Español English French Kwéyol

Haïti : Société gang-grenée et pensée indigente (Première de deux parties)

Par Leslie Péan*

Soumis à AlterPresse le 27 février 2024

Le pouvoir d’Ariel Henry s’est engagé ces derniers temps dans une guerre effroyable contre la parole démocratique. Sans tomber dans de banales disputes, les intellectuels dont la profession (sans être péjoratif) est de faire couler de l’encre, ne donnent pas le maximum d’échos aux luttes populaires. Au lieu d’un pas en avant, ils font un pas en arrière sinon deux pas de côté. Nous proposons de mettre en lumière cette irresponsabilité de la manière suivante. Dans cette première partie, nous analysons l’évolution de l’intelligentsia haïtienne dans ses rapports avec la pratique politique, puis la situation actuelle d’Haïti marquée depuis tantôt trois mois par la réapparition soudaine de l’ex-commandant Guy Philippe. Dans la deuxième partie, nous discutons de la critique faite par Erno Renoncourt concernant ce qu’il nomme l’évangile de Guy Philippe.

Au niveau de la forme, par quelque bout qu’on le prenne, le singulier tour qu’a pris l’irruption sur la scène politique de l’ex-commandant et ex-sénateur Guy Philippe et de la Brigade de Sécurité des Aires Protégées (BSAP), soulèvent des espoirs au sujet du sens à donner aux évènements qui se déroulent actuellement au pays. Des espoirs qui sont à l’ordre du jour avec l’addition du parti Pitit Desalin de Jean-Charles Moïse, les organisations de Rosemond Jean et de Marcelin Myrthil dit « Arab ». Le large consensus qui se dégage de ce mouvement à tendance unitaire s’est ajouté à la nouveauté du commandant Philippe pour débarrasser le pays du gouvernement actuel qui s’est mis en quatre pour contrattaquer cette charge subversive. Jean-Charles Moïse est inondé de gaz toxiques le 6 février, l’ex-sénateur Guy Philippe échappe de justesse à une embuscade visant à l’assassiner le lendemain 7 février. Arab est arrêté et emprisonné aux Cayes le 12 février, puis transféré à la prison de la Capitale le 16 février.

L’attentat à la grenade contre Monseigneur Pierre André Dumas

La répression continue. Les gangs du pouvoir attaquent l’Archevêque Dumas avec un engin explosif durant la nuit du dimanche 18 février dans la maison où il était hébergé, de passage à la capitale. Le 15 février, l’Archevêque du Département des Nippes, avait dénoncé la gang-grène qui accable toutes les couches sociales. L’ONU [1] a compté plus de 8 400 victimes en 2023, soit une augmentation de 122% par rapport à 2022, dont 83% à la Capitale. Le Nouvelliste rapporte qu’en une semaine « 10 000 personnes ont été contraintes d’abandonner leurs résidences suite aux attaques armées perpétrées par des gangs dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine de Port-au-Prince, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM) » [2].

Selon Thomas Wenski, archevêque de la Floride, il a été transporté d’urgence à Miami au Jackson Memorial Hospital où il reçoit les soins appropriés pour les brulures au visage, aux bras et aux jambes. Cette explosion similaire aux déflagrations d’une grenade, contre le vice-président de la Conférence Épiscopale d’Haïti (CEH) est le plus récent acte de barbarie perpétré par les bandits à la solde du pouvoir pour étouffer toute parole démocratique. Nous lui exprimons notre solidarité et lui souhaitons un prompt rétablissement, de concert avec la CEH et ses confères du Conseil Épiscopal d’Amérique Latine siégeant en Colombie. Ce message a été signé par les Archevêques du Brésil, du Venézuela ; du Panama ; des Évêques de la République Dominicaine et du Pérou. Nous avons essayé de transcrire son message qui mérite d’être lu avec attention. On peut également l’écouter à l’adresse Eddy Cazeau@pagedevangelisationeddycaz5543.

Au niveau du fond, ce discours rappelle celui des théologiens de la libération tels que les Brésiliens Don Helder Camara et Leonardo Boff, le Péruvien Gustavo Gutierrez, l’Haïtien Karl Lévêque et d’autres. Sur les tracées de ce jeune jésuite haïtien, Monseigneur Dumas appelle à l’avènement d’une praxis libératrice en prônant les valeurs de solidarité et d’espérance.

