P-au-P, 26 janv. 2024 [AlterPresse] --- Les (actes de) brutalités se sont révélées accrues dans plus de la moitie des vagues de déplacements forcés de plus de 310 mille personnes en 2023 en Haïti, relève l’Organisation internationale pour les migrations (Oim) dans une évaluation des déplacements internes, transmise à l’agence en ligne AlterPresse.
« L’extrême brutalité, à laquelle sont confrontés les Haïtiennes et Haïtiens, aggrave les profondes inégalités, les niveaux élevés de privation des besoins humains fondamentaux et un environnement sécuritaire fragmenté. 94% des personnes déplacées en Haïti sont originaires du département de l’Ouest, la capitale en étant la principale source », signale l’Oim.
La plupart des personnes déplacées, à cause de la terreur des gangs armés en 2023 en Haïti, sont des femmes et des enfants.
Le grand nombre d’enfants déplacés, qui figure parmi les groupes particulièrement vulnérables, inquiète également l’Oim, expliquant combien la violence, qui sévit dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince (Zmp), serait le résultat de conflits entre gangs, d’extorsions, d’enlèvements et d’actes criminels plus larges.
Il en résulte une aggravation constante de la situation sécuritaire et humanitaire dans le pays, en particulier dans la capitale, Port-au-Prince, en proie à la violence des gangs armés.
Plusieurs milliers de familles dans les quartiers de Solino (centre-ville de Port-au-Prince), Carrefour-Feuilles (banlieue sud-est), Mariani et Carrefour (au sud), Tabarre et Croix-des-Bouquets (au nord-est), la plaine du Cul-de-sac (au nord) ont été contraintes d’abandonner leurs maisons, avec les assauts des gangs armés qui tentent d’élargir leurs territoires.
Les milliers de personnes actuellement déplacées en Haïti se trouvent dans des installations spontanées et des centres collectifs inadéquats et précaires, dorment dans la rue et sont entassées dans des salles de classes, selon la Matrice de suivi des déplacements (Dtm) de l’Oim, rendue publique en octobre 2023 à Genève (Suisse).
« Les conditions dans les sites improvisés en Haïti sont extrêmement précaires, exposant les personnes déplacées internes à une plus grande vulnérabilité et à de nouvelles formes de violence ».
Philippe Branchat, chef de mission de l’Oim en Haïti, appelle à davantage d’investissements dans des solutions à long terme pour renforcer les services de l’État à travers le pays, face à la détérioration constante de la sécurité et de la situation humanitaire.
« Haïti est confrontée à une crise multidimensionnelle. Non seulement le pays est régulièrement affecté par des risques naturels, tels que les tremblements de terre, les tempêtes et les inondations, mais il est également touché par la violence propagée par des centaines de gangs, principalement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, mais qui s’étend également dans les provinces », note l’Oim.
L’Artibonite, le Plateau central, la Grande Anse et les Nippes (Sud-Ouest d’Haïti), le Sud, le Sud Est et l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, contrôlée en grande partie par des gangs lourdement armés, sont sept des dix (10) départements géographiques d’Haïti, considérés dans l’évaluation de l’Organisation internationale pour les migrations, publiée à Port-au-Prince le jeudi 25 janvier 2024.
Au cours de l’année 2023, plus de 8,400 personnes ont été tuées, blessées et/ou kidnappées. Il y a eu des violences sexuelles systématiques des gangs armés sur le territoire national. « Les multiples crises prolongées ont atteint un stade critique en Haïti », a indiqué la représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Équatorienne María Isabel Salvador, lors d’une séance d’information sur Haïti, le jeudi 25 janvier 2024, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu).
Plus de 5,000 personnes ont été tuées, dans les violences des gangs armés qui ravagent Haïti, a fait savoir le secrétaire général de l’Onu, Antonio Guterres, dans un rapport publié le mardi 23 janvier 2024. [emb rc apr 26/01/2024 12:45]
Photo : Organisation internationale pour les migrations (Oim)