P-au-P., 30 janv. 2024 [AlterPresse] --- Il n’existe aucune volonté réelle chez les autorités étatiques pour combattre la corruption chronique en Haïti, relève l’économiste Enomy Germain, lors d’une intervention à l’émission Ti chèz ba diffusée sur AlterRadio 106.1.fm et sur plusieurs autres plateformes Internet, suivie par AlterPresse.
C’est un pays généralement corrompu, où les institutions ne font pas leur travail, critique Enomy Germain, soulignant combien l’absence d’institutions, comme le parlement et la présidence, complique davantage la situation.
« L’ensemble des institutions ne jouent pas leur rôle de vigile. De plus, notre justice est extrêmement corrompue ».
Il devient difficile de combattre la corruption dans un pays comme Haïti, où celle-ci intervient dans les élections, regrette Enomy Germain, qui déplore une absence de sanctions et de barrières pour empêcher la corruption.
« La corruption devient une source de richesses faciles en Haïti », où le pouvoir d’achat n’existe pas, fustige-t-il.
De timides efforts ont été récemment consentis pour instruire certains dossiers de corruption, parmi les nombreux autres oubliés dans les tiroirs.
L’ex président de la chambre des députés en Haïti, Cholzer Chancy, a été arrêté le lundi 22 janvier 2024, à Port-au-Prince, suite à son audition par le juge Al Duniel Dimanche, qui instruit une affaire de corruption.
L’ancien député d’Ennery (Artibonite, Nord) venait de répondre aux questions du juge, dans le cadre d’une enquête, suite à un rapport de l’Unité de lutte contre la corruption (Ulcc) en ce qui concerne le détournement de matériels du Centre national d’équipements (Cne).
Cholzer Chancy fait partie d’une trentaine de personnalités, dont d’anciens premiers ministres et ministres, qui ont été convoqués par le juge, après une ordonnance émise le jeudi 4 janvier 2024.
Un mandat d’amener a été délivré par Al Duniel Dimanche contre l’ancien directeur général du Centre national des équipements (Cne), Jude Célestin, ancien candidat aux élections présidentielles de 2010 et de 2016 sous la bannière de la Ligue alternative pour le progrès et l’émancipation haïtienne (Lapeh), pour complicité de détournement de biens publics.
L’Ulcc indexe, entre autres, l’ancien sénateur Nènel Cassy, notamment dans des actes de détournements de biens publics, d’enrichissement illicite et la prise illégale d’intérêts.
Les anciens sénateurs Joseph Lambert, Wanique Pierre, Richard Lénine Hervé Fourcand et Garcia Delva sont soupçonnés de détournement de biens publics par l’Ulcc.
En novembre 2023, le regroupement d’organisations de droits humains Ensemble contre la corruption (Ecc) avait demandé aux parquets concernés de traduire en justice, le plus vite possible, les personnalités épinglées dans les rapports d’enquête de l’Unité de lutte contre corruption (Ulcc), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Les quatre parquets près les tribunaux civils concernés, selon les domiciles géographiques des personnes pointées, sont ceux de Port-au-Prince (département de l’Ouest), de Hinche (Plateau central), de Fort-Liberté (Nord-Est) et de Saint-Marc (Artibonite), a précisé le regroupement Ecc.
L’Office national d’assurance vieillesse (Ona) et l’Autorité portuaire nationale (Apn) sont aussi indexées dans des actes de corruption graves, a fait remarquer le regroupement d’organisations de droits humains. [mff emb rc apr 30/01/2024 15:20]