Plus de 2,400 personnes déplacées à cause des violences des gangs armés à Mariani depuis le mercredi 1er novembre 2023, selon l’Organisation internationale pour les migrations (Oim)
P-au-P., 08 nov. 2023 [AlterPresse] --- L’Association des propriétaires et chauffeurs d’Haïti (Apch) s’élève contre l’imposition continuelle, en toute impunité, depuis plusieurs années, par les gangs armés, de droits de passage en Haïti notamment dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, au vu et au su des autorités étatiques, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Les chauffeurs de transports publics connaissent des moments difficiles, en se faisant rançonner quotidiennement par ces bandits armés sur les routes nationales menant aux départements du grand sud et du grand Nord, fustige l’Apch.
Afin de se rendre à Mariani (dans la municipalité de Carrefour, à environ 13 km au sud de la capitale) ou au centre-ville de Port-au-Prince, ils doivent payer de l’argent à deux postes installés au niveau de Martissant par ces malfrats, rapporte le président de l’Apch, Méhu Changeux.
Les chauffeurs des bus, qui se rendent à Jacmel (Sud-Est), aux Cayes (Sud), à Jérémie (Grande Anse, une partie du Sud-Ouest d’Haïti) et dans les Nippes (autre partie du sud-Ouest) doivent verser une somme de 40 mille gourdes (Ndlr : US $ 1.00 = + 140.00 gourdes ; 1 euro = 143.00 gourdes ; 1 dollar canadien = 97.00 gourdes ; 1 peso dominicain = 2.40 gourdes aujourd’hui) pour les allers- retours.
A Canaan (au nord de la capitale), un chauffeur doit verser la somme de 10 mille gourdes aux bandits comme droit de passage.
Plus le trajet est lointain, plus le passage coûte cher, dénonce l’Apch.
L’Apch déplore l’insouciance des autorités face à cette pratique criminelle, instaurée par les gangs armés un peu partout à travers Haïti.
Les affrontements entre des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et des bandits armés, qui ont envahi la localité de Mariani, depuis le mercredi 1er novembre 2023, affectent les activités des chauffeurs de transports publics, qui fréquentent le sud de la capitale, Port-au-Prince.
Plusieurs chauffeurs sont contraints de dormir dans les rues de Carrefour, quand la situation de criminalité se détériore à Martissant.
Beaucoup, dont des pères de famille, sont aussi forcés d’observer une pause dans leurs activités, craignant d’être victimes lors de dérapages des bandits, confie l’Apch.
Martissant (au sud), Canaan, Morne à Cabris et Croix-des-Bouquets (au nord-est), Dondon (au nord), différentes communes dans le département de l’Artibonite, entre autres, sont les zones les plus difficiles d’accès pour les chauffeurs de transports publics, signale l’Apch.
Les actes de terreur des bandits armés paralysent bon nombre d’écoles, notamment à Carrefour Feuilles où des milliers de familles ont été soumises à l’horreur du gang de Gran Ravin, qui a fait environ une vingtaine de morts par balles.
Une situation de tensions, provoquées par des crépitements d’armes automatiques de gangs armés venus de Martissant, a entrainé la disparition du policier national Junior Berlus, de la 19e promotion de la Police nationale d’Haïti (Pnh), depuis le mercredi 1er novembre 2023.
Un nombre indéterminé de personnes auraient été blessées dans ces violences armées à Mariani.
Sous la menace de gangs armés, plusieurs familles ont été obligées de fuir Mariani et ses environs., selon plusieurs témoignages.
« En plus de pertes en vies humaines, les violences dans le quartier de Mariani ont provoqué un déplacement d’environ 507 ménages, comprenant 2,487 personnes, dont la plupart se sont dirigés vers la commune de Gressier (Ndlr : à plus de 20 km au sud de Port-au-Prince), précisément dans la 1re Section Morne à Bateau. Toutes les personnes déplacées se sont réfugiées auprès des familles d’accueil », selon un décompte de l’Organisation internationale pour les migrations (Oim). [je emb rc apr 08/11/2023 10:45]