P-au-P., 20 oct. 2023 [AlterPresse] --- Le droit à l’information et la désinformation à l’ère de l’intelligence artificielle ont été au cœur d’une causerie publique, organisée en ligne et en présentiel, à l’occasion du 22e anniversaire du Groupe Médialternatif (Gm), le vendredi 20 octobre 2023, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
La spécialiste en communication et relations publiques, Sheila Laplanche, a souligné le droit des personnes d’avoir accès à l’information, sans exclusion.
Elle déclare combien l’accès à l’information facilite la quête de vérité et l’épanouissement des personnes dans la société.
Laisser des pans de population sans informations, c’est les exclure, affirme-t-elle.
L’ambiance sensationnaliste, qui règne dans le milieu médiatique, devient une grande menace en Haïti, où on observe une circulation d’une masse d’informations sans valeur, releve le journaliste Gotson Pierre, coordonnateur du Gm,, qui participait à la causerie.
De telles informations, prises comme telles, sont susceptibles de contribuer à plus d’exclusion dans la société, soutient-il en appui à l’affirmation de Sheila Laplanche.
« Nous étions à une époque où sans informations nous pouvions être exclus. Mais, aujourd’hui, nous pouvons avoir tellement d’informations ou de pseudos informations que nous sommes exclus ».
Sheila Laplanche a énuméré plusieurs paramètres, qui faciliteraient le droit à l’information, comme la démocratisation des médias.
Cette démocratisation vient-elle avec plus d’informations de qualité et de transparence ? s’interroge-t-elle, profitant pour attirer l’attention sur l’importance de l’éducation aux médias face à la désinformation.
La désinformation va encore plus vite que l’information. Ceci constitue un grand danger pour la société, avertit-elle.
« La vulnérabilité des personnes face la désinformation est le biais de confirmation, consistant à privilégier nos idées préconçues au détriment de celles qui seraient en notre défaveur », explique-t-elle.
Dans le contexte de désinformation, le débat public perd, chaque jour, tout son charme, regrette Sheila Laplanche, suggérant de « fédérer un mouvement et de développer nos propres outils de détection de la désinformation ».
Pour sa part, le journaliste multimédia, Max Guybert Lyron, également expert en stratégie de communication, signale comment les réseaux sociaux, comme Facebook, alimentent l’utilisatrice et l’utilisateur de données en pistant ses activités sur le réseau.
L’utilisatrice et l’utilisateur deviendraient donc incapables de remettre en question ces données, auxquelles il est exposé en permanence, note Max Guybert Lyron.
Il y voit, d’une certaine manière, un obstacle au pluralisme, une polarisation des idéologies, « qui nous enferme dans une bulle ».
Désinformation et intelligence artificielle
Le journaliste multimédia Max Guybert Lyron a énuméré trois types de désinformation.
Il s’agit de la désinformation proprement dite, une information diffusée dans l’intention d’induire en erreur, la mésinformation quand on se trompe de bonne foi et l’information malveillante, c’est-à-dire une information vraie mais retirée de son contexte réel.
Il faut toujours recourir aux méthodes traditionnelles dans la vérification des faits, même si on se sert d’outils complémentaires de l’Intelligence artificielle (Ia) pour aller plus loin, recommande l’expert, qui répondait à une question d’un participant sur les outils de l’Ia qui pourraient permettre de lutter contre la désinformation.
Aujourd’hui, la technologie ne risque-t-elle pas de prendre le contrôle des êtres humains, se demande Gotson Pierre, insistant sur le fait que « l’Ia n’arrivera jamais à remplacer nos connaissances sensibles des contextes ».
Cette interrogation nécessite beaucoup de réflexions et un travail d’éducation aux médias, en vue d’une prise de conscience des citoyennes et citoyens leur permettant d’avoir la main mise sur les outils technologiques qu’elles/qu’ils utilisent, aux yeux de Gotson Pierre.
Face à l’invasion technologique, « l’humain a toujours la possibilité d’imposer son tempo », soutient-il, en reprenant les propos de la spécialiste en communication et relations publiques, Sheila Laplanche.
Opérant à partir d’une programmation qui génère une masse d’informations, l’intelligence artificielle n’est pas capable de prendre une décision consciente, fait remarquer Max Guybert Lyron.
« De plus en plus, on utilise les intelligences artificielles génératives pour produire des contenus. L’Ia peut nous assister pour générer le contenu et nous aider à le corriger au niveau syntaxique et grammatical, dans différentes langues », fait-il savoir.
L’Ia peut aussi aider à analyser des données, éditer un texte, résumer un texte long, ajoute-t-il.
« L’Ia est une révolution numérique nécessaire. Mais, au final, la société et l’humanité triompheront. Tôt au tard, on finira par trouver la porte de sortie et l’équilibre idéal va se retrouver avec le temps », espère Max Guybert Lyron.
Certes, il y aura certaines perturbations dans la pratique journalistique avec l’Ia, mais les principes fondamentaux du métier, resteront, considère-t-il, estimant combien, avec les encadrements nécessaires, un certain équilibre sera trouvé.
La causerie publique du vendredi 20 octobre 2023 a réuni l’équipe du Gm, ses collaboratrices et collaborateurs, et des internautes, autour de la réalisation du droit à l’information des citoyen.ne.s haitien.ne.s dans un environnement communicationnel et informationnel, marqué par l’utilisation de l’intelligence artificielle (Ia) et la propagation de la désinformation.
Fondée le 20 octobre 2001, le Gm, institution spécialisée dans la communication sociale et alternative en Haïti, promeut et défend le droit à la communication, en créant et en dynamisant des espaces alternatifs de communication au bénéfice des secteurs sociaux, en vue de favoriser leur participation à un processus de développement humain durable. [emb rc apr 20/10/2023 22:10]