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Haïti-Crise : Ariel Henry met de l’huile sur le feu, selon l’économiste Leslie Péan

P-au-P., 16 février 2024 [AlterPresse] --- Les mobilisations pour réclamer le départ du premier ministre de facto, Ariel Henry, se sont radicalisées avec l’attitude contestataire de la Brigade de surveillance des aires protégés (Bsap), relève l’écrivain et économiste Leslie Péan, lors de son intervention à l’émission Tichèzba, diffusée sur AlterRadio 106.1 F.m. et suivie par AlterPresse.

Cette radicalisation serait survenue, surtout après la mort, le mercredi 7 fevrier 2024, de 5 agents de la Bsap tuees par la police et la tentative d’assassinat supposée de l’ancien officier de police Guy Philippe, laisse entendre Péan.

« Ariel Henry a déclaré la guerre au pays. C’est lui qui aurait envoyé tuer Guy Philippe, pensant qu’une fois ce dernier mort, le mouvement contre lui faiblira. Or, ça s’est tourné contre lui. La Bsap a radicalisé encore plus ce mouvement », examine-t-il.

Lors d’une opération effectuée le mercredi 7 février 2024, à Laboule dans la commune de Pétionville (municipalité à l’est de la capitale), au moins 5 agents de la Bsa ont été tués par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh), alors qu’ils s’apprêtaient à participer aux mobilisations antigouvernementales à Port-au-Prince.

La Pnh a arrêté trois (3) autres membres de la Bsap et saisi un véhicule, à bord duquel ils se trouvaient.

« L’attaque contre les agents de la Bsap visait à m’éliminer physiquement », a dénoncé dans la presse Guy Philippe, informant combien le véhicule à bord duquel il se trouvait était sur les lieux à plusieurs dizaines de mètres (à 5 minutes) de la fusillade.

Guy Philippe a appelé à neutraliser les défenseurs du gouvernement de facto d’Ariel Henry.

La bataille sur le terrain, où la population réclame de bonnes conditions de sécurité et des dispositions conséquentes contre la vie chère, doit se poursuivre contre le pouvoir de facto d’Ariel Henry, souhaite l’écrivain et économiste Leslie Péan.

La mobilisation doit continuer, même si l’ancien officier de police Guy Philippe, déporté par le gouvernement américain le jeudi 30 novembre 2023 après 6 ans de prison aux États-Unis d’Amérique pour trafic de drogue, consécutive à son arrestation le jeudi 5 janvier 2017 à Pétionville, a rejoint le mouvement, encourage-t-il.

Leslie Péan souligne combien est importante la Bsap sur le terrain, par-delà Guy Philippe, puisqu’elle est ancrée plus fondamentalement dans la lutte en cours pour une sortie à la crise multidimensionnelle actuelle.

La Bsap est constituée de soldats armés, ayant une capacité de feu face aux gangs armés et aux groupes de personnes qui sont autour d’Ariel Henry, fait-il remarquer.

Les agents de la Bsap ont été vus, à maintes reprises, en compagnie de centaines de citoyennes et citoyens, lors de manifestations antigouvernementales, parfois émaillées de scènes de violences, dans différentes villes en province, notamment à Hinche (Plateau central) et à Ouanaminthe (Nord-Est).

Les autorités américaines n’auront d’autre choix que de demander le départ d’Ariel Henry quant elles verront combien le peuple haïtien veut à tout prix combattre le système, explique Leslie Péan.

« Nous n’arriverons pas à une justice nette et parfaite d’un seul coup. Cela va prendre des années », déclare l’économiste, très conscient qu’une sortie de crise demandera des concessions de part et d’autre.

Il peut y avoir autant de transitions dans le pays, si cela s’avère nécessaire, pour arriver à des élections correctes, avance-t-il, régissant aux déclarations d’Ariel Henry, qui avait affirmé qu’ « une transition ne peut pas déboucher sur une autre transition ».

Le travail principal d’un gouvernement de transition est de créer les conditions pour organiser des élections, de sorte à donner au peuple haïtien son droit souverain, de sorte qu’il puisse choisir, en toute liberté, la personne qui doit diriger le pays à tous les niveaux, a dit Ariel Henry, dans une adresse à la nation le 7 février 2024.

Il a promis à nouveau de relancer le processus pour remettre le pouvoir aux dirigeants, que le peuple choisirait dans de bonnes élections, dès que le problème de la criminalité sera résolu.

Ces promesses sans cesse renouvelées d’Ariel Henry, qui affiche beaucoup d’insouciance par rapport à la détérioration de la situation sécuritaire et socio-économique du pays, n’ont jusqu’à présent pas été tenues. [mff emb rc apr 15/02/2024 10:25]