P-au-P., 27 nov. 2023 [AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains (Pohdh) demande aux juridictions concernées de prendre des dispositions, « afin que tous les acteurs, impliqués de près ou de loin dans ces actes de corruption, soient sévèrement punis dans toute la rigueur de la loi », dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Les 11 rapports d’enquête de l’Unite de lutte contre la corruption (Ulcc) constituent un pas important dans la lutte contre la corruption et l’impunité, qui entravent la jouissance des droits humains, estime la Pohdh qui prend acte de la transmission, le 15 novembre 2023, de ces rapports à la justice haïtienne.
Ces rapports d’enquête de l’Ulcc révèlent des manquements du côté des institutions de régulation et de contrôle en matière de gestion de la chose publique, notamment la passation des marchés publics, telles que la Cour supérieure des comptes et du contentieux administratif (Cscca), l’Inspection générale des finances (Igf), l’Unité centrale de renseignements financiers (Ucref) ou encore la Commission nationale des marchés Publics (Cnmp), relève la Pohdh.
Le regroupement d’organisations haïtiennes des droits humains exhorte les responsables de ces institutions à redoubler de vigilance, « dans ce contexte où l’enrichissement illicite et l’abus de confiance sont quasiment devenus la norme au sein de l’administration publique ».
La Pohdh encourage l’Ulcc à systématiser ses enquêtes pour éviter qu’elles fassent l’objet de parti pris (de choix arbitraires) ou se transforment comme outil politique servant les intérêts d’une frange ou d’une personnalité politique.
Elle demande à l’Ulccc de non seulement sanctionner les actes de corruption, mais aussi de les prévenir et de les éliminer.
« Le renforcement de la gouvernance, axée sur la corruption et l’impunité, durant ces dix (10) années, a fortement contribué à la dégradation de la situation générale des droits humains dans le pays », fustige la Plateforme des organisations haïtiennes des droits humains.
Pour sa part, le regroupement d’organisations de droits humains Ensemble contre la corruption (Ecc) demande aux parquets concernés de traduire en justice, le plus vite possible, les personnalités épinglées dans les rapports d’enquête de l’Unité de lutte contre corruption (Ulcc), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Le regroupement Ecc déplore l’absence de volonté politique des dirigeants de facto pour déraciner la corruption ainsi que de mécanismes, pouvant combattre toutes les corruptrices et tous les corrupteurs.
Le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Me. Edler Guillaume, a émis des mandats d’invitation à l’encontre de 12 personnalités, dont d’anciens parlementaires et ex haut fonctionnaires épinglés par l’Ulcc, dans onze rapports d’enquête publiés et transmis à la justice haïtienne, le mercredi 15 novembre 2023.
L’ancienne directrice adjointe de l’Office nationale d’assurance-Vieillesse (Ona) Stéphanie Mondestin, indexée dans le rapport de l’Ulcc, « pour prise illégale d’intérêts » a été arrêtée, le jeudi 23 novembre 2023, à l’aéroport international de Port-au-Prince, pendant qu’elle s’apprêtait à laisser Haïti.
Sont aussi invités au carré du magistrat Me. Edler Guillaume, l’ancien directeur général de l’Office nationale d’assurance vieillesse (Ona), Jemley Marc Jean-Baptiste ; Roland Garçon, employé du Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec) ; Norbert Stimphil, ancien coordonnateur général du projet Éducation pour tous (Ept) ; Piterson Juste et Stéphanie Mondestin.
Soupçonnés dans l’affaire de corruption à l’Ona, l’ancien député de Kenscoff, Alfredo Antoine, et Jemley Jean Baptiste sont invités au bureau du chef du parquet de Port-au-Prince, le lundi 27 novembre 2023.
L’ex sénateur Nènel Cassy, pointé du doigt par l’Ulcc pour « pour enrichissement illicite et fausse déclaration de patrimoine », et l’ancien coordonnateur général du projet Education pour tous(Ept), Norbert Stimphil, sont invités pour le mardi 28 novembre 2023 au parquet.
Indexés dans le rapport d’enquête de l’Ulcc pour leur implication présumée dans un scandale de bourses d’études au Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec), Daphnica Midley Paul et Roland Garçon doivent se présenter au carré du magistrat Elder Guillaume, le mardi 29 novembre 2023.
Les anciens sénateurs de la république, Joseph Lambert, Richard Lénine Hervé Fourcand et Garcia Delva, accusés de détournement illicite de biens publics par l’Ulcc, doivent se présenter au carré du magistrat Elder Guillaume, le vendredi 1er décembre 2023. [emb rc apr 27/11/2023 10:40]