P-au-P., 26 février 2024 [AlterPresse] --- La désinformation constitue une violation grave des droits humains et un frein à la gouvernance démocratique en Haïti, soulignent des intervenants à un forum, organisé, en présentiel et sur Internet, le jeudi 22 février 2024, autour d’une campagne de sensibilisation contre le désordre de l’information, dans les locaux de Groupe Médialternatif (Gm), et auquel a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
« Désinformation, instabilité politique et citoyenneté : le rôle des médias et des journalistes » était le thème choisi pour le forum du jeudi 22 février 2024.
Toute la société a le droit d’être bien informée par des informations vérifiées. Les mauvaises informations entrainent de grandes conséquences sur la société, qui les consomme, avance le coordonnateur de l’institut Panos, Jean-Claude Louis.

Jean-Claude Louis encourage les journalistes, les médias et la société civile à lutter contre la désinformation, en vue de réduire les préjudices et la vulnérabilité qu’elle pourrait produire.
En ce sens, il préconise la mise en place d’un observatoire des médias, qui serait issu des organisations sociales.
La désinformation, un frein à la gouvernance démocratique
Pour sa part, la journaliste Marie Raphaëlle Pierre se réfère à une évaluation de l’écosystème d’information de Port-au-Prince, réalisée, entre les mois de mai et d’août 2020, par l’Institut Panos Caraïbes et l’organisation internationale Internews, pour parler de la désinformation.
La désinformation, selon les données de Panos Caraïbes et Internews représente non seulement la cause principale de la méfiance d’une bonne partie de la population, mais aussi un frein à la gouvernance démocratique, reprend-t-elle.
La meilleure manière de lutter contre la désinformation est de mettre en lumière la gouvernance démocratique, c’est-à -dire la liberté d’expression, la transparence, la participation et la collaboration, ajoute-t-elle.
Dans une gouvernance démocratique, les médias doivent éduquer la population sur la notion de gouvernance démocratique, les mieux l’informer pour l’aider à effectuer de meilleurs choix. Les médias doivent encourager les citoyennes et citoyens à s’intéresser à la politique, à la vie publique, et les aider à comprendre les problèmes et les enjeux politiques, estime Marie Raphaëlle Pierre.

Elle relève combien les médias contribuent à l’établissement d’un environnement favorable à la gouvernance démocratique.
« Les médias libres et pluralistes sont essentiels à la gouvernance démocratique ».
L’absence de transparence peut engendrer deux dangers à la gouvernance démocratique : la méfiance des citoyennes et citoyens par rapport aux médias et la méfiance des citoyennes et citoyens par rapport à l’État et aux sources d’information, prévient-elle.
« Pour bien jouer leur rôle dans une gouvernance démocratique, les médias ont besoin d’être efficaces. Cette efficacité doit se traduire à travers leur honnêteté, la compétence des journalistes et leur professionnalisme ».
Mise en garde contre les sources d’informations non crédibles
Présent au forum du jeudi 22 février 2024, le secrétaire général de l’Association des journalistes haïtiens (Ajh), Jacques Desrosiers, appelle les internautes à la vigilance face aux sources d’informations sur les réseaux sociaux.
En effet, il y a des pages Facebook et X, qui relaient toutes sortes d’informations sans vérification, met-il en garde.
Face à une cette situation, Jacques Desrosiers exhorte les internautes à ne pas partager de telles informations, tant qu’un média crédible ne les aurait pas confirmées.
Il déplore l’absence de législation sur le fonctionnement du numérique en Haïti, après une vingtaine d’années.
Jacques Desrosiers conseille aux journalistes de travailler avec professionnalisme en suivant le code déontologique du métier.
Le forum du jeudi 22 février 2024 a été organisé par la Solidarité des femmes journalistes haïtiennes (Sofejh) avec l’appui du Groupe Médialternatif (Gm).
Il s’inscrit dans le cadre d’une campagne de sensibilisation Medya, jounalis, sitwayen : kanpe goumen kont dezenfòmasyon », conduite par le Groupe Médialternatif et supportée par l’Organisation internationale de la francophonie (Oif) et l’Union européenne (Ue).
Dans le cadre de cette campagne, le Gm a organisé, le 22 décembre 2023, un webinaire autour du thème « techniques et outils adaptés de fact-checking en Haïti : bilan des outils haïtiens Toma et Ti Tchek ». [je emb rc apr 26/02/2024 10:15]
