Español English French Kwéyol

Crise : Le déploiement de la Mmas, nécessaire pour soulager les souffrances en Haïti, estime l’expert indépendant des droits humains

P-au-P., 03 nov. 2023 [AlterPresse] --- Le déploiement imminent de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïtii, autorisé par le vote du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), le lundi 2 octobre 2023, dans des conditions strictes de respect et de protection des droits humains, est nécessaire pour soulager les souffrances de la population haïtienne.

L’expert indépendant de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur la situation des droits humains en Haïti, William O’Neill a fait cette déclaration, lors d’une conférence de presse au terme de sa visite à Port-au-Prince, le mardi 31 octobre 2023, à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.

« Je pense que la mission va venir très bientôt. J’espère que le Kenya trouvera la solution pour le déploiement de ses policiers en Haïti », reste convaincu William O’Neill, qui n’était pas en mesure de préciser de date pour le déploiement de la Mmas.

Cette Mmas devrait anticiper et prendre la mesure des défis actuels pour réussir son objectif sur le long-terme, estime O’Neill.

« Beaucoup de ces mesures doivent passer par un retour de la confiance de la population dans ses institutions ».

L’expert indépendant de l’Onu sur la situation des droits humains en Haïti a exprimé son optimisme sur le déploiement de cette mission multinationale en dépit de la décision, adoptée dans la matinée ce mardi 24 octobre 2023 par la Haute Cour du Kenya, de prolonger, jusqu’au jeudi 9 novembre 2023, l’interdiction d’envoyer des policiers kenyans en Haïti..

Cette décision de la Haute Cour du Kenya de prolonger le blocage du déploiement des troupes en Haïti, dans le cadre de la Mmas, est survenue à un moment où un rapport final, rendu public le 18 octobre 2023, par le groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur Haïti, cible des politiciens et hommes d’affaires comme principaux financeurs de gangs en Haïti.

Ce document d’experts de l’Onu révele combien l’ancien président Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016), l’ancien sénateur Youri Latortue, ex-président du sénat (2017 à 2018), l’ancien député Prophane Victor (2016 à 2020) et le directeur général du groupe Deka, Reynold Deeb, sont impliqués dans le financement des gangs armés en Haïti..

« Le Canada a imposé des sanctions à 25 personnes, tandis que les États-Unis l’ont fait pour 9 ressortissants haïtiens et ont refusé d’accorder un visa à de nombreux autres », lit-on dans ce rapport.

Les États membres doivent se montrer plus proactifs dans la lutte contre le commerce des armes, qui sèment le deuil dans les familles haïtiennes et qui déstabilisent le tissu social, économique et politique du pays, a, alors, plaidé l’ambassadeur d’Haïti à l’Onu, Antonio Rodrigue, qui dit attendre « la publication de la liste complète des principaux acteurs, liés à l’aggravation de la crise sécuritaire dans le pays ».

Pour des poursuites judiciaires contre les personnalités haïtiennes sanctionnées par l’Onu

« Le régime des sanctions internationales a lancé un signal fort pour démanteler les réseaux de corruption, qui gangrènent le pays. Il devra aussi être accompagné de poursuites judiciaires au niveau national pour mettre fin à l’impunité », préconise l’expert sur la situation des droits humains en Haïti, William O’Neill.

Il espère que les Nations unies partageront des preuves avec les autorités de la justice haïtienne, afin de favoriser des poursuites judiciaires contre toutes celles et tous ceux qui ont provoqué la situation de terreur dans laquelle se trouve le pays.

Il affirme réitérer son appel à la communauté internationale pour mettre fin au trafic illégal d’armes et de munitions en Haïti, qui continue de faire de nombreuses victimes chaque jour.

William O’Neill a salué le vote, le jeudi 19 octobre 2023, au Conseil de sécurité de l’Onu d’une résolution établissant « un régime de sanctions spécifiques, ciblant les chefs de gangs armés qui opèrent en Haïti et tous ceux qui les soutiennent », en finances et en armes.

Dans la lutte contre l’impunité et la corruption, il plaide pour la mise en application des codes de déontologie.

« Assurer la sécurité et la protection de la population est une priorité. Surmonter les lacunes institutionnelles et renforcer l’État de droit restent des prérequis fondamentaux pour un changement sur le long terme. Ne répétons pas les erreurs du passé ».

L’expert indépendant de l’Onu appelle au renforcement des institutions haïtiennes, dont la Police nationale d’Haïti (Pnh) qui, dit-il, devrait accélérer son processus de « vetting » de ses agentes et agents.

Il demande aussi au système judiciaire d’achever la certification de ses magistrats. [ppsf emb rc apr 03/11/2023 10:30]