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Crise : Martelly, Latortue, Victor et Deeb, principaux financeurs de gangs en Haïti, selon un groupe d’experts de l’Onu

P-au-P., 19 oct. 2023 [AlterPresse] --- L’ancien président Joseph Michel Martelly (14 mai 2011 - 7 février 2016), l’ancien sénateur Youri Latortue, ex-président du sénat (2017 à 2018), l’ancien député Prophane Victor (2016 à 2020) et le directeur général du groupe Deka, Reynold Deeb, sont impliqués dans le financement des gangs armés en Haïti, indique le groupe d’experts de l’Organisation des Nations unies (Onu) sur Haïti [1], dans un rapport final rendu public le 18 octobre 2023 et transmis à l’agence en ligne AlterPresse.

Joseph Michel Martelly a financé les gangs de la Base 257, Village de Dieu, Ti Bwa et Gran Ravin, notamment en leur fournissant des fonds ou des armes à feu, révèle le groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Il souligne combien cet ancien chef d’État s’est servi de ces gangs pour étendre son influence dans les quartiers et faire avancer son agenda politique.

Ses actions ont contribué ainsi « à un héritage d’insécurité, dont les effets se font encore sentir aujourd’hui », condamne le groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Par l’intermédiaire des fondations ou des membres de sa garde rapprochée, Martelly a établi des relations et négocié avec d’autres gangs ou chefs de gangs, comme Arnel Joseph, ancien chef du gang de Village de Dieu, abattu le vendredi 26 février 2021 à l’Estère par la police, continue-t-il.

Arnel Joseph a déclaré qu’il s’entretenait régulièrement avec un intermédiaire, travaillant dans l’unité de protection rapprochée de Martelly, lequel intermédiaire lui donnait des armes à feu et d’importantes sommes d’argent, selon le rapport onusien.

« L’ancien président a remis à Tèt kale (ancien chef de Gran Ravin) un fusil Galil 5.56 mm appartenant à la police et un fusil de même type à Christ-roi Chéry (Krisla), chef du gang Ti Bwa. Après l’assassinat de Tet Kale, Renel Destina (Ti Lapli) a récupéré l’arme », a expliqué, dans une vidéo, Ti Lapli, l’un des chefs actuels de Gran Ravin.

L’ancien président haïtien Joseph Michel Martelly et deux anciens premiers ministres, Laurent Salvador Lamothe (16 mai 2012 - 14 décembre 2014) et Jean Henry Céant (17 septembre 2018 - 18 mars 2019), ont été sanctionnés en novembre 2022 par le Canada, pour leur financement des gangs en Haïti..


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Par ailleurs, l’ancien sénateur Youri Latortue « exerce un contrôle considérable sur la vie politique et économique du département de l’Artibonite, notamment par le recours à des gangs, comme Raboteau, qu’il finance et arme », souligne le groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Latortue a financé non seulement le gang kokorat san ras, un groupe extrêmement violent du département de l’Artibonite, en collusion avec Raboteau, mais a eu recours à des gangs pour assurer sa protection rapprochée et détruire des biens, ajoute-t-il, citant des sources confidentielles.

Dans une vidéo, le chef de gang Jimmy Chérizier, alias Barbecue, a déclaré que Latortue lui aurait remis 30,000.00 dollars.

Youri Latortue et le président du tiers restant du sénat d’alors, Joseph Lambert ont été sanctionnés en novembre 2022 par le Canada et les États-Unis pour aide aux gangs..

L’ancien député de Petite Rivière de l’Artibonite, dans le département de l’Artibonite, Prophane Victor, a fourni des armes à des jeunes de sa circonscription, en vue d’assurer son élection en 2016 et de contrôler la zone.

Ces jeunes, armés par le parlementaire, ont ensuite formé le gang Gran Grif, actuellement le plus important du département de l’Artibonite et principal responsable des violations des droits humains, y compris de violences sexuelles, toujours selon le rapport du groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Après s’être embrouillé avec ce gang, qu’il a soutenu jusqu’en 2020, Prophane Victor a décidé, par la suite, d’appuyer des gangs rivaux et des groupes d’autodéfense à Petite Rivière de l’Artibonite, indique le rapport onusien.

Prophane Victor fait l’objet de sanctions par le Canada depuis juin 2023 de même que l’ancien sénateur de l’Artibonite, Garcia Delva.

Reynold Deeb, important importateur de biens de consommation, a été aussi sanctionné par un État membre.

Reynold Deeb financerait des membres de gangs pour protéger son entreprise et assurer l’importation de ses marchandises, selon le groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Deeb aurait payé, en 2017, un chef de gang, afin de pouvoir mener ses activités dans l’un des principaux ports.

Il aurait aussi utilisé des membres de gangs pour faire pression sur certains douaniers du port, afin que ses conteneurs ne soient ni inspectés ni interceptés, dévoile le groupe d’experts de l’Onu sur Haïti.

Ces actions auraient permis à Reynold Deeb d’éviter certains droits d’importation.


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Le gouvernement du Canada a imposé des sanctions, le lundi 5 décembre 2022, contre Reynold Deeb, Gilbert Bigio et Sherif Abdallah, des membres très en vue de l’élite économique haïtienne.

Les sanctions, prises par les gouvernements du Canada et des États-Unis d’Amérique contre les personnalités de l’élite politique et économique en Haïti, visent à geler tout avoir qu’elles peuvent détenir dans ces pays et leur imposer une interdiction de voyager.

Le groupe d’experts recommande au comité du Conseil de sécurité des Nations unies, créé par la résolution 2653 (2022) concernant Haïti, d’encourager les États membres à soutenir le renforcement de l’intégrité et des capacités du système judiciaire, afin de mettre fin à l’impunité des personnes, qui menacent la paix et la sécurité en Haïti, notamment les gangs et leurs commanditaires, et des personnes impliquées dans le détournement de fonds publics. [emb rc apr 19/10/2023 12:00]


[1Le Groupe d’experts sur Haïti a été mandaté pour aider le Conseil de sécurité de l’Onu et son Comité sur Haïti à s’acquitter de leurs fonctions, notamment en fournissant des informations pertinentes pour la désignation éventuelle d’individus et d’entités, visés par une mesure de gel des avoirs et une interdiction de voyager pour les individus.