P-au-P, 05 février 2024 [AlterPresse] --- Les activités scolaires demeurent encore paralysées, ce lundi 5 février 2024, dans la capitale, Port-au-Prince, et dans plusieurs autres villes, en province, pour une troisième semaine consécutive dans un contexte de grève générale et de mobilisations pour protester contre la criminalité et exiger le départ du gouvernement de facto en place, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Les établissements scolaires continuent de garder leurs portes fermées, en raison de la fragilité de la situation sécuritaire.
Beaucoup de responsables d’écoles de la zone métropolitaine de Port-au-Prince ont demandé aux parents de ne pas envoyer leurs enfants à l’école pour l’instant, afin d’éviter qu’ils soient victimes lors des tirs nourris d’armes à feu, qui persistent, ces derniers jours dans différents quartiers.
Des rafales de tirs d’armes ont été entendues, tôt ce lundi 5 février 2024, dans certains quartiers, comme Solino, Delmas 24, l’avenue Martin Luther King communément appelée Nazon, Christ-Roi, etc.
Un ralentissement au niveau de la circulation automobile est observé sur plusieurs circuits dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
Des patrouilles policières sont aussi remarquées dans divers axes du centre-ville de Port-au-Prince.
Le commerce formel et informel fonctionnement normalement.
Quoi qu’il en soit, la plupart des habitantes et habitants envisageaient déjà de ne pas envoyer leurs enfants à l’école, depuis de nombreux jours, et de rester chez eux, en raison de la volatilité de la situation, particulierement à l’approche de la date du 7 février 2024, aujourd’hui en Haïti.
La date du 7 février 2024 devrait être le moment de tirer la révérence de la part du gouvernement de facto, crédité de résultats catastrophiques, notamment au niveau sécuritaire avec le niveau de plus en plus élevé des actes de terreur et de criminalité exacerbées des gangs armés, depuis son installation le 20 juillet 2021 à la suite d’un tweet de la communauté internationale, estiment différentes organisations sociopolitiques.
Dans ce contexte délétère, l’ambassade du Canada en Haïti a annoncé sa fermeture aux visiteuses et visiteurs le lundi 5 février 2024, indiquant combien « les opérations se poursuivent, mais que tous les rendez-vous en personne sont annulés ».
Beaucoup d’organisations internationales ont également exhorté leurs personnels à observer la prudence, à travailler à distance dans la mesure du possible, selon les informations disponibles.
Dans la ville des Cayes (Sud), plusieurs routes sont bloquées par des barricades de pierres et de pneus usagés enflammés, tôt ce lundi matin 5 février 2024.
Une manifestation, à laquelle a pris part le principal dirigeant du parti politique Pitit Desalin, Jean-Charles Moïse, a rassemblé le dimanche 4 février 2024, à Port-au-Prince, des centaines de citoyennes et citoyens, dont des militants politiques, pour exiger le départ d’Ariel Henry.
Voulant à tout prix se rendre devant le bureau du premier ministre de facto, situé à Musseau (Pétionville), la foule de manifestantes et manifestants, qui a parcouru Delmas, Pétionville et Bourdon, a été dispersée à coups de gaz lacrymogènes par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh).
Après les 2 journées de grève générale, les lundi 29 et mardi 30 janvier 2024, la Brigade syndicale anti-corruption (Bsac) et des organisations alliées ont annoncé, de nouveau, deux journées de grève générale à travers Haïti, les lundi 5 et mardi 6 février 2024, pour demander aux autorités de prendre des mesures pour contrecarrer la terreur et la criminalité des gangs armés.
La semaine dernière, parmi leurs forfaits, ces gangs armés se sont emparés, sur le littoral de Mariani, proche de Port-au-Prince, d’un bateau transportant des dizaines de personnes et des marchandises, qui faisait route vers le Sud d’Haïti.
Aucune information n’est disponible sur le sort des passagères et passagers kidnappés et séquestrées, ni du bateau détourné, rapportent des parents déjà la presse locale.
Depuis le mercredi 1er novembre 2023, des gangs armés tentent d’établir une base criminelle à Mariani, bloquant les allées et venues de Port-au-Prince vers le reste du département de l’Ouest, les départements du Sud-Est, du Sud, de la Grande Anse et des Nippes (Sud-Ouest d’Haïti)
Diverses organisations socio-politiques et syndicales ont également projeté de manifester dans les rues de Port-au-Prince et dans plusieurs villes en province, les lundi 5, mardi 6 et mercredi 7 février 2024, en vue de continuer d’exiger le départ du premier ministre de facto, Ariel Henry.
Le mercredi 7 février 2024 marque le 38e anniversaire de la chute - le 7 février 1986 - de la dictature des Duvalier.
Plusieurs organisations sociales dans le département du Sud, comme Konbit aksyon popilè Sid (Kpas), Òganizasyon lave je koray Anri (Olajeka) et la branche départementale de Tèt kole ti peyizan ayisyen ont annoncé aussi la poursuite de la mobilisation dans plusieurs villes, notamment celle des Cayes, contre la criminalité, la vie chère, l’injustice et le gouvernement de facto d’Ariel Henry.
Plusieurs citoyennes et citoyens, dont des militantes et militants politiques, ont de nouveau manifesté, le mercredi 31 janvier 2024, dans les rues de Pétionville, de Delmas et de Port-de-Paix (département du Nord-Ouest), pour continuer d’exiger la démission du premier ministre de facto, Ariel Henry.
La manifestation anti-gouvernementale du 31 janvier 2024 a été violemment dispersée à coups de gaz lacrymogènes, lancés par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) devant l’ambassade du Canada, entre Delmas 75 et 71.
A Port-de-Paix (département du Nord-Ouest), de nombreuses personnes ont également gagné les rues, le mercredi 31 janvier 2024, pour critiquer l’absence de résultats probants du gouvernement de facto, notamment contre la terreur des gangs armés, depuis son installation le 20 juillet 2021, il y a plus de 30 mois, fin janvier 2024.
Les lundi 29 et mardi 30 janvier 2024, des mobilisations émaillées de violences, contre Ariel Henry ont été observées dans plusieurs villes en province, comme Cap-Haïtien (Nord), Cayes (Sud), Gonaïves (Artibonite), Jérémie (Grande Anse/ une partie du Sud-Ouest), Miragoâne (Nippes, autre partie du Sud-Ouest), Petit-Goave (Ouest).
Ces démonstrations de rues ont provoqué une perturbation des activités commerciales, scolaires et des transports en commun dans ces villes. [emb rc apr 05/02/2024 11:10]
Photos : Pierre-Antoine Chérilin