P-au-P., 05 octobre 2023 [AlterPresse] --- Au lieu d’autoriser le déploiement d’une Mission multinationale d’appui à la sécurité (Mmas) en Haïti, l’Organisation des Nations unies (Onu) devrait plutôt contribuer à renforcer la Police nationale (Pnh) et les Forces armées d’Haïti (Fad’h) si elle voulait réellement aider à résoudre définitivement la crise sécuritaire.
C’est en ces termes qu’ont réagi le Bureau des avocats internationaux (Bai) et le Collectif du 4 décembre 2013, dans des interviews accordées à la plateforme AlterPresse/AlterRadio, après le vote, le 02 octobre 2023, de la résolution, par le Conseil de sécurité de l’Onu en faveur du déploiement de cette force multinationale en Haïti
« Notre position est claire. Nous sommes contre toutes les occupations étrangères sous n’importe quelle forme. Si l’Onu voulait aider Haïti, elle renforcerait nos forces de sécurité en matériels et formerait davantage nos policiers et militaires haïtiens », déclare le responsable du Bai, Me. Mario Joseph.
Le peuple haïtien n’oubliera jamais les souffrances qui lui ont été infligées par la Mission des Nations unies pour la stabilité en Haïti (Minustah) avec l’épidémie de choléra et autres violations de droits humains, rappelle le Bureau des avocats internationaux.
« L’Onu n’a rien communiqué concernant le dossier des Haïtiennes et Haïtiens victimes de choléra, de viols et de harcèlements pendant les 13 ans d’intervention de la Minustah (2004-2017) ».
L’intervention des Nations unies a été inefficace en Haïti. Elle n’a apporté aucune stabilité, fustige le Bai.
Le Bai s’attend au pire avec la résolution, votée le 2 octobre 2023, pour l’envoi d’une force non onusienne.
« Quelques pays décident d’aider Haïti et ils ont le feu vert. Et tout ça arrive à cause de l’insouciance de l’État haïtien et du laxisme des citoyennes et citoyens haïtiens, qui ne se sont pas révoltés comme il se doit contre le premier ministre de facto, Ariel Henry », déplore-t-il.
Si l’Etat haïtien était sérieux, il demanderait plutôt à l’Onu de réparer et de dédommager les victimes de toutes sortes, affirme-t-il.
La mission onusienne Minustah a été établie dans le pays, le 1er juin 2004, par une résolution du Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies (Onu), après le départ, en février 2004, de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide,
Elle a été accusée de piétiner les droits humains, de commettre plusieurs actes de viols sur les jeunes, de contribuer à l’apparition du kidnapping et du choléra en Haïti.
Le choléra a été introduit en Haïti à partir d’une base de casques bleus népalais dans une rivière, près de la ville de Mirebalais (Plateau central).
La maladie a causé, jusqu’en 2019, plus de 10,000 décès et plus de 820,000 infections.
Après avoir reconnu, en 2017, son implication dans la propagation de l’épidémie, l’Onu n’a, toutefois, versé aucune indemnisation aux victimes.
« Le déploiement d’une force multinationale sur le sol haïtien ne résoudra pas définitivement la crise sécuritaire, qui sévit dans le pays, notamment dans les départements de l’Ouest et de l’Artibonite », prévient, pour sa part, le coordonnateur du Collectif du 4 décembre 2013, Jean Robert Argant, joint par AlterPresse/AlterRadio.
« Ce sera une sécurité éphémère, sauf si l’État haïtien en profite ».
« Au lieu de demander à la communauté internationale de venir occuper le sol haïtien, nous aurions dû plutôt mettre ensemble toutes nos capacités pour renforcer la Pnh et les Fad’h », estime le Collectif du 4 décembre 2013.
« Je ne comprends pas pourquoi nous sommes obligés de passer par cette voie. La communauté internationale devrait aider Haïti à s’en sortir, mais pas en envoyant une force étrangère sur le sol haïtien », considère Jean Robert Argant.
Entre les 1er janvier et 9 septembre 2023, trois mille homicides, plus de 1,500 victimes d’enlèvements contre rançons et quelque 200 mille personnes déplacées, à cause des violences, ont été enregistrées en Haïti, selon un nouveau rapport des Nations unies. [je emb rc apr 05/10/2023 15:20]