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Rivière Massacre : Haïti appelle au calme, la République Dominicaine évoque son droit de patrouiller la frontière

P-au-P., 09 nov. 2023 [AlterPresse] --- Le Ministère des affaires étrangères et des cultes (Maec) lance un appel au calme et à la sérénité, suite aux événements du mardi 7 novembre 2023 survenus le long de la frontière haïtiano-dominicaine au niveau de Ouanaminthe (Nord-Est), sur la frontière commune avec Dajabón, dans un communiqué en date du 08 novembre 2023 dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Au cours de ces événements, « des militaires dominicains, secondés par des blindés et un hélicoptère, auraient, selon les observateurs, violé le territoire haïtien, apparemment en réaction à ce qu’ils considèrent comme une incursion haïtienne sur leur territoire », déclare prudemment le Maec.

Lors d’un entretien, le titulaire de facto du Maec, Jean Victor Généus, et son homologue dominicain Roberto Alvarez « se sont entendus de travailler pour calmer les tensions, afin d’éviter toute escalade, en attendant une solution satisfaisante et conforme au droit international », selon le communiqué.

Les événements du mardi 7 novembre 2023 ont engendré une vive tension dans la zone frontalière au niveau de Ouanaminthe et le mécontentement d’habitantes et d’habitants de Ouanaminthe, qui ont érigé des barricades de pneus usagés enflammés sur la frontière, en signe de protestation.

Le Maec a réitéré la volonté du gouvernement de facto de poursuivre le dialogue et la négociation avec la partie dominicaine.

Les forces armées de la République Dominicaine ont toute autorité pour patrouiller dans la zone frontalière, déclare le porte-parole de la présidence dominicaine, Homero Figueroa, dans un communiqué en date du 7 novembre 2023.

Figueroa accuse ouvertement un groupe de ressortissants haïtiens, qui serait entrés sur le territoire dominicain pour entraver la patrouille de véhicules, effectuée par les forces armées de la République Dominicaine sur l’autoroute du côté ouest de la clôture périphérique intelligente dans cette zone frontalière.

« L’action semble être due à un malentendu apparent de la part des citoyens haïtiens, concernant les frontières séparant les deux pays ».

Le gouvernement dominicain qualifie cette action de provocation, « dans le but de générer un conflit aux conséquences imprévisibles, qui ne fera qu’aggraver les relations entre les deux pays ».

La présidence de la République Dominicaine demande aux autorités haïtiennes de mettre fin immédiatement ces violations.

« A titre préventif et pour assurer la sécurité dans la zone », les forces armées dominicaines ont décidé d’augmenter le nombre de soldats et de patrouilles de véhicules dans la zone.

« Notre gouvernement remplira le mandat constitutionnel de préserver la souveraineté territoriale dominicaine ».

Le porte-parole de la présidence dominicaine, Homero Figueroa, a tenu à rappeler combien les événements du mardi 7 novembre 2023 se sont déroulés à proximité de la Pyramide 13, située sur la ligne frontalière qui sépare la République Dominicaine et la république d’Haïti.

« La pyramide 13 marque la frontière dans cette zone particulière, et le territoire de l’autoroute internationale, entre la clôture du périmètre et la pyramide 13, appartient à la République Dominicaine », avance Figueroa.

Le Collectif du 4 décembre 2013 demande aux autorités haïtiennes de garder fermées officiellement toutes les frontières d’Haïti avec la République Dominicaine, jusqu’à ce qu’une entente juste et équitable soit trouvée, « dans le calme et la sérénité », entre les deux pays, dans une note.

Cette recommandation du Collectif du 4 décembre 2013 fait suite à « la présence provocatrice, le mardi 7 novembre 2023, (sur la frontière Ouanaminthe/Dajabón), de soldats de l’armée dominicaine et d’hélicoptère militaire menaçant nos concitoyennes et concitoyens, qui travaillaient à la construction du canal destiné à l’irrigation de la plaine Maribahoux à Ouanaminthe » (Nord-Est d’Haïti).

Le regroupement en a profité pour dénoncer l’escalade d’agressions verbales et systématiques des autorités dominicaines contre Haïti, frisant une certaine xénophobie.

Le gouvernement dominicain a décidé de fermer unilatéralement, depuis le 15 septembre 2023, toutes les frontières avec Haïti, en réaction à la poursuite des travaux de construction d’un canal à Ouanaminthe, sur la rivière Massacre.

Environ un mois plus tard, la République Dominicaine a décidé de rouvrir partiellement, le mercredi 11 octobre 2023, ses frontières avec Haïti, à des fins commerciales.

Jusqu’au mercredi 8 novembre 2023, les points frontaliers du côté d’Haïti restent fermés. [emb rc apr 09/11/2023 10:15]