À son retour en Haïti en 1986, après vingt-deux ans d’exil, le jésuite Karl Lévêque, qui était aussi un animateur de Radio Flamboyant, Montréal, et une figure de proue de la revue montréalise Nouvelle Optique, devait déclarer : « La seule vraie garantie de stabilité dans la situation actuelle est la menace d’une intervention militaire directe, soit des États-Unis, soit d’une force interaméricaine (ou intercaraïbéenne) suscitée par les Américains et dont personne ne veut en Haïti …. sauf bien entendu un certain secteur de la bourgeoisie » [3]. On notera que Karl était aussi un professeur de philosophie et un penseur qu’on n’ aura jamais fini de connaitre et de faire connaitre.

La conclusion à laquelle est arrivée Karl Lévêque en Avril 1986, se vérifie au quotidien depuis. Les évidences sont solides ….. Avec sa foi, il le faut en effet, Monseigneur Dumas, il y a tantôt trois mois, le 3 novembre 2023, un cri du cœur, un appel à la conscience sur les ondes de Radio Métropole en demandant à toutes les couches sociales de se mettre ensemble pour relever le pays. Constatant l’échec global de la société, l’Évêque des Nippes plaidait pour arrêter la descente aux enfers et appelait à un réveil citoyen contre la dictature de l’individualisme. Il a demandé une unification de toutes les forces sociales pour mettre Haïti sur la voie du progrès. C’est en plein dans cette construction pour qu’Haïti reface surface, un vrai miracle, qu’il a été attaqué.

Persuadé que le discours intellectuel ne suffit pas à changer les choses pour plusieurs raisons, conscient de la nécessité de se serrer les coudes et de se retrousser les manches, Monseigneur Dumas s’est jeté à l’eau avec toute la rigueur nécessaire pour changer les mentalités. Un apport fondamental qui devrait pouvoir aider le mouvement global à multiplier ses manifestations dans toutes les villes du pays, à mettre fin à sa traversée du désert et à trouver sa bonne étoile. Bref, l’initiative héroïque du prélat apporte l’intime conviction de la nécessité de passer à l’action pour sortir du marasme actuel, en créant une relation de confiance avec les masses populaires.

Les intellectuels haïtiens et l’état du monde dans toute sa complexité

Ce qui différencie Haïti et bien d’autres pays de l’Amérique, entre autres, est la faible productivité de son intelligentsia. Combien d’ouvrages sont publiés tous les quatre ou cinq ans par les professeurs d’université ? Au fait, dès le début, les travailleurs de la pensée n’ont pas su ou pu penser le nécessaire pour faire du pays un ilot de prospérité. D’une part, ils ne se sont pas identifiés aux masses paysannes et n’ont pas eu honte des citoyens du pays « en dehors » qui circulaient sans chaussures, presque nus, habitaient dans des taudis, mangeaient avec leurs mains et circulaient à dos d’âne, car il n’y avait pas de routes. Jusqu’au début du 20e siècle, la bourgeoisie du Nord prenait le bateau pour se rendre à Port-au-Prince. À Jérémie, elle dédaignait la Capitale et envoyait ses enfants étudier en Europe, ce qui donnera Etzer Vilaire ou Émile Roumer. D’autre part, les travailleurs de la pensée n’ont pas compris ni fait comprendre aux dirigeants que les forces matérielles sont déterminantes en dernière instance. Enfin, l’intelligentsia a encouragé le nombrilisme alors que l’immigration était la politique du jour.

Avant même la dette de l’indépendance de 1825, la croissance a été freinée sinon bloquée par la déconnexion entre l’intelligentsia, la classe politique et les masses paysannes et ouvrières au cours des cycles d’accumulation et d’extraversion. Connexion qui constitue l’atout suprême. Nos premiers intellectuels tels que Jean-Jacques Charéron ont été boycottés depuis l’acte de naissance de la nation en 1804. (Eddy Cavé, Extermination des pères fondateurs et pratiques d’exclusion, 2022). Dès le départ, il se produit un état d’exclusion entre l’intelligentsia et les masses de cultivateurs. D’un côté, l’intelligentsia des anciens libres, plus attachée à la France par la culture et la grande propriété productrice de denrées d’exportation. De l’autre, les anciens esclaves plus proches de l’Afrique ancestrale par la culture, la langue, la religion, les mœurs et la petite propriété produisant des vivres alimentaires pour la consommation locale. Les deux entités ayant en commun le désir de reconnaissance. De la part de la France par les anciens libres et de la part de ces derniers chez les nouveaux cultivateurs.

