P-au-P., 05 février 2024 [AlterPresse] --- Le parti politique En Avant invite de nouveau les forces vives du pays à réaliser une conférence, pour trouver un compromis politique « historique » et « national suffisant », face au constat d’échec patent des autorités de facto en place, dans une note de conjoncture dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ce compromis « peut éviter un bain de sang et apporter la légitimité nécessaire à un gouvernement de transition, qui doit inspirer confiance à la société et aux actrices et acteurs politiques appelés à concourir aux prochaines joutes électorales », estime-t-il.
La finalité de ce compromis devrait être le rétablissement de la sécurité au plus vite, l’organisation d’élections et le retour à l’ordre constitutionnel, souligne le parti politique En Avant.
Depuis plusieurs semaines, les mouvements de protestations émaillés de violences se multiplient, dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince et différentes villes du pays, pour exiger le départ du premier ministre de facto Ariel Henry.
Ce nouvel appel au compromis du parti politique En Avant, qui survient dans un contexte d’agitations politiques, est adressé principalement au premier ministre de facto, Ariel Henry, qui « détient seul les rênes du pouvoir, et dont la bonne foi doit être le préalable fondamental à toute discussion politique sérieuse ».
Le parti politique En Avant fustige Ariel Henry et ses alliés politiques, qui « ont préféré se cacher derrière l’article 149 de la Constitution, et l’accord du 21 décembre (2022), pour perpétuer le statuquo, faisant fi d’un bilan, qui expose les limites sinon l’incompétence du gouvernement », dit-il.
Il exhorte le gouvernement de facto à respecter les résolutions souveraines de cette conférence des forces vives du pays et les partenaires internationaux d’Haïti à prendre acte de « cet ultime effort national ».
Les mobilisations en cours ont provoqué la paralysie de nombreuses activités scolaires et commerciales à travers le pays. Elles ont notamment affecté le fonctionnement des écoles.
Les activités scolaires demeuraient encore paralysées, le lundi 5 février 2024, dans la capitale, Port-au-Prince, et dans plusieurs autres villes, en province, pour une troisième semaine consécutive, dans un contexte de grève générale et de mobilisations pour protester contre la criminalité et exiger le départ du gouvernement de facto en place.
En 6 jours, du samedi 27 janvier au jeudi 1er février 2023, une dizaine de personnes auraient été tuées à Pernier (est de la capitale, Port-au-Prince) et des dizaines d’autres à Cité Soleil (nord), lors des affrontements entre des gangs armés, selon des informations relayées dans la presse locale.
Un total de 3,314 personnes, soit 810 ménages, ont été contraintes de se déplacer, à cause des violences perpétrées, ces derniers jours, par les gangs armés dans les quartiers de Pernier et ses environs, dans la commune de Pétionville (est), de Drouillard, de Wharf à la Saline, dans la commune de Cité Soleil (nord) et dans la municipalité de Port-au-Prince, selon un décompte de l’organisation internationale pour les migrations (Oim), dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Il y a eu 1,398 personnes déplacées à Pernier, 1,239 autres au wharf de la Saline ainsi que 677 à Drouillard, précise l’Oim.
« L’arme de la dialectique contre la dialectique des armes »
Le parti politique En Avant invite les éminentes personnalités de la Communauté des Caraïbes (Caricom), l’Organisation des Nations unies (Onu), dont Haïti est membre fondatrice, à être les grands témoins et garants du consensus et de la feuille de route, qui sortiront de la conférence politique préconisée.
Il demande à tous les regroupements politiques de privilégier l’arme de la dialectique sur la dialectique des armes.
« La violence des armes et les appels à la destruction ne peuvent qu’empirer le drame actuel », avertit le parti politique En Avant, qui décrit une situation où la violence continue de faire rage, avec son lot de kidnappings, d’insécurité et d’affrontements entre gangs armés rivaux, qui prennent la capitale, Port-au-Prince, en otage.
Au cours de l’année 2023, plus de 8,400 personnes ont été tuées, blessées et/ou kidnappées, a signalé le Bureau intégré des Nations unies (Binuh).
Plus de 5,000 personnes ont été tuées, dans les violences des gangs armés qui ravagent Haïti, a fait savoir le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, dans un rapport publié le mardi 23 janvier 2024.
A cause des violences des gangs armés, plus de 310,000 personnes ont été déplacées à l’intérieur d’ Haïti en 2023, a relevé, le 26 janvier204, l’Organisation internationale pour les migrations (Oim).
Ces milliers de personnes déplacées vivent dans des familles d’accueil ou dans des abris de fortune ou à ciel ouvert, avec peu ou pas d’assistance humanitaire, déplore l’organisation internationale Human Rights Watch.
La directrice exécutive de l’organisation internationale Human Rights Watch (Hrw), l’Australienne Tirana Hassan, a souhaité une réponse internationale urgente contre les niveaux de violence terrifiants en Haïti, dans un discours prononcé lors d’une réunion, le jeudi 25 janvier 2024, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur la crise en Haïti. [emb rc apr 05/02/2024 15:00]