P-au-P., 03 nov. 2023 [AlterPresse] --- Une situation de tensions, provoquées par des crépitements d’armes automatiques de gangs armés venus de Martissant (periphérie sud de Port-au-Prince, sous contrôle de gangs armés depuis le 1er juin 2021), règne depuis le mercredi 1er novembre 2023 dans la zone de Mariani et ses environs (dans la municipalité de Carrefour, à environ 13 km au sud de la capitale), selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
Le policier national Junior Berlus, de la 19e promotion de la Police nationale d’Haïti (Pnh) est porté disparu depuis mercredi 1er novembre 2023. Un nombre indéterminé de personnes auraient été blessées dans ces violences armées à Mariani.
Vendredi soir 3 novembre 2023, les tirs nourris d’armes continuent de retentir dans la zone, comme à Ti sous, Paloma, Gaston..., selon les témoignages recueillis par AlterPresse.
Des groupes armés s’affrontent pour le contrôle de territoires au sud de la capitale, Port-au-Prince.
Sous la menace de gangs armés, plusieurs familles commencent à fuir Mariani et ses environs.
A l’instar de ce qui est survenu le 31 août 2020 dans le vaste quartier de Bel Air (qui surplombe le Champ de Mars, vers le nord-est de Port-au-Prince) et dans plusieurs autres quartiers dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince, comme Carrefour Feuilles et dans de nombreuses villes en province, dont Source Matelas, le gouvernement de facto garde le silence sur l’expansion de la terreur des gangs armés.
La Pnh, de son côté, reste impuissante... devant les actes de barbarie des gangs armés.
Demandes renouvelées de garantir la sécurité de la population, y compris des policiers nationaux
Face à cette nouvelle recrudescence de gangs armés à Mariani, le Syndicat national des policiers haïtiens (Synapoha) demande au haut commandement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et au gouvernement de facto de prendre toutes les dispositions pour assurer la sécurité de la population, notamment des policiers qui continuent d’être victimes dans le pays, surtout dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.
De janvier à octobre 2023, 32 policiers nationaux ont été tués dans le contexte du climat de terreur instauré en toute impunité par les gangs armés en Haïti, selon un décompte du Synapoha, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
L’agente du Corps d’intervention et du maintien de l’ordre (Cimo), Maclise Badin, issue de la 30e promotion de la Police nationale d’Haïti (Pnh), et le policier national Fégens Félix ont été tués par balles, le week-end écoulé, a confirmé le Synapoha dans un tweet.
Maclise Badin a été abattue, le samedi 28 octobre 2023, à Morne Hercule (Pétionville, municipalité à l’est de la capitale), alors que Fégens Félix a été assassiné par des hommes armés dans la soirée du vendredi 27 octobre à Delmas 24, non loin de la rue Sylvio Cator.
Issu de la 28e promotion de la Police nationale d’Haïti (Pnh), Fégens Félix était suspendu en raison d’un dossier en cours au niveau de l’Inspection générale de Police nationale d’Haïti (IgPnh), selon le Synapoha.
Trois policiers nationaux ont été assassinés à Port-au-Prince en moins d’une semaine, condamne le Synapoha.
« Nous vivons dans un climat de criminalité, où les policiers nationaux sont principalement les cibles des bandits. Les autorités doivent assumer leurs responsabilités pour assurer l’ordre et la paix dans le pays », exige le coordonnateur général du Synapoha, Lionel Lazare.
Le problème de criminalité doit être résolu avant tout autre chose, estime le Synapoha.
Plus de 200 mille personnes déplacées dont 40 mille à Port-au-Prince depuis la mi-août 2023, selon le Pam
Plus de 200 mille personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers en Haïti, dont 40 mille dans la capitale, Port-au-Prince, depuis la mi-août 2023, à cause d’une recrudescence des violences des gangs armés, indique le Programme alimentaire mondial (Pam).
Cette situation a entraîné une exacerbation d’une crise humanitaire « déjà complexe, où près de la moitié du pays est confrontée à des niveaux aigus d’insécurité alimentaire », relève le Pam.
Au cours des deux derniers mois et demi, des centaines de civils, dont des femmes, des enfants, des personnes âgées et d’autres groupes vulnérables, ont été tués, lors d’affrontements armés entre des dizaines de groupes armés sur le territoire national.
Beaucoup de personnes déplacées se trouvent dans des conditions de vie inhumaines, sans accès aux services de base, dans des camps de fortune, alerte l’expert indépendant des Nations unies sur la situation des droits humains en Haïti, William O’Neill, au terme de sa deuxième visite officielle dans le pays, le mardi 31 juillet 2023.
William O’Neill fait état de témoignages effroyables d’enfants et de personnes âgées, qui dorment à même le sol, près de monticules de déchets et sans accès à l’eau potable ainsi que de femmes et de filles victimes de viols à répétition, sans accès aux soins.
L’expert onusien des droits humains exhorte l’État haïtien à prendre ses responsabilités, pour prévenir les violations et les abus des droits humains, mais aussi pour protéger sa population, en particulier les communautés les plus vulnérables. [emb rc apr 03/11/2023 21:20]