L’intelligentsia s’est révélée incapable d’aider les cultivateurs à comprendre l’insertion d’Haïti dans l’économie globale mondiale et d’insuffler le savoir nécessaire au dynamisme économique mais aussi au dynamisme tout court de la société en général. Nos pères fondateurs n’ont pas assimilé la force du commerce maritime ni celle des échanges dans la production de richesses. De ce fait, l’économie coloniale d’exportation du café, du sucre et du coton a continué en obligeant les cultivateurs à travailler sur les plantations des nouveaux grands propriétaires ex-généraux de la guerre de l’indépendance. Les écrits de Boisrond Tonnerre, Chanlatte, Inginac, Bonnet, Dumesle, Edouard, Justin, Madiou, Ardouin, Pradines, Nau, Saint-Rémy, etc. indiquent en clair que l’intelligentsia ne s’est pas identifiée aux masses paysannes pour faire droit à leurs revendications à la terre et à l’éducation et combattre les pratiques de confiscation et d’exclusion légitimées par les codes ruraux.

À l’exception de Pompée Valentin Vastey qui, dans son ouvrage Le Système colonial dévoilé, [Cap-Henry [Cap-Haïtien], Imprimerie Roux, 1814] se soustrait de la tendance à se reposer sur les lauriers de 1804, l’intelligentsia ne s’attache nullement à décortiquer l’échange mercantile. Le résultat net n’a pas seulement été la double dette de l’indépendance négociée par le président Boyer en 1825. Il a aussi et surtout entraîné l’incapacité de produire la richesse en mettant en marche un mouvement destiné à sécuriser l’avenir. Les guerres intestines ont centralisé l’espace de création de valeurs autour du pouvoir, unique source de richesses, ouvrant la voie à la pratique des conspirations et des insurrections. Le face-à-face de cette pratique des indemnités qui l’accompagnent a maintenu la société entière dans la précarité et l’orgie de la répression.

Et depuis cette époque, sauf en de rares exceptions, notre intelligentsia est restée enfermée dans les marges des luttes socio-politiques, dans un silence complice, quand elle ne s’est pas acoquinée avec des dictatures, comme elle l’a fait avec Lysius Félicité Salomon sous l’empire de Soulouque. Un ravalement que dénoncera l’intellectuel libéral Edmond Paul dans son ouvrage Les causes de nos malheurs, Avis au peuple, 1882, réédité en 2015. Dans l’intervalle, Joseph Saint-Rémy et Linstant Pradines feront le pont et occuperont l’espace conduisant à la percée des intellectuels du Parti Libéral et du Parti National en 1870.

Après la bataille de la rue Pavée de 1879, suivie de l’invasion de 1883 à Miragoâne où périt la fine fleur de l’intelligentsia libérale, il faudra attendre une décennie avant que l’intellectuel Anténor Firmin rallume le flambeau des Libéraux et contribue à relever la patrie de la descente aux enfers commencée depuis 1804. Dans cette même lignée, on mentionnera Hannibal Price et Auguste Magloire. On ne saurait passer sous silence des intellectuels conservateurs tels que Louis-Joseph Janvier, Demesvar Delorme, Frédéric Marcelin, Solon Ménos, Jacques N. Léger, Pauléus Sannon, Semexant Rouzier etc. qui n’ont pas porté le savoir comme une fleur à leur boutonnière. Toutefois, l’intelligentsia a failli à la tache consistant à protéger Haïti de l’assujettissement par la dette tant extérieure qu’intérieure.

