, au pouvoir depuis l’assassinat du président haïtien Jovenel Moïse il y a près de trois ans, mène une transition politique vers des élections démocratiques. Avec les gangs qui envahissent maintenant Port-au-Prince, le délai est épuisé ».
A San Juan, les Américains ont rencontré Ariel Henry.
Parallèlement, plusieurs dirigeants de la Communauté des Caraïbes et trois anciens premiers ministres ont eu des réunions Zoom avec des dirigeants de l’opposition en Haïti et du secteur privé. La démission d’Ariel Henry a été évoquée, selon le Miami Herald, citant deux personnes au courant des discussions, « ce qui a suscité des réactions mitigées ».
Les dirigeants des Caraïbes veulent que Henry s’envole pour la Jamaïque ce mercredi 6 mars 2024, à ses propres frais, pour annoncer son accord sur le plan de sortie de crise et son éventuelle démission.
Ils veulent qu’il filme un message annonçant la formation du gouvernement de transition, y compris un conseil présidentiel avec des pouvoirs étendus, qui nommerait un nouveau Premier ministre par intérim.
Les États-Unis d’Amérique ont déjà annoncé qu’ils n’enverront pas de troupes en Haïti pour contrer l’offensive des gangs armés.
Le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) prévoit de se réunir à huis clos, dans l’après-midi du mercredi 6 mars 2024, sur la crise haïtienne, qui s’est rapidement détériorée ces derniers jours.
Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres, souhaite un soutien financier urgent à la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas), que le Kénya doit diriger en Haïti « pour répondre aux besoins pressants en matière de sécurité du peuple haïtien et empêcher le pays de sombrer davantage dans le chaos ».
Depuis le 29 février 2024, les gangs armés coalisés font monter la pression pour exiger ouvertement la démission du premier ministre de facto, largement impopulaire en Haïti.
Les gangs ont exercé beaucoup de violences contre la population, contrainte de fuir plusieurs quartiers devenus de plus en plus dangereux. Au moins une dizaine de personnes ont été tuées, selon certains décomptes.
Les gangs armés ont attaqué des institutions publiques et privées, dont les deux plus grandes prisons du pays, et fait fuir des milliers de détenus.
Ils ont à plusieurs reprises tenté des attaques contre l’aéroport international de Port-au-Prince. Des assauts ont également été enregistrés contre l’Académie de police, plusieurs commissariats, sous-commissariats et stations de la police.
De même, les gangs armés ont organisé des pillages de nombreux commerces et bureaux publics. [apr 06/03/2024 08:00]