Une navrante décision de l’Organisation des Nations unies (Onu) d’accepter la candidature de la République Dominicaine au Conseil des droits humains
Par Robert Paret Sr.
Transmis à AlterPresse le 20 octobre 2023
La société civile haïtienne, dans une pétition publique adressée au début du mois d’octobre 2023 aux Nations Unies, avait demandé une fin de non-recevoir au regard de la candidature de la République Dominicaine pour un siège au Conseil des droits humains des Nations Unies aux élections prévues le 10 octobre 2023.
Ladite demande est restée lettre morte [1], bien qu’elle s’inscrivît dans la même veine patriotique que le solide argumentaire, présenté peu de jours auparavant par l’avocat haïtien Me. Jodel Coupet.
Ces deux démarches n’ont eu nul écho auprès de l’Organisation des Nations unies (Onu) lors des élections. Le candidat contesté étant élu audit siège, il importe maintenant d’en tirer les conséquences et d’analyser les réelles motivations de la navrante décision des Nations unies.
Selon les observateurs attentifs à l’évolution des Droits humains et soucieux de la mise en œuvre des dispositifs y afférant à travers le monde, la nomination de la République Dominicaine risque de jeter l’opprobre sur cette importante Institution Mondiale. Nombreux sont ceux qui jugent que la République Dominicaine ne saurait mériter l’ honneur qui lui échet, après ses comportements racistes et xénophobes de plus en plus flagrantes à l’endroit des Haïtiennes et Haïtiens se trouvant sur son territoire.
Les remarques faites par Me. Coupet sont pleinement justifiées. Les cas de violations systématiques des droits humains par les instances gouvernementales, motivés par une politique à l’encontre des Noirs en général et des Haïtiens en particulier - que leur statut soit légal ou pas - sont monnaie courante.
Ce pays est contrôlé en grande partie par la Fuerza Nacional Progresista (Fnp) des ultranationalistes d’extrême droite, qui oriente à sa guise l’action de l’actuel gouvernement. Les péripéties, enregistrées dans la construction d’un canal de drainage, en territoire haïtien, à partir de la rivière Massacre, pour l’irrigation des terres agricoles de la zone, sont causées par ce parti politique. Sa doctrine étant basée sur une exaltation du sentiment anti-haïtien, de l’école primaire jusqu’à l’Université et dans toutes les strates de la population dominicaine.
Une telle politique fait de la république voisine un pays où s’ éteint progressivement le sentiment d’ humanité. Des crimes, voire des lynchages, à l’instar du Ku Klux Klan (KKK) américain, sont régulièrement enregistrés dans les milieux où résident des Haïtiennes et Haïtiens. Un organisme de droits humains dominicain n’a t-il pas rapporté récemment un infanticide, commis dans un hôpital de la capitale dominicaine sur quatre bébés haïtiens ? Avec le développement de plus en plus flagrant de l’anti-haïtianisme sur la terre dominicaine, d’ aucuns craignent que ne survienne un nouveau génocide semblable à celui de 1937, qui causa la mort de plus de vingt mille de nos compatriotes.
Ces considérations relatent sommairement le profil actuel du pays, dont le représentant vient d’être accueilli sans nulle réserve comme membre au sein du Conseil des droits humains des Nations Unies. Avec - par surcroît - la prétention de parvenir au rang de Président de cet organe de l’Organisation internationale.
Sans vouloir porter noise à la réputation du peuple dominicain lui-même, nous les Haïtiennes et Haïtiens prenons acte de cette décision inconsidérée, qui ne cadre nullement avec la rigueur qui devrait régir une institution aussi prestigieuse que l’Onu..
Si l’affront infligé à la Nation Haïtienne du fait de cette nomination inopportune et offensante ne peut trouver réparation, l’Histoire retiendra que Haïti aura été, une fois de plus, outragée à dessein. Mais que, en dépit de tout, elle est restée fidèle à ses principes d’honneur et de dignité.
Octobre 2023
[1] Ndlr : Le 10 octobre 2023, après le dépôt et le dépouillement des bulletins de vote, le Président de l’Assemblée générale, Dennis Francis, a annoncé que l’Albanie, le Brésil, la Bulgarie, le Burundi, la Chine, la Côte d’Ivoire, Cuba, la République dominicaine, la France, le Ghana, l’Indonésie, le Japon, le Koweït, le Malawi et les Pays-Bas avaient été élus au Conseil des droits humains de l’Onu, pour une durée de trois ans, à compter du 1er janvier 2024.