P-au-P., 20 déc. 2023 [AlterPresse] --- Six sénateurs des États-Unis d’Amérique expriment leur préoccupation face au manque de progrès accomplis par Haïti dans la mise en place d’un gouvernement légitime, démocratiquement élu et soutenu par la Constitution haïtienne, dans une lettre en date du mercredi 19 décembre 2023, adressée au président américain, Joseph Robinette Biden dit Joe Biden, et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
« Haïti a besoin d’un gouvernement de transition crédible auprès du peuple haïtien et doté de la capacité et de la volonté d’organiser des élections libres et équitables », écrivent les sénateurs américains Edward J. Mackey, Elizabeth Warren, Bernard Sanders, Raphael Warnock, Jon Hickenlooper, Chris Van Hollen.
« Le peuple haïtien n’a pas élu démocratiquement Ariel Henry comme président. Le parlement ne l’a pas, non plus, nommé comme premier ministre, conformément à la Constitution haïtienne. Il n’a pas de mandat constitutionnel pour diriger le gouvernement d’Haïti », arguent-ils.
Nommé premier ministre de manière inconstitutionnelle par Jovenel Moïse, qui allait être assassiné le mercredi 7 juillet 2021, Ariel Henry a ensuite assumé le rôle de chef de l’État de facto, rappellent-ils.
Des mesures prises en vain face à la crise
Aucune des mesures importantes, annoncées par Ariel Henry, ne s’est concrétisée, critiquent les sénateurs américains, très sceptiques quant à la volonté du premier ministre de facto d’honorer ses engagements visant à faciliter des élections démocratiques et une transition pacifique du pouvoir.
Ils citent la signature, le 21 décembre 2022, par Ariel Henry d’un accord dit « consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes », avec des représentants de partis politiques, de la société civile et du secteur privé des affaires.
Le document prévoit une période de transition de 14 mois, qui comprendrait des élections générales en 2023 (qui n’ont pas eu lieu) et une transition gouvernementale élue le 7 février 2024, signalent-ils.
Le document appelle également à la création d’un Haut conseil de transition (Hct) et d’un organe de contrôle de l’action gouvernementale, qui seraient chargés de promouvoir un dialogue politique entre les différentes factions et assurer le bon fonctionnement des institutions publiques pendant la période de transition.
Ariel Henry n’a aucun intérêt à rapprocher Haïti de la démocratie et de la stabilité en particulier, compte tenu de son affiliation étroite avec le Parti haïtien tèt kale (Phtk), aux yeux de nombreuses Haïtiennes et de nombreux Haïtiens, cités par les 6 sénateurs américains.
Depuis longtemps, le Phtk utiliserait comme outil de répression les gangs armés ,qui contrôlent désormais la majorité de la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, dénoncent-il, soulignant combien la violence des gangs a précipité une crise humanitaire d’une telle gravité.
L’apport de la Mission multinationale sera insuffisant en l’absence d’un gouvernement élu
« Sans un gouvernement opérationnel et démocratiquement élu, une mission de sécurité internationale ne répondra pas suffisamment à la complexité de la crise actuelle », estiment les sénateurs américains.
La Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti pourrait effectivement renforcer le régime illégitime et inefficace d’Ariel Henry en Haïti, préviennent-ils.
De leur point de vue, le pays a plutôt besoin d’un gouvernement de transition crédible auprès du peuple haïtien et doté de la capacité et de la volonté d’organiser des élections libres et équitables.
Cinq députées américaines et un autre député ont aussi appelé le gouvernement des États-Unis d’Amérique à retirer son soutien au déploiement d’une force multinationale en Haïti, en proie à la violence des gangs armés, dans une lettre adressée au secrétaire d’État étasunien, Antony Blinken, le vendredi 8 décembre 2023.
Dans la lettre, les députées signataires Ayanna Pressley du Massachusetts, Yvette Clarke de New York, Rashida Harbi Tlaib du Michigan, Barbara Lee de Californie, Janice dite Jan Schakowsky de l’Illinois et le député James Patrick McGovern dit Jim McGovern du Massachusetts se disent gravement « préoccupés par le fait qu’une intervention étrangère armée ne servirait qu’à renforcer un dirigeant illégitime et saperait les efforts d’un gouvernement de transition représentatif, visant à définir le soutien réel souhaité de la communauté internationale ».
Le lundi 2 octobre 2023, le Conseil de sécurité des Nations unies a approuvé le déploiement d’uneMmission multinationale de soutien à la sécurité en Haïti, qui avait été sollicité à nouveau, en septembre 2023, par le gouvernement de facto auprès des Nations unies.
La mission de soutien à la sécurité viserait à aider Haïti à endiguer la montée de la violence des gangs dans le pays.
L’Organisation des Nations unies (Onu) dit espérer l’envoi de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti au cours du premier trimestre 2024 (janvier-mars 2024),, a fait savoir la représentante spéciale adjointe du Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh), la Suédoise Ulrika Richardson, lors d’un point de presse à Genève, en Suisse, le vendredi 8 décembre 2023.
Les sénateurs américains soulignent combien les interventions passées des Nations unies en Haïti ont compliqué la situation, déjà dégradée par des coups d’État politiques, des catastrophes naturelles et des épidémies de santé publique.
« Même si la communauté internationale a fourni des niveaux croissants d’aide au développement à Haïti, depuis des décennies, peu d’améliorations significatives, voire aucune, ne se sont concrétisées ».
Ils estiment donc impératif pour le gouvernement des États-Unis d’utiliser une approche renforcée, pour apporter la stabilité en Haïti, tout en formulant certaines interrogations y relatives. [emb rc apr 12/20/2023 11:10]