Depuis la double dette de l’indépendance de 1825, les emprunts de 1874-1875, 1896, 1910 se sont succédé. La gestion financière a été une catastrophe, à l’exception de l’intermède du ministre Anténor Firmin. La corruption dans les transactions financières et dans les douanes conduit à un manque à gagner énorme pour l’État qui, étranglé, n’arrive pas à fournir les services élémentaires à la population. Après l’exil et la mort d’Anténor Firmin en 1911, l’occupation américaine devait se défaire un à un des intellectuels firministes, en commençant par Rosalvo Bobo en 1915 pour conclure avec Seymour Pradel en 1930. En passant par les intellectuels de l’Union Patriotique créée en 1922 par Georges Sylvain, Dantès Bellegarde, etc. (Leslie Péan, « Unité et conjoncture politique en Haïti : L’Union Patriotique 1920-1930 », numéro 14, Collectif Paroles, Montréal, octobre-novembre 1981).

Le 20e siècle continue avec le mal de la dette extérieure sous l’occupation américaine qui s’est aggravée avec l’emprunt de 1922. Le New-York Times [4] a consacré une édition spéciale le dimanche 20 mai 2022, à ce drame de la dette qui a fait pourrir sur pied l’économie d’Haïti. Depuis lors, les intellectuels de droite, membres ou chiens de garde du statu quo n’ont pas pu infléchir la politique économique, tout comme ceux de gauche, partisans de nouvelles structures économiques et politiques. Sans prétendre être exhaustif, citons, parmi les ténors de ces deux courants, à droite, Jean-Price Mars, Sténio Vincent, Hénock Trouillot, Suzanne Comhaire-Sylvain, Yvonne Hakim Rimpel, Roger Dorsainville, René Piquion, Odette Roy Fombrun. À gauche, on trouve Jacques Roumain, Étienne Charlier, Anthony Lespès, Jacques Stephen Alexis, René Depestre, Gérard Pierre-Charles, Odette Roy Fombrun, Roger Gaillard, Ghislaine Rey Charlier, Karl Lévêque, Suzy Castor, Benoit Joachim, Jean Casimir, Franck Étienne, Jean Dominique, Claude Moïse, Michel-Rolf Trouillot. Entre ces deux courants, on peut inclure, au centre, J.-C. Dorsainvil, Pradel Pompilus, Joseph Chatelain, Leslie Manigat, Jean Desquiron, Marc Bazin, Alain Turnier, Marc Péan et d’autres. À partir de 1957, la dictature duvaliériste s’attaque à l’intelligentsia et provoque une fuite de cerveaux sans précédent dans l’histoire d’Haïti.

L’intelligentsia haïtienne n’a pas procédé à la clarification de la problématique mondiale d’accumulation reposant sur l’échange inégal. De ce fait, le marronnage antérieur à l’indépendance s’est poursuivi sous une forme dévoyée avec la fuite des cultivateurs vers les montagnes, mais aussi avec le comportement corrompu et corrupteur d’une élite urbaine à la tête de l’État. Tumulte entre l’intelligentsia et les cultivateurs que nous avons étudié dans deux ouvrages L’État marron — Économie Politique de la Corruption en Haïti, (Paris, France, Maisonneuve et Larose, 2003), et Aux origines de l’État marron (Presses de l’Université d’Haïti, 2009). Deux boites à outils utilisées par de nombreux chercheurs, dont Erno Renoncourt qui écrit à ce sujet :

« Jadis, à Saint Domingue et ailleurs, au temps de la déshumanisation assumée, le marronnage avait un sens : c’était un acte d’intelligence, de liberté et d’humanité. Plus tard, en Haïti, après l’indépendance, quand il fallait se regrouper et armer l’intelligence de courage pour assurer la cohésion sociale, le marronnage a perduré et est devenu un acte de déshérence, d’insignifiance et d’indigence » (Erno Renoncourt, « Haïti, le glissement indigent : du marronnage libérateur au marronnage destructeur », Le Club de Mediapart, Paris, France, 27 janvier 2023).

