Santo Domingo et Port-au-Prince, 04 août 05 [AlterPresse] --- Avec l’expansion des énergies renouvelables, les émissions globales de dioxyde de carbone pourraient être réduites d’environ 1,2 milliard de tonnes durant l’année 2015, selon les estimations de spécialistes parvenues à AlterPresse.
Mais, pour y arriver, la mise en oeuvre de programmes de production d’énergie électrique alternative, viable, saine et à bas coût, est nécessaire.
Le 29 juin 2005, a vu le jour, sous les auspices du Venezuela, l’organisme dénommé Petrocaribe, dont les statuts ont été approuvés par 14 des 16 représentants d’Etats ayant pris part au premier sommet caraïbéen sur l’énergie, tenu à Puerto La Cruz, à l’est de Caracas.
La République d’Haïti n’était pas présente au sommet, mais la République Dominicaine y a participé.
Face à la hausse régulière des prix des produits pétroliers sur le marché international, Petrocaribe devra garantir le ravitaillement des pays des Caraïbes dépendant, pour la plupart, du pétrole pour l’ électrification de leurs territoires.
La lumière solaire est mise à profit, et en Haïti et en République dominicaine, pour produire de l’énergie électrique, tandis qu’une grande partie des populations des deux côtés de l’île d’Haïti reste confinée dans les ténèbres.
Par exemple, un processus d’électrification à énergie solaire avait commencé, il y a quelques années, en différents points du territoire de la République d’Haïti, particulièrement le département du Nord-Est.
Progressivement, l’utilisation de l’énergie solaire a diminué sur le territoire haïtien, non seulement à cause du coût élevé d’acquisition des panneaux solaires, mais aussi et surtout avec l’existence de réseaux de cambrioleurs qui s’emparent souvent, jusque dans des endroits difficiles d’accès en véhicules tout terrain, des panneaux solaires mis à la disposition des organisations de base, villageoises et paysannes.
Des interrogations fusent souvent sur ces vols de panneaux solaires, couramment pratiqués, malgré le poids des panneaux qui nécessite la manutention de plusieurs bras pour les transporter.
Yves André Wainright, ministre haïtien de l’Environnement, a fait part à AlterPresse, en novembre 2004, de son intention de partir à la recherche d’énergie alternative à travers la production de biodiesel tirée d’immondices, de l’énergie éolienne et solaire, dans le but d’essayer d’améliorer la disponibilité en électricité sur le territoire national.
Un tel plan suppose des investissements d’entrepreneurs du secteur privé, ce qui pourrait, entre autres problèmes, apporter des solutions à la gestion encore compliquée des immondices dans le pays.
Les résultats de différentes études ont suffisamment démontré les avantages, voire les opportunités que pourrait induire, pour le territoire voisin de la République Dominicaine, l’application d’une vision axée sur la production d’énergie alternative. Mais, il manque encore la mise en oeuvre concrète des recommandations de ces études sur le terrain.
Dans le cas de la République dominicaine, Francisco Javier Garcàa, ministre de l’Industrie et du Commerce, a annoncé au pays, le 04 avril 2005, que le gouvernement de Leonel Fernandez s’apprêtait à exécuter un programme de production d’énergie alternative et aussi régler des stratégies orientées vers l’économie de combustible.
L’orientation de ce programme du gouvernement dominicain consistera à réduire le coût de la production d’énergie ainsi que la pollution de l’environnement, avec la mise en oeuvre de techniques alternatives de production d’énergie sans utilisation de pétrole, a fait savoir Javier Garcàa.
Dans ce sens, les ampoules électriques de cent watts seront remplacées par des fluorescentes de 22 watts, ce qui suscitera des débours de US$3.00 mm mais des économies de combustible d’environ US$32.00 mm.
Le gouvernement dominicain a aussi proposé la génération d’énergie sur la base de l’exploitation de la bagasse de canne (barbojo) et de l’éthanol, alcool de canne mélangé avec de l’essence (la gazoline).
