Jérémie (Haïti), 30 janv. 2024 [AlterPresse] --- Les mouvements de rue, parfois émaillés de violences, se multiplient, depuis plusieurs jours, dans différentes villes de province, pour exiger le départ du premier ministre de facto Ariel Henry, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Des mobilisations contre Ariel Henry ont été observées dans plusieurs villes en province, comme Cap-Haïtien (Nord), Cayes (Sud), Gonaïves (Artibonite), Jérémie (Grande Anse/ une partie du Sud-Ouest), Trou du Nord, Terrier Rouge, Fort Liberté et Ouanaminthe (Nord-Est), Miragoâne (Nippes, autre partie du Sud-Ouest), Petit-Goave (Ouest) , provoquant une perturbation des activités commerciales, scolaires et des transports en commun.
Deux personnes auraient trouvé la mort, lors des protestations dans le département du Nord-Est, selon des médias.
Au Cap-Haïtien, aux Cayes, à Ouanaminthe et Petit-Goâve (à 68 km au sud de Port-au-Prince), des protestataires ont dressé des barricades de pneus usagés enflammés dans les rues, en signe de protestation contre l’incapacité du gouvernement de facto à rétablir la sécurité dans le pays.
Le lundi 29 janvier 2024, à l’appel du principal dirigeant du parti politique Pitit Dessalines, Jean-Charles Moïse, une manifestation pour réclamer la démission d’Ariel Henry, avant le mercredi 7 février 2024, a rassemblé des milliers de personnes dans la ville du Cap-Haïtien.
Également, le lundi 29 janvier 2024, dans la commune des Roseaux (Grande Anse), Gilbert Merzier a été tué par balle lors d’une intervention musclée d’agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) pour disperser une foule de manifestantes et manifestants, qui exigeaient la démission d’Ariel Henry.
Lors de ce mouvement de rues, des barricades de pneus usagés enflammés ont été installées sur la chaussée, paralysant la circulation automobile.
A Jérémie, le journaliste Xavier Charlemagne de Radio Lanbi a été blessé au pied, lors de la dispersion par des agents de la Pnh d’un groupe de personnes, qui s’apprêtaient à se mobiliser dans les rues.
Les activités commerciales et scolaires ainsi que le fonctionnement des bureaux de l’État ont été perturbés.
La mort de Gilbert Merzier porte à cinq (5) le nombre de personnes tuées depuis le début des mouvements de protestations dans la Grande Anse contre le gouvernement de facto.
Quatre personnes (dont certaines ont succombé à leurs blessures à l’hôpital) ont été tuées par balles et plusieurs autres blessées, lors d’une fusillade qui a eu lieu le lundi 22 janvier 2024 dans la ville de Jérémie, lors d’une protestation anti-gouvernementale.
Lors d’une conférence de presse à Jérémie le lundi 29 janvier 2024, les agents de la Brigade de surveillance des aires protégées (Bsap) ont déclaré appuyer les mobilisations anti-gouvernementales, visant à libérer Haïti et ont réitéré leur soutien à l’ancien officier de police Guy Philippe et Jeantel Joseph, ex-directeur général de l’Agence nationale des aires protégées (Anap), structure en charge de la Bsap au sein du Ministère de l’environnement (Mde).
Depuis sa déportation des États-Unis vers Haïti, le jeudi 30 novembre 2023, après 6 ans d’emprisonnement en territoire américain pour trafic de drogue, Guy Philippe multiplie ses interventions à la presse ainsi que ses déplacements à travers Haïti, appelant même à une « révolution » dans le pays.
« Aucun agent environnemental muni d’armes à feu, quel qu’il soit, et sous aucun prétexte, n’est autorisé en uniforme ou non à circuler dans les villes », selon un communiqué du gouvernement de facto d’Ariel Henry.
« Le gouvernement de la république d’Haïti, à travers le Ministère de l’environnement, demande à tous les employés et à toutes les personnes attachées à l’institution de se rapporter au bureau du Ministère de l’environnement le plus proche, en vue de se faire recenser », lit-on encore dans le communiqué publié quelques jours après la révocation de Jeantel Joseph à la tête de l’Anap par un arrêté du gouvernement de facto.
Les agents de Bsap ont récemment manifesté leur colère après la révocation de leur chef Jeantel Joseph, tout en exigeant le retrait rapide de cet arrêté.
Une commission technique de restructuration de l’Anap, structure en charge de la Bsap, a été mise en place le 23 janvier.
Il est accordé un « délai d’un mois à la commission technique de restructuration pour accomplir sa mission ». [emb rc apr 30/01/2024 11:30]