La régulation des flux économiques a échappé à l’intelligentsia qui n’a pas su ou pu remplir son rôle de médecin social. Le diagnostic de la pathologie n’a pas été établi correctement et les médicaments appropriés n’ont pas été prescrits ni donnés. La richesse d’Haïti a été dilapidée dans la production denrées/vivres, d’une part, et dans l’échange inégal découlant des rapports entre denrées et produits manufacturés, d’autre part. L’expatriation des fruits de la corruption financière est la règle. Cela va des fortunes de Louverture et Dessalines à celles gaspillées de PetroCaribe. Les premières ont été gérées aux États-Unis d’Amérique par Stephen Girard, le commerçant français qui a acheté la couronne de Dessalines et s’est installé à Philadelphie avant de devenir banquier. C’est aussi le cas pour Christophe et Boyer dont les fortunes ont été transférées en ce qui est devenu l’Italie et en Angleterre. Quant aux soustractions de PetroCaribe, elles reposent dans les places financières offshore, grâce à la complicité des puissances organisatrices de la grande corruption commencée avec l’esclavage des corps et qui se poursuit avec celui des esprits et même avec celui de l’alimentation [5].

Le discours de Guy Philippe et de son entourage

Depuis son retour en Haïti, Guy Philippe a mobilisé des sympathisants de différentes couches sociales. Il est accueilli dans une dizaine de villes et ovationné comme un héros. Il demande au peuple de le rejoindre en masse pour exiger le départ d’Ariel Henry, qui accepte de recevoir les ordres de l’ambassade américaine et du Core Group.

Guy Philippe doit être pris au mot. Un de ses avocats explique qu’il ne recherche pas un poste quelconque dans son éventuelle administration, mais veut marcher sur les brisées de Che Guevara et continuer à faire la révolution. Les références de ce juriste à la révolution cubaine ont été surement remarquées par les autorités américaines qui gardent un embargo criminel sur ce pays depuis plus de soixante ans. Mais, attention, il ne faut pas tomber pas dans les pièges des agences de renseignement à travers les questions qui sont posées par certains journalistes.

On peut accuser Guy Philippe d’avoir organisé le coup d’état contre le gouvernement populiste de Jean Bertrand Aristide ou même d’être commandité. C’est de bonne guerre de ne pas vouloir enfourcher ce cheval de bataille. Mais il faut le faire en respectant les règles du jeu démocratique, sans hargne et non parce qu’on ne peut pas réunir dix personnes sous une pilonne électrique depuis quinze ou plus de vingt ans. Il ne faut pas contribuer à faire triompher des conflits personnels ou de famille nés à Pestel ou ailleurs au détriment d’un projet national, aussi périlleux qu’il soit. Zafè kabrit pa zafè kochon.

Le nationalisme tiers-mondiste fait recette avec les Assimi Goïta au Mali, Abdourahamane Tiani au Niger, Ibrahim Traoré au Burkina Faso. Avec comme affinités, des appels à la dignité, au respect et à la souveraineté des peuples. La moindre intelligence force à prêter attention à ces nouvelles formes que prend la révolution des pays émergents en lutte pour leur autodétermination face à une mondialisation sauvage entrainant la disparition de l’État-nation et l’émergence d’un monde contrôlé par les multinationales.

Il faut être dans le jeu et pas dans les gradins, pour contribuer au succès des luttes populaires. Il importe de soutenir les actions courageuses de toutes celles et de tous ceux qui luttent, les armes à la main, pour l’avènement d’un autre monde. La solution consiste à se mettre avec modestie au service des combattants qui, les mains nues ou à armes inégales, affrontent les monstres puissants du statu quo. Rappelons à cet égard qu’il y a un demi-siècle, en plein Manhattan, dans le ventre de la bête, le groupe engagé Atis Indepandan avait posé le problème et vu juste. Il a composé la belle mélodie Ki sa poun fè – Que faire ? qu’on peut écouter sur l’internet et dont nous reproduisons le refrain au tableau 1 suivant :

(FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE)

A voir


[1Haïti crises have reached « a critical point : UN envoy », UN News, 25 January 2024.

[2Germina Pierre Louis, 10 000 déplacés en une semaine, Le Nouvelliste, 16 février 2024.

[3Karl Lévêque, « Impressions d’un retour d’exil », Revue Relations, No 519, Avril 1986.

[4Lazaro Gamio, Constant Méheut, Catherine Porter, et al, « Haïti lost billions », New-York Times, May 20, 2022.

[5Robert Lustig, Metabolical : The Lure and the Lies of Processed Food, Nutrition, and Modern Medicine, Harper, 2021.