Des pistes dans la lutte contre la désinformation en Haïti

P-au-P., 27 nov. 2023 [AlterPresse] --- Jeunesse-Réseaux Sociaux et Désinformation en Haïti. C’est le thème qui a été débattu lors d’un webinaire, organisé le dimanche 26 novembre 2023, dans le cadre d’une campagne de sensibilisation contre la désinformation, conduite par le Groupe Médialternatif (Gm), a observé l’agence en ligne AlterPresse.

Le journaliste Jean Mary Simon et la créatrice de contenus Emmanuella Laguerre ont été les deux intervenants de cette causerie, organisée sur la plateforme zoom.

Désinformation : intentions cachées

Dans son intervention axée sur l’intention cachée derrière la désinformation, le public cible et les techniques utilisées, le journaliste Jean Marie Simon a insisté sur les intentions des actrices et acteurs de la désinformation qui, dit-il, peuvent d’ordre personnelles ou inscrites dans une démarche plus large, avec une visée cachée.

Les opérations de désinformation incitent à la haine contre une catégorie et créent une polémique entre différents groupes, indique Jean Marie Simon.

Selon lui, avec la montée des réseaux sociaux, qui rendent les jeunes addictifs des écrans, il est devenu de plus en plus facile de propager la désinformation.

Et même si les jeunes sont les premiers visés, les adultes ne sont pas épargnés, soutient l’intervenant.

Ces campagnes de désinformation sont nocives à la société, parce qu’elles mettent en danger la santé, la bonne marche de la société et le vivre ensemble de la population, s’inquiète-t-il.

Propagation de la désinformation et attitude responsable

Pour sa part, Emmanuella Laguerre s’est penchée sur l’impact des réseaux sociaux sur la jeunesse haïtienne et leur rôle dans la propagation de la désinformation.

Avec la rapidité des vagues de contenus circulant sur les réseaux sociaux, il devient difficile de prendre son temps pour vérifier la véracité des données retrouvées sur les plateformes, fait remarquer Emmanuella Laguerre.

Ce qui implique, dit-elle, la propagation potentielle de la désinformation à travers ces réseaux sociaux, qui attirent de plus en plus de jeunes Haïtiennes et Haïtiens.

Des données, citées par le Groupe Médialternatif sur l’état du numérique en Haïti [1], soulignent combien, en janvier 2023, il y avait 4,53 millions d’utilisatrices et d’utilisateurs d’Internet en Haïti, alors que la pénétration d’Internet s’élevait à 38.9%.

Haïti comptait 2,10 millions ’utilisatrices et d’utilisateurs de médias sociaux en janvier 2023, soit 18 % de la population totale.

Emmanuella Laguerre suggère de comparer les contenus, qui circulent sur les réseaux, avec ceux que diffusent des médias de confiance, et à développer une attitude responsable ainsi qu’un sens critique vis-à-vis des contenus et dans leur partage.

Éducation aux médias et régulation

Participant aux échanges lors de ce webinaire, le spécialiste senior en e-Gouvernance, Jean Marie Altéma, a noté combien l’espace cybernétique n’est pas un espace sein.

Chacune/chacun l’utilise avec ses propres objectifs. Évidemment, la désinformation fait partie de ces objectifs malsains, dit-il.

L’ancien directeur général du Conseil national des télécommunications (Conatel) plaide en faveur d’un véritable accès à l’information pour un combat réel contre la désinformation, arguant combien l’un des problèmes de la désinformation c’est l’absence de références ou la fausseté des références.

Tout en préconisant l’éducation aux médias et la mise en place d’un cadre légal de régulation du numérique en tant que des éléments essentiels dans la lutte contre la désinformation, Jean Marie Altéma invite à faire preuve de créativité dans les espaces numériques.

Au terme de la causerie, les intervenants ainsi que quelques participants ont proposé aux utilisatrices et utilisateurs des plateformes numériques d’éviter de partager les contenus non vérifiés et à comparer les données avant de les partager.

La campagne de sensibilisation « Medya, jounalis, sitwayen : kanpe goumen kont dezenfòmasyon » mise en œuvre par le GM, bénéficie de l’appui de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) et l’Union Européenne. [pfsf gp apr 27/11/2023 19:40]

Photo : capture d’écran