P-au-P., 25 oct. 2023 [AlterPresse] --- Un nouveau gouvernement de transition avec le premier ministre de facto Ariel Henry pourrait hypothéquer les chances de succès de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, avertit le parti politique Mouvement patriotique populaire dessalinien (Mopod), dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.
Le parti politique Mopod intervenait sur la position du gouvernement du Canada ainsi que des dirigeantes et dirigeants de la Communauté des Caraïbes (Caricom), qui encouragent la mise en place d’un gouvernement de transition, apte à favoriser l’unité, afin de soutenir le rôle de la Mmas en Haïti.
Le gouvernement du Canada et la Caricom se sont exprimés ainsi à l’issue du premier sommet Canada-Caricom, qui s’est déroulé à Ottawa (Canada), du mardi 17 au jeudi 19 octobre 2023, autour du thème « Partenaires stratégiques pour un avenir résilient ».
« Le plaidoyer du Canada et de la Caricom est tout à fait compréhensible et logique. Cependant, un autre gouvernement de transition avec Ariel Henry n’aura aucun succès », met en garde le parti politique Mopod.
Si la Mmas est déployée sans accord global entre les protagonistes haïtiens, la majorité de la population ne va pas l’appuyer, déclare le coordonnateur du parti politique Mopod, l’ingénieur-agronome Jean André Victor.
Le déploiement d’une force étrangère n’est pas la vraie solution pour aider Haïti à sortir de cette crise multidimensionnelle, estime, pour sa part, le groupe des signataires de l’accord du 30 août 2021, dit accord de Montana.
Changer le mode de fonctionnement de la politique haïtienne constitue la meilleure façon de résoudre cette crise, analyse Patrick Joseph, porte-parole du Conseil national de transition (Cnt), fruit de l’accord de Montana.
La solution doit venir des Haïtiennes et Haïtiens et non de la dictée de la communauté internationale, ajoute-t-il.
Le gouvernement du Canada et la Caricom ont applaudi la résolution 2699 (2023) du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations Unies (Onu), adoptée le 2 octobre 2023, autorisant le déploiement de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.
Ils ont affirmé leur soutien plein et entier « au rôle clé de la Caricom et de son Groupe de personnalités éminentes (Gpe), en vue de faire progresser le dialogue politique et de permettre l’établissement d’une structure stable et représentative.
Le Binuh considère primordial de garantir le respect de la politique de diligence voulue, en matière de droits humains et de zéro exploitation et abus sexuels, ainsi qu’une vérification et une formation appropriées du personnel de la Mission multinationale d’appui à la sécurité.
« L’effet du soutien sécuritaire de la Mmas aura, sans aucun doute, un impact significatif sur les capacités judiciaires et pénitentiaires limitées ».
Dans un communiqué, l’organisation Avocats sans frontières Canada (Asfc) appelle à l’instauration préalable de mécanismes efficaces, destinés à prévenir et, le cas échéant, réparer d’éventuelles violations des droits humains qui pourraient être commises par la nouvelle Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti, pendant leur déploiement.
L’Asfc demande aux États, qui enverront des contingents armés en Haïti, de se conformer pleinement au droit international dans la poursuite de cet objectif.
Elle invite également la force multinationale à appuyer et à travailler avec la société civile, dont le rôle dans la construction de la paix est fondamental, afin d’assurer l’émergence et la pérennisation d’un climat, qui garantit le plein exercice des droits humains. [je emb rc apr 25/10/2023 11:15]
