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Crise : Pas de nouvelle transition en Haïti, s’obstine Ariel Henry

P-au-P., 08 février 2024 [AlterPresse] --- « Une transition ne peut pas déboucher sur une autre transition », déclare mordicus le premier ministre de facto Ariel Henry, dans une adresse à la nation diffusée tôt le jeudi 8 février 2024, dans le contexte des mouvements de protestations populaires enclenchés depuis plusieurs semaines à travers le pays contre son gouvernement de facto.

Le travail principal d’un gouvernement de transition est de créer les conditions pour organiser des élections, de sorte à donner au peuple haïtien son droit souverain, de sorte qu’il puisse choisir en toute liberté la personne qui doit diriger le pays à tous les niveaux, rappelle-t-il, dans cette adresse à la nation suivie par l’agence en ligne AlterPresse.

Il promet à nouveau de relancer le processus pour remettre le pouvoir aux dirigeants que le peuple choisira dans de bonnes élections, dès que le problème de la criminalité sera résolu.

Les élections, qui devraient être organisées depuis plusieurs années, ont été reportées à plusieurs reprises.

La date du 7 février 2024 marque fin de la période de transition avec le premier ministre de facto Ariel Henry, selon l’article 20 de l’accord 21 décembre 2022, appelé Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes.

A l’appel de plusieurs partis politiques et regroupements politiques, des mobilisations, enclenchées depuis plusieurs semaines, sont toujours en cours, dans la capitale, Port-au-Prince, et différentes villes en province, pour exiger le départ d’Ariel Henry.

Des scènes de pillages et d’incendie ont été enregistrées dans ces mouvements de protestations antigouvernementales, qui ont pris une autre tournure avec l’arrivée de l’ancien officier de police Guy Philippe, qui a appelé à la révolution.

Déporté en Haïti le jeudi 30 novembre 2023, après 6 ans d’emprisonnement pour blanchiment d’argent lié au trafic de drogue aux États-Unis d’Amérique, Guy Philippe, qui a été vu à plusieurs reprises avec des agents de la Brigade de sécurité des aires protégées (Bsap), lors de ses déplacements, a déjà purgé une peine de 6 ans de prison pour trafic de drogue et blanchiment des avoirs.

Lors de ses différentes interventions dans la presse, Guy Philippe a appelé à la révolution et à la désobéissance civile pour forcer Ariel Henry à laisser le pouvoir.

Arrêté à Pétionville le jeudi 5 février 2017 par la Brigade de lutte contre le trafic de stupéfiants (Blts), Guy Philipe a purgé une peine de 6 ans de prison aux États-Unis pour blanchiment d’argent lié au trafic de la drogue.

Cinq (5) agents de la Bsap ont été tués, dans des circonstances encore floues, à Laboule, dans la commune de Pétionville (municipalité à l’est de la capitale, Port-au-Prince), par la Police nationale d’Haïti (Pnh), qui a arrêté trois (3) autres membres de la Bsap, dans le contexte des mouvements de protestations antigouvernementales.

Un véhicule, à bord duquel se trouvaient des agents de la Bsap qui sont à présent gardés à vue au commissariat de Pétionville, a été saisi par la Pnh.

Le chef du gouvernement de facto, qui n’entend pas laisser le pouvoir politique, malgré l’aggravation de la crise socio-politique et l’absence de résultats de son gouvernement de facto depuis le 20 juillet 2021, continue d’appeler à l’unité et au dialogue, en vue d’une issue à la crise, dans son discours à la nation.

Ariel Henry ne fait pas partie de la solution. Son départ est indispensable pour trouver une issue à la crise, estiment plusieurs groupes politiques de l’opposition.

« Tous ceux-là et toutes celles, qui refusent les élections et qui optent pour la violence, le dechoukaj (actes de démolition et de pillage), les tueries pour la prise du pouvoir, ils ne travaillent pas dans l’intérêt du peuple haïtien », déclare Ariel Henry.

Le gouvernement de facto fera de son mieux pour que la force internationale, sollicitée aux pays amis pour combattre les gangs et résoudre la criminalité, puisse rentrer en Haïti, réitère le premier ministre de facto.

« En attendant, nous faisons beaucoup d’efforts pour renforcer les capacités d’intervention de toutes nos forces de sécurité légales. Vous verrez les résultats », dit-il encore.

La Cour suprême du Kenya a rejeté, le vendredi 26 janvier 2024, la demande du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) pour le déploiement de policiers kenyans sur le territoire d’Haïti.

« La demande de déploiement de policiers kenyans, faite par l’Onu, est inconstitutionnelle, nulle et non avenue. Il n’y a aucun accord réciproque entre le Kenya et Haïti. L’article 240 de la Constitution kenyane ne donne pas de mandat au Conseil national de sécurité de déployer des officiers de police kenyans en dehors du Kenya », a décidé la Cour suprême du Kenya.

Dans une déclaration en date du vendredi 26 janvier 2024, le gouvernement du Kenya a déclaré prendre note de la décision de la Haute Cour du Kenya, rejetant la demande de déploiement de policiers kenyans pour aider la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas)à rétablir l’ordre public en Haïti.

Ce déploiement de la Mmas a été validé le lundi 2 octobre 2023 par une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu , suite à une demande, le vendredi 7 octobre 2022, du gouvernement de facto d’Ariel Henry.

Le Kenya, un des pays membres de l’Onu, devrait assurer le commandement de cette force. [emb rc apr 08/02/2024 10:45]