P-au-P., 3 août 05 [AlterPresse] --- Le quartier de Saint Martin situé dans l’agglomération du Bel-Air, à Port-au-Prince, devient de plus en plus retiré et désert. Au moins dix-neuf mille personnes, soit la quasi-totalité de ses habitants, auraient déjà abandonné cette zone en raison de cas récurrents d’insécurité et de violence.
Des membres du Mouvement des étudiants pour l’avancement et le changement (MEACH) en ont fait l’annonce lors d’une conférence de presse ce 3 août.
Le secrétaire général de cette association, tout en invitant la police à prendre ses responsabilités pour rétablir la sécurité à Saint Martin, demande à celle-ci de ne pas faire d’amalgame.
Les actes de violence sévissant dans ce quartier ne sont pas toujours politiquement motivés, a précisé Lucien Jems. Le leader étudiant a donné en exemple des cas de présumés militants du parti du régime déchu comme « les frères Zamor » qui ont eu à essuyer des balles tirées par des bandits et d’une copine présumée du chef de bande lavalas, Yvon Antoine dit Zapzap, qui aurait été violée. Yvon Antoine est écroué pour sa participation présumée à divers actes de violence dont l’attaque sanglante par les anciens miliciens de l’ancien régime contre la Faculté des Sciences Humaines, le 5 décembre 2004, qui s’était soldée par des dizaines de blessées dont le recteur de l’Université d’Etat d’Haïti, Pierre Marie Paquiot.
« Ces résidents de Saint Martin, contraints d’abandonner leurs pénates, sont-ils tous des bandits ? ou de préférence des gens qui méritent un accompagnement de l’Etat, comme cela s’était fait au Rwanda », s’est interrogé le secrétaire général de l’association estudiantine.
Dans une récente interview à l’agence Associated Press, le représentant spécial du secrétaire général des Nations unies en Haïti, Juan Gabriel Valdès, a fait état d’une amélioration de la sécurité en Haïti, précisant que les casques bleus ont rendu impuissants les gangs armés qui cherchent à saborder le processus électoral.
Le gouvernement intérimaire haïtien et le secteur privé des affaires ont posé le 2 août les premiers jalons d’un partenariat secteur public-secteur privé en vue de parvenir à une forme de sécurité pérenne. Ce partenariat prévoit notamment la contribution du secteur privé à un programme gouvernemental de réduction de la pauvreté dans les quartiers défavorisés ; quartiers où sont basés les partisans armés de l’ancien régime dont le ministre des Affaires sociales - qui a annoncé ce programme - est un proche.
Tout en adhérant à ce programme de réduction de la pauvreté, le président de la Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti, Réginald Boulos, a souligné la nécessité d’éradiquer « l’insécurité criminelle ».
Les violences enregistrées à Port-au-Prince depuis le 30 septembre 2004, date du déclenchement de l’opération Bagdad par des partisans armés de l’ancien régime, ont fait plus d’un millier de morts, selon une organisation haïtienne de droits humains. [vs apr 03/08/05 18:30]