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Haïti : Une cinquantaine de personnes, dont Martine Joseph Moïse, Claude Joseph et Léon Charles, inculpées dans l’assassinat de Jovenel Moïse

P-au-P., 19 février 2024 [AlterPresse] --- Une cinquantaine de personnes, dont Marie Étienne Martine Joseph Moïse, épouse du défunt président, Claude Joseph, ancien premier ministre et ex-ministre des affaires étrangères et des cultes, et l’ex-directeur général de la police Léon Charles, sont renvoyées par devant le tribunal criminel, dans le cadre du dossier d’ assassinat, le mercredi 7 juillet 2021, de l’ancien président Jovenel Moïse.

C’est ce qui ressort de l’ordonnance en date du 25 janvier 2024 (rendue publique le 19 février 2024) du juge d’instruction Walther Wesser Voltaire, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

L’ancien titulaire ad intérim (14 avril 2021 - 20 juillet 2021) du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (Miict) Louis Gonzague Edner Day, l’ancien chef ad intérim de la police (16 novembre 2020 - 21 octobre 2021 ; mars 2004 - juillet 2005) Léon Charles, l’ancien responsable de l’Unité de sécurité générale du Palais national (Usgpn) l’inspecteur de police Dimitri Hérard, l’ancien directeur général de l’Agence nationale des aires protégées (Anap) Jeantel Joseph et Joseph Félix Badio arrêté par la police à Pétionville le jeudi 19 octobre 2023 sont également renvoyés par devant le tribunal criminel pour leur complicité dans l’assassinat de l’ex-président Jovenel Moïse.

Réactions de Me. Samuel Madistin

Le cabinet d’instruction devrait envoyer une copie de la décision du juge au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, puis à toute personnes impliquées dans le dossier, qu’elles soient libre ou en prison, a expliqué Me Samuel Madistin, avocat de Reynaldo Corvington et Dominique Cauvin, deux accusés dans cette affaire, dans un entretien à AlterPresse.

L’ordonnance a une valeur de « vérité judiciaire », reconnait-t-il.

Toutefois, sa publication ne signifie pas que les autorités vont arrêter tous ceux qui ne sont pas en prison et dont les noms sont mentionnés dans le dossier, souligne Me. Madistin précisant combien il n’a pas encore été signifié en ce qui concerne cette ordonnance.

A partir de la date, au cours de laquelle le commissaire du gouvernement a reçu la décision judiciaire, celui-ci a un jour franc pour faire appel s’il n’est pas d’accord, explique-t-il.

Martine Joseph Moïse inculpée pour ses déclarations contradictoires et refus de coopérer

« Les déclarations de Martine Moïse, relatives à l’événement tragique de l’assassinat du président Jovenel Moise, sont si entachées de contradictions qu’elles laissent à désirer et la discréditent », relève l’ordonnance du 25 janvier 2024, rendue publique ce 19 février 2024.

« Martine Moïse laissait entendre que pour s’être protégée des assaillants, elle se réfugiait sous le lit conjugal du couple présidentiel. Pourtant, la visite des lieux a permis à notre chambre d’instruction criminelle de découvrir que tel que ce meuble est fabriqué, même un rat géant, dont la taille mesure entre 35 et 45 centimètres, ne peut accéder au-dessous duquel pour s’y cacher », poursuit-elle, non sans ironie.

Martine Joseph Moïse se trouvait avec son mari à l’intérieur de leur résidence privée à Pèlerin 5 (périphérie est) avec leurs deux enfants, lorsque les assassins ont fait irruption et ont abattu Jovenel Moïse, âgé de 53 ans.

Ayant survécu à l’attaque, Martine Joseph Moïse a été transportée à Miami (États-Unis d’Amérique) pour être soignée, avant de revenir en Haïti.

Elle avait saisi le parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince d’une plainte avec constitution de partie civile, par requête en date du 06 octobre 2021.

Un mandat d’amener a été décerné en date du 25 octobre 2023 contre la concernée, qui a refusé de comparaître par devant la chambre d’instruction criminelle à deux reprises, dont la dernière date du lundi 31 octobre 2022.

La chambre d’Instruction criminelle a inculpé formellement la plaignante avec constitution de partie civile, en se basant sur les données recueillies dans le cours de l’instruction.

Par ailleurs, Marie Étienne Martine Joseph Moïse s’était rendue au Palais national dans la soirée du lundi 05 juillet 2021, soit deux jours avant l’assassinat de Jovenel Moïse, où elle emportait un tas d’objets, relate l’ordonnance.

« Ce déménagement a duré près de cinq heures d’horloge, soit de dix heures du soir (05 juillet 2021 à 3 heures du matin - 06 juillet 2021) », selon les témoignages recueillis de l’ex secrétaire général du Palais national, Lyonel Valbrun, à la chambre d’instruction criminelle en date du 16 novembre 2023, ajoute-t-elle.

« Le vendredi 09 juillet 2021, soit deux jours après l’assassinat du président Jovenel Moïse, Marie Étienne Martine Joseph Moise l’avait appelé pour lui dire : « Jovenel pa t fè anyen pou nou. Fòk ou louvri biwo prezidan an bay Ti Klod (Claude Joseph) pou l fè yon konsèy minis. Li pral fè eleksyon nan twa mwa pou m ka vini prezidan, se kounya nou pral gen pouvwa », a laissé entendre l’ex secrétaire général du Palais national par devant la chambre d’instruction criminelle, toujours selon l’ordonnance du 25 janvier 2024, rendue publique ce 19 février 2024.

Suite à cet appel, Lyonel Valbrun a déclaré avoir pris la résolution de faire apposer des scellés sur la porte d’entrée du bureau de Jovenel Moïse au Palais national. [emb rc apr 19/02/2024 14:12]