P-au-P., 13 nov. 2023 [AlterPresse] --- Différentes organisations politiques et de la société civile continuent de plaider pour la mise en place d’un nouveau gouvernement de transition sans la présence du premier ministre de facto Ariel Henry, alors que d’autres s’y opposent, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le parti politique Konbit travayè peyizan pou libere Ayiti (Kontra pèp la), membre de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana, dit prôner une transition de rupture qui exigerait un autre type de relation des dirigeants de l’État avec la communauté internationale et les Haïtiennes et Haïtiens eux-mêmes.
La crise haïtienne découle justement de la relation domestique de l’État en Haïti avec la communauté internationale, qui, pendant les trente dernières années, impose ces diktats aux dirigeants haïtiens, relève le parti politique Kontra pèp la, interrogé par la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Le sens de la bataille des Haïtiennes et Haïtiens est d’amener l’État en Haïti à faire montre d’une certaine capacité d’autonomie pour choisir une citoyenne ou un citoyen pouvant diriger le pays, déclare le coordonnateur national du parti politique Kontra pèp la, Jean William Jeanty.
Il en profite pour critiquer la déclaration de la cheffe du Bureau intégré des Nations-Unies (Binuh), l’Équatorienne Maria Isabel Salvador, qui rejette toute nouvelle transition politique en Haïti.
S’inscrivant dans la même logique que la communauté internationale, la posture du Binuh ne tient pas compte de la réalité haïtienne, caractérisée par une grave crise, estime le parti politique Kontra pèp la.
La position de Maria Isabel Salvador s’oppose à la volonté des Haïtiennes et Haïtiens, qui veulent choisir en toute autonomie des dirigeantes et dirigeantws pour le pays, fustige le parti politique Kontra pèp la.
Cette attitude rejoint également celle de la Communauté des Caraïbes (Caricom) et de l’Organisation des Nations unies (Onu) qui désirent à tout prix qu’il y ait un consensus entre les protagonistes haïtiens, avant toute chose.
Pour sa part, l’Initiative de la société civile (Isc) ne voit pas d’un bon œil la mise en place d’un nouveau gouvernement de transition, soulignant combien le moment serait mal choisi.
« Au lieu de tout chambarder avec l’installation d’un autre gouvernement de transition, il faudrait donner au gouvernement actuel la possibilité d’accompagner la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti », préconise-t-elle, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Ce type de changement de gouvernement n’a rien apporté au pays, selon le directeur exécutif de l’Initiative de la société civile, Rosny Desroches, encourageant à se pencher sur le déploiement de la Mmas.
Le mandat du gouvernement de facto devrait prendre fin après l’élection d’un président, des députés, sénateurs, magistrats communaux, soutient l’Initiative de la société civile.
La Caricom, le Binuh et les protagonistes politiques face à la crise
Du mercredi 8 au mardi 14 novembre 2023, le Groupe des personnalités éminentes de la Caricom séjourne de nouveau en Haïti, en vue d’un consensus politique qui permettrait de trouver une issue à la crise en Haïti.
Des partis politiques se disent favorables au maintien au pouvoir du premier ministre de facto Ariel Henry jusqu’à l’organisation d’élections dans le pays, alors que d’autres s’y opposent catégoriquement.
« Le seul chemin pour sortir d’une transition politique, ce sont des élections démocratiques, transparentes et participatives. On ne sort pas d’une transition par une nouvelle transition. Pour arriver à ces élections, il faut d’abord garantir la sécurité », a écrit Maria Isabel Salvador du Binuh, sur son compte ‘’X’’, le 7 novembre 2023.
« Il faut protéger et garantir le droit des femmes et des hommes en Haïti à élire et à être élus. Le peuple haïtien a le droit au vote, une fois que la situation sécuritaire soit garantie ».
« Ceux qui proposent une « nouvelle transition » s’éloignent des principes démocratiques et veulent imposer leurs intérêts individuels en oubliant les intérêts du peuple », a-t-elle poursuivi.
« Haïti a besoin de paix pour élire en démocratie ses autorités, établir l’état de droit et reconstruire les institutions nécessaires pour avancer vers le développement durable ».
La date du 7 février 2024 devrait être la fin de la période de transition avec le premier ministre de facto Ariel Henry, a déclaré la nouvelle coalition politique « Front uni pour une sortie de crise efficace et durable », dans un entretien à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
« L’article 20 de l’accord 21 décembre 2022, appelé Consensus national pour une transition inclusive et des élections transparentes, indique clairement que le pouvoir de transition du premier ministre de facto Ariel Henry prendra fin le 7 février 2024 », a rappelé le coordonnateur du regroupement de partis politiques dénommé Front uni, Canova Jean-Baptiste.
Le gouvernement de facto doit laisser sa place à un autre gouvernement de transition supporté par le peuple, ayant les compétences et les capacités pour faire face à la crise multidimensionnelle haïtienne, réclame le Front uni.
« L’accord de Montana a toujours souhaité un départ ordonné d’Ariel Henry. Selon l’accord du 21 décembre 2022, évoqué par Mirlande Hyppolite Manigat, Ariel Henry doit partir le 7 février 2024 », a souligné l’un des membres de l’accord de Montana, Patrick Joseph, joint par AlterPresse/AlterRadio.
Les signataires de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana, préconisent la mise en place d’un collège présidentiel de cinq membres, la formation d’un organe de contrôle et d’un gouvernement d’unité nationale avec, à sa tête, un premier ministre, dans l’objectif d’établir un pouvoir de transition consensuel. [je emb rc apr 13/11/2023 10:45]