P-au-P., 08 février 2024 [AlterPresse] --- Le Bureau des Nations unies pour la coordination des affaires humanitaires en Haïti (Ocha) déplore les graves impacts des dernières mobilisations antigouvernementales, accompagnées de troubles et violences populaires, sur la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire et les transports, dans la capitale, Port-au-Prince, et différentes villes en province, dans un rapport consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Ocha mentionne des perturbations majeures dans les opérations humanitaires des Nations Unies et des Organisations non gouvernementales (Ong), entravant l’accès aux services sociaux essentiels pour la population haïtienne.
Les lundi 5, mardi 6 et mercredi 7 février 2024, « Les manifestations ont été marquées par des violences, des barrages routiers et des pillages, entraînant des affrontements avec la police, qui ont fait plusieurs morts et blessés, notamment à Port-au-Prince, Ouanaminthe (Nord-Est) et Mirabelais (Plateau central) ».
La suspension ou le ralentissement des opérations humanitaires a provoqué des conséquences sur l’assistance prévue, en particulier aux personnes déplacées, poursuit Ocha.
« L’accès aux sites de personnes déplacées est difficile pour les partenaires humanitaires, et la distribution de l’aide humanitaire vers le Sud est compromise par les difficultés d’accès au port ».
Ocha condamne le pillage d’une organisation humanitaire dans le département du Sud, entravant gravement ses opérations dans les prochains jours.
L’Hôpital Université de la Paix de Port-au-Prince a admis une dizaine de personnes blessées.
L’accès des communautés aux services de santé a été contrarié par les barrages routiers, imposés par les manifestantes et manifestants, et les restrictions imposées à la circulation des personnes, y compris des agents de santé, signale Ocha.
« Depuis mi-janvier 2024, des manifestations et protestations publiques ont conduit à la fermeture temporaire de plus de 1,000 écoles à travers le pays, notamment à Port-au-Prince et dans les zones urbaines de l’Ouest, de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest d’Haïti), du Nord-Est, des Nippes (autre partie du Sud-Ouest) et de l’Artibonite ».
De plus, « les troubles ont affecté les activités commerciales et économiques, notamment l’approvisionnement en produits alimentaires ».
Une étude récente du Programme alimentaire mondial (Pam) fait état d’une augmentation des prix des denrées alimentaires de 23% dans les départements du Sud et des Nippes, suite aux semaines d’insécurité.
« Environ 90,000 personnes à travers le pays ont été touchées par cette hausse des prix, limitant leur capacité à accéder aux produits de base ».
« La poursuite des protestations et des blocus pourrait encore détériorer la situation alimentaire de la population », prévient Ocha.
Il relève aussi une forte perturbation des transports routiers et aériens, avec l’annulation des vols humanitaires et des vols commerciaux internes, qui réduit la capacité de déplacement des actrices et acteurs humanitaires et des communautés.
Des mouvements de protestations populaires, enclenchés depuis plusieurs semaines à travers Haïti, pour exiger le départ du gouvernement de facto d’Ariel Henry, continuent de paralyser, jusqu’au jeudi 8 février 2024, l’ensemble des activités scolaires et commerciales sur le territoire national.
« Une transition ne peut pas déboucher sur une autre transition », s’obstine mordicus le premier ministre de facto Ariel Henry, dans une adresse à la nation, diffusée tôt le jeudi 8 février 2024, dans ce contexte de troubles.
Une position assimilée à une déclaration de guerre contre les forces vives en Haïti par différents secteurs, qui pointent la volonté dictatoriale de ce gouvernement de facto, caractérisé par une absence flagrante de résultats et un niveau de plus en plus élevé de criminalité et de terreur en toute impunité des gangs armés, durant 30 mois de gestion calamiteuse après son installation le 20 juillet 2021 consécutive à un tweet de la communauté internationale.
Le sang et les larmes ont assez coulé, déclarent les Évêques catholiques romains en Haïti, exhortant le premier ministre de facto Ariel Henry « à se rendre compte de la gravité de la situation actuelle et à prendre une décision sage pour le bien de toute la Nation, qui est sérieusement menacée dans ses fondements mêmes ». [emb rc apr 08/02/2024 21:40]