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Crise : Suspension temporaire jusqu’au 24 octobre 2023 du déploiement de policiers kenyans en Haïti

P-au-P., 09 oct. 2023 [AlterPresse] --- La Haute Cour du Kenya décide de stopper, temporairement jusqu’au mardi 24 octobre 2023, le déploiement de policiers kenyans en Haïti, dans une ordonnance émise le lundi 09 octobre 2023, indique le journal kenyan The Standard consulté par l’agence en ligne AlterPresse.

L’ordre d’arrêt du déploiement, émis par le juge Chacha Mwita, fait suite à une pétition déposée par le parti Thirdway Alliance.

Cette ordonnance survient après que des pétitionnaires ont poursuivi en justice le président kenyan William Ruto, le secrétaire du cabinet chargé de l’intérieur et de l’administration du gouvernement national, le professeur Kithure Kindiki, l’inspecteur de police Japhet Koome, le président de l’Assemblée nationale Justin Muturi et le Conseil de sécurité nationale.

L’ordonnance interdit aux responsables du gouvernement kenyan, y compris le président et son ministre de l’intérieur, « de déployer des policiers en Haïti ou dans tout autre pays jusqu’au 24 octobre 2023 ».

« Il n’y a pas eu de réunion du cabinet et il n’y a pas eu de mémo/résolution du cabinet pour prouver que la procédure régulière avait été respectée », selon la pétition.

La Constitution de 2010 n’envisageait pas le déploiement de policiers kenyans dans des missions à l’extérieur du pays. Ce qui rend donc cette décision inconstitutionnelle, arguent les pétitionnaires.

Selon la Constitution kenyane, seules les forces de défense du Kenya peuvent être déployées en dehors du Kenya et la police ne peut fonctionner qu’à l’intérieur du pays, avancent-ils.

Selon la pétition, il existerait des doutes quant à savoir si la loi haïtienne autorise le déploiement de la police kenyane dans ce pays ainsi qu’un risque réel que le déploiement ait lieu sans respecter la loi et la Constitution.

En juillet 2023, le gouvernement kenyan a proposé de déployer 1,000 policiers en Haïti, dans le cadre du déploiement d’une force internationale pour lutter contre les gangs armés et rétablir la paix.

En ce sens, plusieurs pays ont aussi exprimé leur volonté de fournir leur soutien à la force multinationale.

Une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu) a été adoptée en date du lundi 02 octobre 2023, autorisant le déploiement d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti sous le commandement du Kenya, suite à une demande, le 7 octobre 2022, du gouvernement de facto.

Selon cette résolution, la mission multinationale doit fournir un appui opérationnel à la Police nationale d’Haïti (Pnh), notamment renforcer ses capacités par la planification et la conduite d’opérations communes d’appui à la sécurité.

Cette force s’emploiera « à lutter contre les bandes et à améliorer les conditions de sécurité dans le pays, où règnent enlèvements, violences sexuelles et fondées sur le genre, traite des personnes, trafic de migrants, contrebande d’armes, homicides, exécutions extrajudiciaires et recrutement d’enfants par des groupes armés et des réseaux criminels », indique la résolution adoptée avec 13 voix pour et deux abstentions (la Chine et la Fédération de Russie).

Le vote de cette résolution, intervenu dans un contexte marqué par une grave criminalité en Haïti, est qualifié « d’historique » par plusieurs pays membres, alors qu’ un goût amer persiste à propos des diverses missions étrangères déployées dans le pays durant les dernières décennies.

Entre les 1er janvier et 9 septembre 2023, trois mille homicides, plus de 1,500 victimes d’enlèvements contre rançons et quelque 200 mille personnes déplacées, à cause des violences, ont été enregistrées en Haïti, selon un rapport des Nations unies. [emb apr 09/10/2023 14:55]