P-au-P., 1er février 2024 [AlterPresse] --- La dégradation du climat sécuritaire en Haïti, notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, a provoqué la fermeture brutale de plus d’un millier d’établissements publics et privés, alerte la Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration (Cojhit), dans une enquête dont les données ont été transmises à l’agence en ligne AlterPresse.
C’est un véritable désastre scolaire, qui met en péril le devenir de plusieurs milliers d’enfants et de jeunes, déplore la Cojhit.
Plusieurs établissements scolaires, situés au bas de Delmas, à Bel Air, La Salline et Carrefour Feuilles, sont affectés par les manœuvres criminelles des gangs armés.
Les écoles congréganistes sont également affectées.
L’institution Sainte Rose de Lima (plus connue sous le nom des Sœurs de Lalue / avenue John Brown) à Port-au-Prince annonce la suspension de ses cours en présentiel, après qu’une balle perdue a heurté la fenêtre d’une salle de classe avant de retomber sur la cour de récréation, le mercredi 31 janvier 2024, dans une circulaire dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Cet incident est survenu au moment où des élèves et une maîtresse se trouvaient en salle de classe, ajoute-t-elle.
Les cours se poursuivront à distance jusqu’à nouvel ordre, en vue de garantir « la sécurité des enfants, qui nous sont confiées, et celle de nos collaborateurs et collaboratrices, et de ne pas les exposer aux balles perdues atteignant les salles de classe », explique-t-elle.
Après le kidnapping, le vendredi 19 janvier 2024 à Port-au-Prince, de 8 personnes, dont 6 religieuses. finalement libérées dans la soirée du mercredi 24 janvier 2024, la congrégation des Sœurs de Sainte Anne avait décidé de suspendre les cours, à partir du lundi 22 janvier 2024, dans tous les établissements scolaires sous sa responsabilité en Haïti.
Depuis plusieurs semaines, un nombre indéterminé d’établissements scolaires privés ont suspendu les cours en salles de classes, en raison des turbulences politiques, incluant la terreur des gangs armés, selon les témoignages obtenus par AlterPresse/AlterRadio.
La Cojhit s’inquiète d’un désastre scolaire avec la terreur des gangs armés en Haïti
La Cojhit signale une escalade de fermeture des portes des établissements scolaires, tant privés que publics.
« À Thomazeau (l’une des municipalités au nord-est de Port-au-Prince), sur les 35 écoles privées et publiques existantes, toutes les portes sont restées fermées depuis le mois d’octobre 2023, date à laquelle les autorités policières ont décidé de livrer toute la population de cette commune et en particulier les enfants, entre les mains de groupes armés », relève-t-elle à travers les données recueillies sur le terrain.
La Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration dénonce une aggravation significative de la situation de violation des droits à l’éducation des enfants, au cours des deux dernières années.
Plus de 200 écoles privées et publiques sont restées fermées dans la commune de la Croix-des-Bouquets (autre municipalité au nord-est de Port-au-Prince), particulièrement au niveau de la ville et des quartiers avoisinants, comme Dargout, Cottard, Duval, Savanne Blonde, Beudet, Meyer, Despinos, Nan Rigaud, nan Rémy, Cocoyer, Bellanton, une partie de Lilavois.
« Les rares écoles, qui ont accepté de fonctionner, arrivent à le faire quand les groupes armés leur accordent la permission. C’est le cas du Lycée Jacques 1er, de l’École nationale Charlotin Marcadieu, qui sont les deux écoles publiques situées dans la ville de la Croix-des-Bouquets », rapporte la Cojhit.
Les écoles privées qui restent, en dépit de tout, dans la commune de Croix-des-Bouquets, fonctionnent avec un effectif symbolique d’écolières et d’écoliers.
D’autres écoles à Croix-des-Bouquets ou dans des zones de proximité ont été relocalisées dans d’autres quartiers moins exposés aux violences des gangs armés ou dans d’autres communes, comme Tabarre ou Mirebalais (département du Plateau central).
A Tabarre (municipalité au nord-est de la capitale), certains établissements privés ont fermé définitivement leurs portes, tandis que les principales écoles publiques de la commune ne fonctionnent pas normalement.
Le lycée Guy François Malary, situé à Damien 9sur la route nationale No. 1, au nord de Port-au-Prince), a été contraint de fonctionner en une seule vacation, avec les affrontements armés survenus en 2022.
Les élèves ne parviennent pas à se présenter régulièrement en salles de cours, en raison de la détérioration accélérée du climat de sécurité dans le département de l’Ouest, note l’agence de promotion des droits humains et de la démocratie en Haïti.
Les manœuvres des gangs armés affectent considérablement les activités du Lycée Jean Marie Vincent, situé à Caradeux (dans la municipalité de Tabarre).
En plusieurs occasions, les écolières, écoliers ainsi que le personnel enseignant ont éprouvé beaucoup de difficultés à laisser le lycée pour retourner à leurs domiciles.
À Torcelle et les zones avoisinantes, les établissements scolaires et universitaires restent fermés depuis le début de l’année académique 2023-2024.
Au niveau de la route de Frères, de Pernier, de la rue Chavannes prolongée, dans la commune de Pétionville (périphérie est), plusieurs écoles privées et publiques sont restées fermées, y compris l’École nationale de Madioro, en dépit des efforts déployés par le staff responsable pour pouvoir relancer les activités scolaires, regrette la Cojhit.
Dans la commune de Carrefour (au sud de Port-au-Prince), plusieurs écoles sont également fermées pour cause de criminalité, apprend également la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Les assauts de gangs armés avec des tirs nourris se sont intensifiés, ces dernières semaines, à Carrefour.
Au niveau du département de l’Ouest, plusieurs milliers d’enfants ne peuvent pas profiter du pain de l’instruction, avec le nombre d’écoles hors de service en raison du climat de terreur qui s’installe dans les zones suscitées, rappelle la Cojhit.
Un nombre indéterminé d’établissements scolaires continuent de garder leurs portes fermées dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince et dans plusieurs villes en province, selon les informations rassemblées par AlterPresse/AlterRadio.
Depuis plusieurs jours, beaucoup d’établissements scolaires, surtout ceux proches des zones d’affrontements entre gangs armés, ne fonctionnent pas à Port-au-Prince.
Par rapport à la fragilité de la situation, les parents refusent de prendre le risque d’envoyer leurs enfants à l’école, pour qu’ils ne soient pas victimes de balles perdues ou d’éventuels dérapages.
Beaucoup d’écoles sont aussi fermées à Liancourt, Gros Morne, Lestère, Petite Rivière de l’Artibonite, Montrouis et des communes avoisinantes dans le département de l’Artibonite.
La Cojhit exhorte les autorités à mesurer l’ampleur des dégâts causés par la criminalité galopante et le phénomène croissant de gangstérisation en Haïti.
La Coalition de la jeunesse haïtienne pour l’intégration leur demande aussi de prendre toutes les mesures adéquates, pour garantir le respect des droits de l’enfant, en particulier le droit à l’éducation. [emb rc apr 1er/02/2024 12:15]
Photo : Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp)