P-au-P., 14 nov. 2023 [AlterPresse] --- Plus de deux ans après l’assassinat le mercredi 7 juillet 2021, de Jovenel Moise, 90% du territoire national subit la terreur des gangs armés, en connivence avec les autorités du régime de facto en Haïti, déplore le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Avant cet assassinat, à peu près 30% du territoire du pays était contrôlé par les gangs armés, rappelle le directeur exécutif du Rnddh, Pierre Espérance.
Le contexte actuel de criminalité n’est toujours pas favorable à l’organisation d’élections dans le pays, souligne le Rnddh.
« Celles et ceux qui parlent d’élections veulent enfoncer le pays dans beaucoup plus de crises ».
Au cours du mois d’octobre 2023, le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) à travers sa cheffe, l’Équatorienne Maria Isabel Salvador, a déclaré encourager les protagonistes « à s’engager pleinement dans les efforts de dialogue national, pour s’engager sur la voie d’élections visant à rétablir pleinement les institutions démocratiques et l’État de droit ».
La situation actuelle est extrêmement grave, inacceptable et révoltante. Elle met la vie des citoyennes et citoyens en danger, dénonce le Rnddh indexant l’État qui banalise la vie des êtres humains, au lieu de protéger la vie et les biens, et de créer des conditions pour la bonne circulation des personnes.
« Depuis le 20 juillet 2021, quand l’équipe de facto d’Ariel Henry s’est installée au pouvoir politique, le pays régresse ... », regrette le Rnddh.
Dans une interview le 8 novembre 2023 à AlterPresse/AlterRadio, l’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch) a alerté sur la situation des chauffeurs de transports publics qui connaissent des moments difficiles, en se faisant rançonner quotidiennement par des bandits armés qui exigent le paiement de « droits de passage » sur les routes nationales menant aux départements du grand sud et du grand Nord.
Au cours des deux derniers mois et demi, des centaines de civils, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et d’autres groupes vulnérables, ont été tués, lors d’affrontements armés entre des dizaines de groupes armés sur le territoire national, a déploré le Programme alimentaire mondial (Pam).
Plus de 200 mille personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en Haïti, dont 40 mille dans la capitale, Port-au-Prince, depuis la mi-août 2023, à cause d’une recrudescence des violences des gangs armés, a signalé le Pam, le lundi 30 octobre 2023.
Des dizaines de milliers d’autres ont été également chassés de chez eux dans les quartiers de Carrefour Feuilles, Savane Pistache (banlieue sud-est), Mirebalais, Saut d’Eau (Plateau central) et Tabarre (nord-est), fuyant souvent avec les seuls vêtements qu’ils portent, a condamné le Pam. [mff emb rc apr 15/11/2023 12:00 ]