P-au-P., 11 déc. 2023 [AlterPresse] --- 1,169 femmes et filles sont victimes de violences sexuelles, alors que 679 sont victimes de violences physiques, de janvier à novembre 2023 en Haïti, indique un rapport publié par l’organisation féministe Nègès Mawon et consulté par l’agence en ligne AlterPresse.
Des organisations féministes et de droits humains ont recensé pour l’ensemble du pays, un total de 3,351 femmes et filles victimes de violences, pour cette période, ajoute-t-elle.
744 ont subi des violences psychologiques et verbales, tandis que 757 ont subi des violences économiques.
Il y a eu au moins 2 cas classiques de féminicide.
De janvier à octobre 2023, au moins quatorze (14) cas de viols collectifs ont été enregistrés, au cours de deux massacres d’envergure enregistrés à Bel Air et à Carrefour Feuilles (Port-au-Prince), des quartiers en proie à la violence armée, relève l’organisation féministe Nègès Mawon.
De novembre 2018 à octobre 2023, au moins 179 femmes et filles ont été violées collectivement, dans des violences perpétrées lors des massacres enregistrés à La Saline, Cité Soleil, La Plaine du Cul-de-Sac, Village Noailles, Source Matelas, Bel Air et Carrefour Feuilles, poursuit-elle.
On compte, en moyenne, 18 survivantes par massacre, précise Nègès Mawon qui exige des autorités étatiques l’adoption de mesures adéquates visant à réduire les Violences basées sur le genre (Vbg).
La criminalité généralisée, additionnée aux activités illicites des bandes criminelles, a entraîné des conséquences désastreuses sur les conditions générales de vie des femmes, des filles et des minorités sexuelles dans le pays, dénonce-t-elle.
En dehors des séquences de violences armées, les femmes et les filles ont aussi été la cible des bandits armés contrôlant les zones où elles vivent, signale le rapport.
Au moins 16 zones, où les femmes et les filles ont souvent été victimes, ont été identifiées seulement dans le département de l’Ouest, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, au cours de la période couverte par le rapport.de Nègès Mawon.
« 4 parmi ces zones, à savoir Cité Soleil, Maïs Gâté, La Saline et Saint Martin, constituent les zones les plus dangereuses pour les survivantes ».
Avec la contribution d’autres organisations féministes et de droits humains, Nègès Mawon a pu recenser 3,351 cas de violences perpétrées à l’encontre des femmes et des filles, dans 8 des 10 départements géographiques du pays.
L’appareil judiciaire en Haïti ne s’est pas montré à la hauteur du fléau des violences sexuelles, estime l’organisation féministe Nègès Mawon.
« Au cours de l’année judiciaire (2022-2023) qui vient de s’écouler, seuls 43 individus ont été jugés coupables d’avoir agressé sexuellement une fille ou une femme ».
Ces 43 cas ne représentent que 3.70 % du nombre de violences sexuelles enregistrées pour la période, ajoute Nègès Mawon.
Violences physiques et psychologiques contre les Lgbtqia+
« Par ailleurs, de janvier à octobre 2023, au moins 13 cas de violences physiques et psychologiques, basées sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ont été enregistrés à l’égard des personnes Lesbiennes, Gays, Bisexuel·le·s », Trans, Queers, Intersexué·e·s », Asexuel·le·s ou Aromantique·s + (Lgbtqia+ / + inclut les nombreux autres termes désignant les genres et les sexualités) par l’organisation Kouraj, à raison de 8 cas à Port-au-Prince, 3 cas à Léogane, 1 cas sur l’Île de La Gonâve (département de l’Ouest) et 1 cas à Jacmel (Sud-Est) ».
Les données, relatives aux violences physiques, sexuelles, psychologiques, même non-exhaustives, prouvent combien il est dangereux pour les femmes et les filles de vivre en Haïti, dans cette spirale de violence devenue la règle, souligne Nègès Mawon.
L’organisation féministe Nègès Mawon recommande aux autorités haïtiennes de porter les autorités judiciaires à juger et condamner rigoureusement les coupables d’agressions physiques et sexuelles, perpétrées à l’égard des femmes, des filles et des personnes Lgbtqia+, dans un souci de dissuader les agresseurs et de réduire, par ricochet, ces violences.
Elle exhorte les autorités judiciaires à accélérer le processus de demande en garde d’enfants et en pension alimentaire, dans un souci de réduire les violences économiques perpétrées à l’encontre des femmes et des filles.
Les autorités judiciaires haïtiennes devraient se pencher rapidement sur les dossiers des femmes et des filles, en situation de détention préventive prolongée depuis plusieurs années, exige-t-elle.
Accorder une attention particulière aux violences physiques et psychologiques, perpétrées par les communautés à l’encontre des personnes Lgbtqia+, dans un souci de réduire les discriminations dont sont victimes cette catégorie sociale et accorder au Ministère à la condition féminine et aux droits des femmes (Mcfdf) des moyens adéquats, pour porter et suivre des actions visant à réduire efficacement les violences à l’égard des femmes et des filles, sont parmi les propositions faites par l’organisation féministe Nègès Mawon. [mff emb rc apr 11/12/2023 15:45]