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Haïti-Assassinat de Jovenel Moïse : L’épouse de l’ancien président sous le coup d’un mandat d’arrêt

P-au-P., 29 janv. 2024 [AlterPresse] --- Martine Joseph Moïse, épouse de l’ancien président haïtien Jovenel Moïse, assassiné en sa résidence en juillet 2021, est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis par le juge Walther Wesser Voltaire, dans le cadre de l’instruction du dossier, apprend AlterPresse.

Martine Joseph Moïse se trouvait avec son mari à l’intérieur de leur résidence privée à Pèlerin 5 (périphérie est) avec leurs deux enfants, lorsque les assassins ont fait irruption et ont abattu Jovenel Moïse, âgé de 53 ans.

Martine Joseph Moïse, qui a survécu à l’attaque, a été transportée à Miami (États-Unis d’Amérique) pour être soignée, avant de revenir en Haïti.

Le juge voudrait interroger l’épouse de l’ancien chef d’État sur « les faits de vol à mains armées, tentative d’assassinat, assassinat, association de malfaiteurs, etc., au préjudice du président de la république ».

L’epouse de Jovenel Moïse avait, auparavant, décliné une demande de comparution devant le juge d’instruction et avait plutôt exigé le dessaisissement du magistrat instructeur.

La police dispose du mandat depuis novembre 2023, peut-on constater dans une copie qui a émergé sur les réseaux sociaux et non réfutée par les autorités concernées.

La police haïtienne n’a pas été en mesure de procéder à l’arrestation de Martine Joseph Moïse, car cette dernière se trouve présentement aux États-Unis, où elle vivrait avec un visa de visiteur expiré, indique le Miami Herald.

L’ordre d’arrestation a été rendu public peu après la date d’expiration du mandat de trois ans du juge Walter Wesser Voltaire, soit le 26 janvier 2024, note le quotidien américain.

Plusieurs sources ont déclaré au Miami Herald que Voltaire avait informé les responsables de la justice qu’il était prêt à émettre des accusations formelles dans le cadre de l’enquête de longue haleine, mais qu’il aurait besoin de plus de temps.

Cependant, il s’est heurté à des obstructions et l’enquête reste au point mort, écrit le journal américain, citant une source bien informée.

Le 7 décembre 2023, date marquant le 29e mois du meurtre, Martine Joseph Moïse s’est exprimée en ces termes sur son compte X : « Les assassins se veulent de plus en plus menaçants. Ils sentent que leur règne d’impunité et d’intouchabilité semble toucher à sa fin. En cette fin d’année difficile, je salue tous ceux qui se sont joints et se joignent à la lutte pour la #Justice aux côtés du peuple ».

Jovenel Moïse a été abattu d’une douzaine de balles dans sa chambre, après qu’un groupe d’anciens soldats colombiens, rejoints par des policiers haïtiens et deux Américains d’origine haïtienne, a pris d’assaut sa résidence.

Malgré des dizaines d’arrestations et une enquête en cours aux États-Unis, le mobile du meurtre et l’identité de son commanditaire demeurent des mystères.

Une source familière des témoignages des Colombiens a déclaré au Miami Herald que ceux-ci continuaient de clamer leur innocence et d’exiger une confrontation avec Martine Joseph Moïse.

Le premier ministre de facto Ariel Henry a répondu, en qualité de témoin, le mardi 26 décembre 2023, en ses bureaux, aux questions du juge d’instruction Walter Wesser Voltaire, qui s’y était présenté, accompagné de son greffier.

Un ancien sénateur haïtien, John Joël Joseph, a été condamné, le mardi 19 décembre 2023, à Miami, par un tribunal fédéral américain à la réclusion criminelle à perpétuité pour son rôle dans l’assassinat de l’ancien président.

C’était la troisième personne à être condamnée sur le sol américain dans cette affaire, pour laquelle 11 individus ont été arrêtés et inculpés par la justice américaine.

Un homme d’affaires de nationalités haïtienne et chilienne, Rodolphe Jaar, et un officier militaire colombien à la retraite, ont été condamnés à la prison à perpétuité pour leur rôle dans l’assassinat.

La mort de Jovenel Moïse a plongé Haïti encore davantage dans le chaos, alors que le pays était déjà en proie à la violence des gangs. Ces derniers contrôlent désormais 80 % de la capitale, et le nombre de crimes graves atteint des records, selon la représentante de l’Organisation des Nations unies (Onu) dans le pays.

Face à cette crise sécuritaire et humanitaire, le Conseil de sécurité de l’Onu a donné, le lundi 2 octobre 203, son accord pour l’envoi, en Haïti, d’une mission multinationale menée par le Kenya, afin d’aider la police haïtienne à faire face à la fureur des gangs armés. [apr 30/01/2024 23:00]