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Crise : Cri d’alarme du Binuh et de l’Unicef face à la violence croissante des gangs armés en Haïti

P-au-P., 24 oct. 2023 [AlterPresse] --- Le Bureau intégré des Nations unies en Haïti (Binuh) et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) continuent d’alerter sur la violence croissante des gangs armés en Haïti, dans des déclarations faites le lundi 23 octobre 2023, devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Cette violence croissante des gangs armés « plonge la vie de la population haïtienne dans le désarroi », dans un contexte de détérioration de la situation sécuritaire dans le pays, condamne le Binuh, signalant une forte augmentation de crimes majeurs, atteignant de nouveaux records.

Le Binuh mentionne les meurtres, les violences sexuelles, y compris les viols collectifs et les mutilations, qui continuent d’être perpétrés en toute impunité, chaque jour, par les gangs armés.

Entre les 1er janvier et 9 septembre 2023, trois mille homicides, plus de 1,500 victimes d’enlèvements contre rançons et quelque 200 mille personnes déplacées, à cause des violences, ont été enregistrés en Haïti, selon un rapport des Nations unies.

Le mercredi 18 octobre 2023, le secrétaire général du Haut Conseil de transition (Hct), Anthony Virginie Saint-Pierre, a été enlevé, à Port-au-Prince, en plein jour par des membres d’un gang déguisés en policiers, condamne le Binuh.

Entre le 24 avril et le 30 septembre 2023, au moins 395 membres présumés de gangs ont été lynchés dans les dix départements d’Haïti par le mouvement d’autodéfense dit Bwa Kale, enregistre le Binuh.

Dans son exposé devant le Conseil de sécurité de l’Onu, la directrice générale (depuis le 1er février 2022) de l’Unicef, l’Américaine Catherine Russell (quatrième femme à diriger l’Unicef depuis sa création le 11 décembre 1946), a fait état d’environ 2 millions de personnes en Haïti vivant dans des zones contrôlées par des groupes armés, qui étendent leurs opérations.

« Des enfants sont blessés ou tués dans les tirs croisés, même sur le chemin de l’école. D’autres sont enrôlés de force dans des gangs ou les rejoignent par pur désespoir, tandis que les femmes et les jeunes filles sont confrontées à des niveaux extrêmes de violences sexistes et sexuelles ».

Elle en a profité pour dénoncer le viol collectif d’une fillette de 11 ans par trois hommes, qui l’avaient enlevée en 2022 alors qu’elle marchait dans la rue.

Dans l’après-midi du dimanche 15 octobre 2023, l’Unicef et ses partenaires ont pu libérer, après 3 jours, près de 60 enfants, qui ne pouvaient pas sortir de leur école salésienne, à Port-au-Prince, à cause de la violence des groupes armés.

Ces enfants ont été pris en otage pendant trois jours, à cause des affrontements des gangs armés à La Saline.

L’Unicef a, alors, exhorté les autorités haïtiennes à accorder une attention particulière à la protection des enfants, des femmes, des personnes handicapées et des autres groupes vulnérables.

La violence des gangs est favorisée par des « armes à feu sophistiquées » introduites illégalement en Haïti, fait savoir Gada Waly, cheffe de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (Onudc) devant le Conseil de sécurité de l’Onu.

L’Onudc appelle les autorités haïtiennes à prendre des mesures impératives, comme l’arrêt du flux d’armes à feu illicites en Haïti et l’établissement d’un cadre réglementaire solide pour les armes à feu, afin d’affirmer leur contrôle et de rétablir la normalité. [emb rc apr 24/10/2023 12:35]