P-au-P., 06 oct. 2023 [AlterPresse] --- La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) appelle à une sensibilisation internationale pour mettre en lumière les violations des droits des Haïtiennes et Haïtiens en République Dominicaine, dans une note dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
La sensibilisation internationale à cette question est aussi essentielle « « pour exercer une pression constante sur les autorités dominicaines, afin qu’elles mettent fin aux abus contre les migrantes et migrants haïtiens », souligne-t-elle.
La République Dominicaine est conviée à garantir la dignité des Haïtiennes et Haïtiens, de leurs descendantes et descendants sur son territoire.
Cet appel est lancé par la plateforme Garr, à l’occasion du 2 octobre 2023, 86e anniversaire du massacre de 1937 dirigé par l’État dominicain contre plus de 20 mille Haïtiens.
Entre 20 mille et 35 mille Haïtiens ont péri dans ce massacre qui a débuté, dans la nuit du 02 octobre 1937, sur ordre express du dictateur dominicain Rafael Leonidas Trujillo Molina (24 octobre 1891 - 30 mai 1961).
Jusqu’à présent, les migrantes et migrants haïtiens « sont persécutés, maltraités, sous-payés, exploités et sont l’objet d’attaques racistes et xénophobes en toute impunité, malgré les diverses condamnations des institutions internationales et des structures de la société civile, tant du côté haïtien que dominicain », condamne la plateforme Garr.
Elle relève combien, à l’heure actuelle, la résurgence et la montée du sentiment de haine envers les Haïtiennes et Haïtiens en terre voisine témoignent d’une occultation de l’horreur de 1937.
Cette situation empêcherait de débattre rationnellement autour des défis communs, auxquels sont confrontés les deux peuples, avance la plateforme Garr, estimant plus qu’urgent de raviver les mémoires autour du massacre de 1937 pour faire triompher la vérité autour du sujet.
Elle continue de déplorer aussi la dénationalisation de milliers de Dominicaines et Dominicains d’ascendance haïtienne en 2013, qui « n’est que pure expression de cette hostilité envers les Haïtiennes et Haïtiens ».
Le 23 septembre 2013, la Cour constitutionnelle dominicaine avait décidé de dénationaliser toutes les Dominicaines et tous les Dominicains d’origine étrangère, nés sur le sol dominicain à partir de 1929.
Ayant choisi de violer les règlements internationaux sur la question et même ses propres lois pour arriver à cette fin, la République Dominicaine « se permet de rendre rétroactive l’application du décret sur l’apatridie, quitte à violer le principe du « jus soli » au nom duquel la nationalité dominicaine a été accordée à ces personnes qui n’ont, pour la plupart, aucun lien avec Haïti », regrette la plateforme Garr.
Dans une note, l’organisation Amnesty international demande à la République Dominicaine de garantir le droit à la nationalité aux personnes d’ascendance haïtienne, à l’occasion du 10e anniversaire (23 septembre 203 - 23 septembre 2023) de l’Arrêt TC/168-13 du tribunal constitutionnel dominicain, qui avait dénationalisé des dizaines de milliers de personnes d’ascendance haïtienne.
Amnesty international exhorté de nouveau l’État dominicain « à rétablir la nationalité dominicaine de toutes les personnes nées en République Dominicaine avant le 26 janvier 2010, indépendamment de la situation de leurs parents, au regard de la législation en matière d’immigration ».
La plateforme Garr continue de plaider en faveur d’une culture de tolérance et de vivre ensemble entre les deux peuples de l’Ile.
Des travaux de construction à Ouanaminthe (Nord-Est d’Haïti) d’un canal sur la rivière Massacre ont soulevé la colère des autorités dominicaines, qui ont décidé unilatéralement de fermer toute la frontière haïtienne-dominicaine (terrestre, maritime et aérienne), depuis le vendredi 15 septembre 2023. [emb rc apr 06/10/2023 12:15]