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Crise : Kelly Clédor Bastien appelle au sens de responsabilité face à la mission multinationale prévue en Haïti

P-au-P., 11 oct. 2023 [AlterPresse] --- L’ancien sénateur Kelly Clédor Bastien exhorte les Haïtiennes et Haïtiens, notamment celles et ceux au pouvoir, à faire preuve de vigilance et de sens de responsabilité en ce qui concerne la Mission multinationale d’appui à la sécurité en Haïti (Mmas) prévue pour être déployée dans le pays.

L’État haïtien doit surtout faire preuve de vigilance dans la mise en place des balises, pour éviter les violations des droits humains qui ont été commises par des membres d’anciennes missions déployées dans le pays, suggère-t-il, lors de sa participation à l’émission TiChèzBa sur AlterRadio 106.1 FM.

Il évoque les souvenirs malheureux de la Mission des Nations unies pour la stabilisation d’Haïti (Minustah), qui avait introduit, en 2010, le choléra en Haïti, une épidémie qui a causé la mort de milliers de personnes à travers le pays.

« Il ne faut pas attendre que le malheur arrive pour agir. Le Ministère de la santé publique et de la population doit exiger que les membres de la mission soient vaccinés contre certaines pathologies, afin de protéger les citoyennes et citoyens haïtiens », recommande Kelly Clédor Bastien.

L’ancien sénateur se dit être plus inquiet que soulagé, après le vote, le lundi 2 octobre 2023, de la résolution, rédigée par les États-Unis d’Amérique, autorisant le déploiement de la Mmas en Haïti pendant un an, pour aider à combattre les gangs armés et à rétablir la sécurité.

Toutefois, il affirme qu’il ne saurait s’opposer à une solution devant soulager le sort de ses compatriotes, compte tenu de la réalité des citoyennes et citoyens dans la zone métropolitaine de la capitale, Port-au-Prince.

« On ne peut pas continuer à mettre des pansements sur les plaies d’Haïti. Il faut trouver une solution définitive aux problèmes ».

« La prolifération des gangs armés et la généralisation du climat de terreur n’étaient-elles pas des actions planifiées pour nous amener à cet état de fait » ? se demande l’ancien président du sénat en Haïti.

Les différentes missions internationales, qui se sont succédé en Haïti, avaient la responsabilité d’aider le pays à construire une paix durable à travers le renforcement des institutions. Mais, rien de tout cela n’a été fait, déplore-t-il.

« Nous autres aussi, nous avons notre part de responsabilité, à cause de nos égos surdimensionnés, de notre incapacité à nous entendre sur aucune solution pour le bien commun », reconnait-il.

« La venue de cette nouvelle mission peut créer une certaine diversion, facilitant le déroulement des élections. Mais les gangs reviendront un peu plus tard avec leurs mêmes stratégies, pour déstabiliser le pays et soutirer de l’argent des politiques », avertit Kelly Clédor Bastien.

« Le problème est d’abord politique. On ne peut pas résoudre un problème politique avec des solutions militaires. Les problèmes de fond n’ont jamais été posés », avance-t-il.

« La moitié du budget annoncé pour le financement de la Mission multinationale aurait permis le renforcement de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et augmenter sa capacité d’intervention ».

Le problème des gangs n’est pas un problème national. Les grands foyers de gangs se trouvent dans l’Ouest et l’Artibonite, relève-t-il.

L’ancien sénateur de la république exprime son scepticisme par rapport à la capacité de la Mmas à réaliser un véritable désarmement dans les quartiers contrôlés par les gangs.

« Désarmement, s’il va y avoir, sera un processus maquillé », dit-il, soulignant combien « personne ne viendra exposer sa vie face à un problème qui n’est pas le sien ».

Profiter de la médiation de la Caricom

Par ailleurs, Kelly Clédor Bastien appelle les actrices et les acteurs politiques à profiter de la médiation de la Communauté des Caraïbes (Caricom), dans le cadre du processus de dialogue déjà en branle, pour une solution à la crise politique.

« Ce sont nos voisins. Nous pouvons nous inspirer de la situation de ces pays pour tenter de résoudre notre crise ».

Le fait de trouver un accord politique, grâce au soutien des émissaires de la Caricom, peut être doublement utile à Haïti, estime l’ancien sénateur.

« D’une part, cela peut nous aider à résoudre la crise politique et, d’autre part, peut nous permettre de trouver des débouchés et opportunités économiques pour résoudre, ne serait-ce que partiellement, des défis économiques et commerciaux auxquels est confronté le pays », analyse Kelly Clédor Bastien se référant aux derniers événements entre Haïti et la République Dominicaine.

« Avec les pays membres de la Caricom, nous pouvons aussi développer des partenariats dans les domaines de l’éducation et de la santé, entre autres », déclare l’ancien parlementaire.

Une délégation de la Caricom a séjourné à Port-au-Prince, du lundi 4 au 10 septembre 2023, dans la perspective de poursuivre les discussions avec les principaux protagonistes haïtiens, en vue de trouver une solution à la crise actuelle.

A ce sujet, des protagonistes ont aussi rencontré une délégation de la Caricom, en mission à Port-au-Prince, le 27 février 2023.

La décision d’envoyer la mission de la Caricom en Haïti a été prise lors de la 44e réunion ordinaire des chefs de gouvernement de la Caricom, qui s’est tenue du mercredi 15 au vendredi 17 février 2023, à Nassau, dans l’archipel des Bahamas.

Y ont été explorés des moyens, qui permettraient à la région des Caraïbes de continuer d’aider le peuple haïtien sur les plans politique, sécuritaire et humanitaire. [ppsf emb rc apr 11/10/2023 12:10]