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Pas de policiers kenyans en Haïti, décide la Cour suprême du Kenya

P-au-P, 26 janv. 2024 [AlterPresse] --- La Cour suprême du Kenya a rejeté, ce vendredi 26 janvier 2024, la demande du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) pour le déploiement de policiers kenyans sur le territoire d’Haïti, rapportent plusieurs médias internationaux consultés par l’agence en ligne AlterPresse.

« La demande de déploiement de policiers kenyans, faite par l’Onu, est inconstitutionnelle, nulle et non avenue. Il n’y a aucun accord réciproque entre le Kenya et Haïti. L’article 240 de la Constitution kenyane ne donne pas de mandat au Conseil national de sécurité de déployer des officiers de police kenyans en dehors du Kenya », a décidé la Cour suprême du Kenya.

Le Conseil national kenyan de sécurité, qui a proposé le déploiement d’officiers de police en Haïti, ne possède pas l’autorité légale pour déployer des policiers au-delà des frontières du Kenya, selon la constitution kenyane, a souligné le tribunal kenyan, présidé par le juge Chacha Mwita, rapporte le site Anadolu Agency.

« Le Conseil national de sécurité, en ce qui concerne les forces de défense, en vertu de l’article 240 de la Constitution et des dispositions de la loi sur la sécurité nationale, peut déployer des forces hors du Kenya avec l’approbation du parlement. Le Conseil national de sécurité peut déployer des services de police pour défendre le Kenya en cas d’urgence », a ajouté le juge, selon ce que rapporte le média kenyan « The Standard ».

Dans une déclaration en date du vendredi 26 janvier 2024, le gouvernement du Kenya dit prendre note de la décision de la Haute Cour du Kenya rejetant la demande de déploiement de policiers kenyans pour aider la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) à rétablir l’ordre public en Haïti.

« Même si le gouvernement respecte l’État de droit, nous avons néanmoins pris la décision de contester immédiatement le verdict de la Haute Cour », fait-il savoir, tout en réitérant son engagement à honorer ses obligations internationales en tant que membre de la communauté et du comité des Nations.

« Le Kenya a un bilan exceptionnel en matière de contribution aux missions de maintien de la paix au niveau international, dans des pays comme le Soudan du Sud, la Namibie, la Croatie, le Libéria, Sierra Leone, entre autres », selon la note portant la signature du porte-parole du gouvernement kenyan, Isaac Maigua Mwaura.

Le jeudi 16 novembre 2023, le parlement kenyan a approuvé le déploiement de 1,000 policiers kenyans en Haïti pour une mission de maintien de la paix, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti.

Ce déploiement de la Mmas a été validé par une résolution du Conseil de sécurité de l’Onu, autorisant une mission multinationale en Haïti sous le commandement d’un des pays membres de l’Onu (en l’occurrence le Kenya), suite à une demande, le vendredi 7 octobre 2022, du gouvernement de facto d’Ariel Henry.

Dans une ordonnance émise le lundi 09 octobre 2023, la Haute Cour du Kenya avait décidé de stopper, temporairement le déploiement de policiers kenyans en Haïti, après une pétition déposée par le parti politique Thirdway Alliance, entre autres.

Cette ordonnance survient après que des pétitionnaires ont poursuivi en justice le président kenyan William Ruto, le secrétaire du cabinet chargé de l’intérieur et de l’administration du gouvernement national, le professeur Kithure Kindiki, l’inspecteur de police Japhet Koome, le président de l’Assemblée nationale Justin Muturi et le Conseil de sécurité nationale.

A travers cette plainte déposée, le parti politique kényan d’opposition Thirdway Alliance s’est opposé à ce déploiement, le qualifiant d’anticonstitutionnel.

Le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), le Portugais Antonio Guterres, les États-Unis d’Amérique et d’autres membres de la communauté internationale ont plaidé en faveur du déploiement d’une force internationale en Haïti, promettant un soutien financier au Kenya pour une telle entreprise.

La veille de la décision attendue, le 26 janvier 2024, de la Cour suprême du Kenya, la représentante spéciale du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu) et cheffe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), l’Équatorienne María Isabel Salvador, a déclaré s’engager à encourager toutes les actrices et tous les acteurs à se préparer au déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, en créant les mécanismes de coordination nécessaire.

Maria Isabel Salvador s’est ainsi exprimée lors d’une séance d’information sur Haïti, , le jeudi 25 janvier 2024, au Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), suivie par l’agence en ligne AlterPresse.

Le Binuh affirme poursuivre des consultations avec les autorités nationales en Haïti « pour mieux comprendre leurs attentes, quant à l’impact potentiel que pourrait avoir le déploiement de la Mmas ».

Au cours de l’année 2023, plus de 8,400 personnes ont été tuées, blessées et/ou kidnappées, indique-t-il, déplorant combien « les multiples crises prolongées ont atteint un stade critique en Haïti ».

Plus de 5,000 personnes ont été tuées, dans les violences des gangs armés qui ravagent Haïti, a fait savoir le secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (Onu), Antonio Guterres, dans un rapport publié le mardi 23 janvier 2024. [emb rc apr 26/01/2024 7:00]