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Crise/Rivière Massacre : Un bon momentum pour rebattre les cartes avec la République Dominicaine, selon la Chambre de commerce du Nord-Est d’Haïti

Plaidoyer pour un rééquilibrage du commerce avec l’État voisin

Ouanaminthe (Haïti)., 10 oct. 2023 [AlterPresse] --- La crise, liée à la construction d’un canal à Ouanaminthe (Nord-Est) sur la rivière Massacre, représente un bon momentum pour rebattre les cartes avec la République Dominicaine, estime le président de la Chambre de commerce, d’industrie et des professions du Nord-Est d’Haïti (Cci/Nord-Est), Albert Pierre-Paul Joseph, dans une interview accordée à la plateforme AlterPresse/AlterRadio.

Il faut entamer de sérieuses discussions avec la République Dominicaine sur les ressources partagées en eau, recommande la Cci/Nord-Est, qui appelle à un rééquilibrage du commerce avec l’État dominicain voisin.

Un terme doit être mis au commerce, à sen unique, qui ne profite qu’à la République Dominicaine.

La Cci/Nord-Est exhorte l’État haïtien à garantir la santé des Haïtiennes et Haïtiens par rapport aux produits de mauvaise qualité en provenance du pays voisin, comme les œufs.

Pour qu’un œuf soit de bonne qualité, il faut 46% de protéines, alors que celui de la République Dominicaine, qui pourrit facilement, en a 16%, fait remarquer la Cci/Nord-Est.

« La Colombie et le Mexique peuvent nous vendre des œufs de ferme, de bien meilleure qualité. L’État haïtien a permis à la République Dominicaine de faire d’Haïti sa province commerciale », déplore la Cci/Norrd-Est

L’écoulement en Haïti des produits dominicains, un problème de santé publique

« Les produits, notamment agro-alimentaires, que la République Dominicaine nous vend, sont de mauvaise qualité. Ils ne peuvent les vendre qu’en Haïti. Celle-ci devient le seul pays où la République Dominicaine peut écouler n’importe quel produit », critique la Chambre de commerce, d’industrie et des professions du Nord-Est d’Haïti, soulignant combien l’État haïtien n’exerce aucun contrôle pour garantir les intérêts des citoyennes et citoyens de son pays.

Plusieurs pays refusent maintenant d’acheter les produits dominicains, parce qu’ils contiennent des pesticides, révèle la Cci/Nord-Est.

L’aspersion des légumes par les Dominicains laisse des toxines sur ces produits, qui disparaissent après plusieurs jours, rapporte la Cci/Nord-Est, signalant combien aucun contrôle n’est exercé sur ces légumes toxiques, qui entrent en Haïti pour être consommés.

L’accumulation de ces toxines provoquent des pathologies rénales chez beaucoup d’Haïtiens, met en garde la Cci/Nord-Est.

La consommation des produits incontrôlés en provenance de la République Dominicaine expliquerait l’ampleur de cette pathologie en Haïti, obligeant de plus en plus d’Haïtiennes et d’Haïtiens à recourir à la dialyse (un processus artificiel d’élimination des résidus et des liquides en excès de l’organisme, ce processus étant nécessaire lorsque les reins ne fonctionnent pas correctement.)

A cause de leur bas niveau d’éducation, des Haïtiennes et Haïtiens achètent n’importe quel produit aux Dominicains, blâme la Chambre de commerce, d’industrie et des professions du Nord-Est d’Haïti.

« Nos maniocs, pois congo, avocats, ignames sont achetés, par voie de contrebande, par les Dominicains, qui vont les revendre très cher à des restaurants qui les cuisinent pour des touristes », fait savoir la Cci/Nord-Est, plaidant pour une régularisation du commerce avec la République Dominicaine.

Par ailleurs, la Cci/Nord-Est a profité pour exprimer son indignation après l’annonce, faite par le gouvernement dominicain, de rouvrir partiellement la frontière dominico-haïtienne pour le commerce de quelques produis agricoles.

La présidence dominicaine a annoncé l’établissement de corridors commerciaux provisoires, à compter du mercredi 11 octobre 2023, à 6:00 am (10:00 gmt), pour faciliter le commerce de produits dominicains essentiels, tels que la nourriture et les médicaments, en particulier pour les nourrissons.

Le vendredi 15 septembre 2023, en signe de protestation contre la poursuite des travaux de construction à Ouanaminthe d’un canal sur la rivière Massacre, le président dominicain Luis Abinader avait annoncé, de manière unilatérale, la fermeture de toute la frontière haïtienne-dominicaine (terrestre, maritime et aérienne).

La Chambre de commerce, d’industrie et des professions du Nord-Est d’Haïti « dénonce cette tentative de réduire (une autre fois) le pays à la capitale Port-au-Prince », en ignorant les entrepreneurs qui investissent au niveau des départements.

Elle s’élève contre l’absence de consultations du gouvernement de facto en Haïti, avec les chambres de commerce départementales, pour adresser les défis posés par les mesures dominicaines.

Plaidoyer pour un partage équitable des ressources hydriques binationales

Dans un communiqué, le gouvernement de facto de la république d’Haïti réclame un partage équitable des ressources hydriques binationales, en vue d’un dénouement convenable de la crise liée à la construction d’un canal à Ouanaminthe (Nord-Est) sur la rivière Massacre.

Ce dénouement devrait permettre la normalisation des relations entre les deux pays et de revenir à la circulation des personnes et des biens des deux côtés de l’Ile, comme c’était le cas avant la fermeture unilatérale le 15 septembre 2023, par les autorités dominicaines, de toute la frontière (terrestre, maritime et aérienne) avec Haïti, ajoute-t-il.

Les Haïtiennes et Haïtiens ont le droit inaliénable d’utiliser de façon équitable les ressources hydriques binationales, réaffirme le gouvernement de facto, tout en indiquant continuer à prendre des dispositions appropriées dans l’intérêt des Haïtiennes et des Haïtiens. [emb rc apr 10/10/2023 15:55]