Le programme du gouvernement dominicain compte aussi mettre à profit les ordures ménagères qui seraient déposées dans des déversoirs pour produire du gaz méthane, qui pourrait bien être utilisé à la fois comme gaz de cuisine et combustible pour la production d’énergie électrique.
La paille de riz, l’écorce de café et de cacao, les coques de noix de coco, sont, encore, davantage de possibilités de produire de l’énergie électrique saine, bon marché et qui ne risque pas de causer des dommages à l’environnement.
Imaginer les tonnes d’ordures produites en Haïti et en République Dominicaine, qui pourraient être mises à contribution dans la production d’énergie électrique, comme sources alternatives d’énergie électrique dont souffre l’île d’Haïti.
Une visite effectuée, il y a quelques années à la Pieza, petite localité de la province Maràa Trinité Sánchez en République Dominicaine, a permis de constater que toutes les maisons du lieu jouissaient d’énergie électrique puisée de panneaux solaires.
Dans le cas d’Haïti, où la plus grande partie de la population manque d’énergie électrique, au-delà de l’absence de conditions appropriées et de la déficience de pluviométrie annuelle, les spécialistes évoquent souvent un manque de vision, de responsabilité étatique et une absence de volonté générale dans la recherche de moyens de sortie au déficit électrique, qui ne seraient ni l’acquisition de génératrices ni la génération d’énergie hydraulique.
De tels palliatifs risquent d’être voués à l’échec, en considération de la carence d’eau nécessaire et de fonds suffisants en dollars américains pour l’achat de génératrices et de tonneaux de pétrole, dont les prix sur le marché international sont rendus moins abordables aux pays pauvres ces derniers mois.
L’énergie éolienne est une autre alternative potentielle, vu les énormes sources de vents identifiées en Haïti et en République dominicaine.
En Haití, en plus d’autres sources de vents, les spécialistes font mention souvent du département du Nord-Ouest et de la partie nord-est de la capitale en direction de la frontière Malpasse / Malpaso, non loin du Lac Azuei.
Pour leur part, les techniciens dominicains ont identifié des sources de vents à Samaná, Cabarete, dans la baie d’Icaquitos et des dizaines d’autres points, où la brise bat sans interruption pendant toute l’année.
« Le Danemark produit 20% d’électricité par énergie éolienne et les USA disposent de 13 mille générateurs de turbine, tandis que l’énergie solaire mondiale recueille 500 mm de watts. Mais, les panneaux solaires risquent de laisser du sulfure de cadmium et de l’arséniure de gallium flotter dangereusement dans l’atmosphère pendant des siècles, ce qui pose l’urgence de faire appel à d’autres éléments pour fabriquer des panneaux solaires », ont averti des chercheurs.
Ces derniers préconisent que les gouvernements se consacrent, via une partie de leurs techniciens, dans des travaux de recherches sur les possibilités de changer les sources d’énergie traditionnelles, par des alternatives qui sont généralement moins coûteuses, moins polluantes mais soutenables.
On estime que 72% de la demande d’énergie en Haïti est satisfaite avec du bois de chauffage, qui contribue à accélérer la déforestation.
Cette situation pourrait être substantiellement modifiée, avec la mise en oeuvre de la production d’énergie électrique alternative.
Les résultats seraient alors : moins de pollution de l’environnement, davantage d’économie de ressources financières pouvant être investies dans l’éducation et dans la santé publique.
Et en Haïti et en République dominicaine, cela pourrait constituer un important axe pour la coopération et l’assessorat, comme une partie d’un projet global de production d’énergie électrique soutenable et renouvelable.
Cette coopération pourrait être canalisée par le biais de la Commission Mixte Bilatérale, quand elle reprendra ses travaux à nouveau, maintenant que les autorités haïtiennes et dominicaines ont exprimé la volonté de la réactiver. [jls rc apr 04/08/2005 00 :20]